Encore une fois, l'ami T-Ray tape dans le mille en me conseillant un album. Et là, point de Black Mélodique ou de Heavy Épique, non, il a osé me proposer du Metalcore. Et pas du Metalcore basique non, ici on a affaire à quelque chose de plus "léché". En effet, JESTRESS comporte en son sein quatre membres dont une violoniste, ce qui n'est pas commun. À la première écoute, je ne me serais jamais douté qu'il y avait un membre dédié sur cet instrument, moi qui pensais bêtement que c'était des lignes enregistrées via un PC ou un synthé.

JESTRESS donc, avec son artwork magnifique, va dérouler pendant 43 minutes un Metalcore pêchu et diablement mélodique. Pêchu grâce aux riffs de guitare qui tabassent et mélodique grâce déjà à l'alternance chant hurlé / chant clair de Daniel Fellner (une habitude dans les groupes de Metalcore) mais surtout grâce aux lignes de violon d'Antonia-Alexia Georgiew (qui a débuté tout de même dans le Berlin Symphony Orchestra). Et c'est vraiment cet instrument qui va colorer tout l'album et apporter des ambiances nouvelles à ce style si brut.

Prenons par exemple "Summits" qui démarre de façon très lourde avec une grosse guitare et du chant clair avant de totalement se métamorphoser sur le refrain avec la combinaison chant clair/violon qui fait mouche. Le violon permet également d'obtenir de superbes lignes orientales ("Refuse To Die" par exemple). Attention, si vous avez peur que le violon adoucisse la musique, ce n'est clairement pas le cas. Disons plutôt qu'il la colore surtout.

En terme de rythme, JESTRESS n'hésite pas à varier les tempi avec des parties un peu plus aériennes comme les couplets de "Summits", citée plus haut, ou comme l'énorme mid-tempo "Guide Me", véritable déflagration où l'on croirait d'ailleurs entendre Corey Taylor. En matière de mandales, JESTRESS saura vous combler et ce dès "Happy", le titre d'ouverture, qui vous démontera la nuque.

Pour schématiser vulgairement, on pourrait même parfois parler d'un croisement CHIMAIRA x MYRATH pour le mélange Metalcore/mélodies orientales comme par exemple sur les titres "Refuse To Die", "Virgins Into Addicts" ou "Bite My Lip" (on croirait vraiment entendre Mark Hunter). Les riffs sont basiques mais fonctionnent parfaitement et sont couplés à un énorme jeu de Chris Grabner derrière les fûts. Saluons également la prestation de Daniel Fellner qui est exemplaire même quand il est au point de rupture vocalement ("I Want To Believe" et "Refuse To Die"). Son chant est habité, transpire la hargne et quel bien cela nous fait !

Comme dit plus haut, la durée de l'opus est courte, mais pour un style comme le Metalcore c'est la durée idéale. Je ne ressens aucune lassitude à l'écoute de cet "Antinomy" et je trouve même qu'il s'améliore/se révèle au fil des écoutes. L'album est très agréable grâce, encore une fois, aux lignes de violon ajoutées très intelligemment. Je radote mais sans cet instrument, on ne serait pas face au même produit.

Vous l'aurez compris, cela aurait pu être un album démonte-nuque lambda et sans saveur et "Antinomy" est bien plus que cela. Si vous trouvez que le Metalcore n'était plus engageant, JESTRESS vous fera changer d'avis. Chapeau donc à ce groupe pour cet album, à la fois classique dans sa construction mais magnifié par le pari risqué de l'ajout du violon. Cet album est donc un réel coup de cœur et constitue un voyage musical de qualité, poignant et terriblement addictif.