Peut-on ajouter du violon dans de la musique Metal sans verser dans le satanique (vous l’avez ?) ni dans le symphonique ? Vous avez trente secondes pour répondre à cette question…
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JESTRESS est là pour vous prouver qu’il est possible de répondre par l’affirmative à cette question. Loin de basculer vers l’orchestral ni de se montrer anecdotique, l’ajout de l’instrument à une formule plutôt classique de Metalcore représente véritablement l’élément différenciant des Allemands, qui pondent par là-même leur premier LP, le bien-nommé "Antinomy". Pour une fois, l’archet ne relève pas d’une forme de cosmétique visant à créer des ambiances et prend au contraire toute sa place, à l’instar de ce que pourrait apporter une guitare lead. Il étire le son du groupe vers des univers d’ordinaires éloignés, et enrichit franchement les compositions de JESTRESS, y ajoutant des touches Folk oriental par moment ou par sa simple présence, se substituant aux licks ordinairement assurés à la gratte, de manière plus soyeuse.

Pour un premier essai, c’est incontestablement une belle réussite que voilà. Dans un genre de par trop balisé, le combo déboule avec cette originalité assumée, ainsi qu’une fraîcheur qui fait du bien à entendre. L’agression qui sied habituellement au genre n’est à aucun moment atténuée par l’usage des cordes, parfois pincées, qui apportent au contraire une sophistication bienvenue, à l’opposé des couches synthétiques si artificielles dont nous abreuvent les formations US.

Pour le reste, "Antinomy" démontre suffisamment de maîtrise des fondamentaux du genre pour que tout amateur s’y retrouve allègrement. Riffs syncopés, alternance de chanteurs plutôt bien sentie, breakdowns efficaces en quantité raisonnable, tous les ingrédients sont présents pour passer un bon moment à l’écoute de cet essai séminal. Si John entend Corey Taylor (SLIPKNOT), pour ma part, j’ai plutôt l’impression d’assister à une prestation de Matt Heafy (TRIVIUM) derrière le micro, dans l’intention qu’il mettait à ses tout débuts, pour mon plus grand plaisir. Et surtout… Surtout… JESTRESS nous épargne les chorus guimauves qui m’insupportent au plus haut point et prolifèrent de nos jours.

Il en résulte un album fort recommandable, contenant son lot de titres percutants ("Bite My Lip", "Refuse To Die", "Thorns") qui passeront allègrement l’épreuve du temps et d’écoutes répétées. Le crédit en revient également à une section rythmique qui, si elle ne révolutionne rien, ne faiblit à aucun moment et propose un relief appréciable à chacune de pistes. Ne manquent que quelques hooks véritablement mémorables, des morceaux de bravoure à partager lors des remises de prix de fin d’année. Ce n’est pas pour autant une raison suffisante pour bouder son plaisir et snober ces petits jeunes qui n’en veulent. À voir comment la chose passera l’épreuve du live, mais ils méritent sincèrement une chance d’y défendre "Antinomy", tant l’opus regorge de promesses pour l’avenir.

Note réelle : 3,5/5.