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HEAVY METAL  |  STUDIO

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2019 In Another Time
2023 Voyage
 

- Style : White Magician, Wytch Hazel, Tygers Of Pan Tang, Triumph, Iron Maiden, Blue Öyster Cult, Angel Witch
- Membre : Satan, Blind Fury, Pariah

TANITH - Voyage (2023)
Par DARK BEAGLE le 20 Mai 2023          Consultée 1784 fois

Quatre années se sont écoulées depuis "In Another Time" ; le confinement est passé par là, provoquant divers remous plus ou moins importants dans nos vies, mettant par la force des choses les musiciens à l'arrêt dans un premier temps. La formation a donc logiquement pris son temps pour donner un successeur à son premier effort studio et ainsi éviter la première vague d'albums post-Covid. Il faut dire que Russ Tippins était occupé avec SATAN, qui a sorti "Earth Infernal" l’année dernière, lui-même absent depuis une olympiade. Tippins ne se repose pas sur ses lauriers pour autant et revient en compagnie de son side project avec ce "Voyage" qui porte bien son nom.

Si le groupe a perdu Charles Newton en chemin, la formule Power Trio (1) fonctionne plutôt bien pour TANITH, qui continue à délivrer une musique à la frontière des genres, entre Hard Rock et Heavy Metal. La pochette fait encore une fois très rétro, dans le sillage d’illustrations dignes de Roger Dean, ses travaux pour URIAH HEEP par exemple. Cela pourrait être du Space Rock, du Prog, quelque chose de totalement hybride, alors qu’au final la formule est assez simple, ce qui rend la formation on ne peut plus sympathique.

On peut penser à ASHBURY quand on entend la guitare acoustique qui entame "Snow Tiger" et qui se retrouve très vite couplée à une autre, électrique cette fois-ci. Cela va être assez fugace, cela se répétera un peu plus tard sur l’album, mais ce n’est pas l’axe principal de ce disque. La musique de TANITH n’est pas forcément très complexe, mais la décrire avec les mots justes peut s’avérer être un exercice difficile. Comme souvent, tout est sujet à interprétation et celle que je vais vous proposer n’en est qu’une parmi d’autres, tirée d’un champ du possible assez vaste.

L’approche du groupe est plutôt simple. Entre Hard Rock plutôt Heavy et Heavy parfois un peu soft, les musiciens alignent des morceaux majoritairement mid tempo qui s’enflamment lors de soli souvent plus rapides, parfois bien mouvementés. Son truc, c’est surtout le partage du chant, entre Tippins et Cindy Maynard, qui tient également la basse. Et elle n’est pas là pour faire potiche, elle est très présente derrière le micro, seule ou en compagnie de Russ. Et ici, pas d’effet « beauty and the beast », les deux chantent d’une voix claire et bien souvent, complémentaire.

Dire que TANITH pratique un Heavy Metal épique peut paraÏtre incongru, même si certaines constructions instrumentales font qu’une ambiance se dégage, empreinte d’Heroic Fantasy. Mais ce sont les voix qui vont faire qu’une tension vient s’installer, qu’un décor se dresse, à mesure qu’une histoire nous est racontée, avec des phrases bien construites pour justement créer un relief, des intonations plus dramatiques qui vont se révéler bien accrocheuses. "Falling Wizard", "Olympus By Dawn" ou encore "Architects Of Time", ce dernier jouant beaucoup sur les chœurs, sont de très bons exemples de ce travail d'écriture soigné.

La densité vocale est l’élément-clé de la formation. C’est elle qui tire l’ensemble vers le haut, les riffs et les mélodies étant au final assez simples. Derrière, le travail de Keith Robinson n’est pas inintéressant, il construit des rythmiques solides tout en se montrant assez aériennes. Il n’est donc pas question de bourinage en règle ici, tout est question de subtilité et d’équilibre. Et si l’instrumental semble ne pas réinventer la poudre, il prend son ampleur quand les chanteurs se taisent et laissent la musique prendre le relais, de façon fluide sans toutefois être trop vindicatif. Ce n’est pas le propos de TANITH, Tippins laisse cela pour SATAN.

Et il faut bien en convenir, rendre la formule plus sèche ne rendrait pas service au groupe. Il est plus constructeur d’univers que conquérant et plus trouvère que guerrier. Et c’est ce qu’il faut pour avoir envie de visiter les différentes contrées qui nous sont présentées. On se laisse prendre au jeu d’un "Adrasteia" lumineux, on replonge avec délice dans l’opus précédent avec "Seven Moons", qui est la seconde partie de "Galantia", on se surprend à penser à du très bon DIO, voire du vieux RAINBOW sur un "Never Look Back" qui se tient bien.

Les morceaux sont relativement courts (ils dépassent rarement les cinq minutes), mais ils sont tellement prenants qu’on a parfois l’impression de se retrouver face à des pièces bien plus longues. Pourtant la musique n’est pas tortueuse, mais les musiciens ne pensent pas en termes de structures classiques, avec couplet/pont/refrain même si ces éléments sont présents. Mais ils sont agencés de façon différente, de manière à ce que l’on soit plus en mode « histoire » que « scénario » et ce "Voyage" se vit alors dans son intégralité, dans l’ordre choisi par la formation pour que l’expérience soit optimale.

Bien entendu, TANITH ne révolutionne en rien l’univers de la musique, encore moins celui du Heavy Metal. Russ Tippins est un très bon professionnel, qui nous amène là où il veut sans user d’artifices. C’est très classique dans le fond, un peu moins dans la forme et cela ne séduira pas forcément tout le monde. Trop rétro et/ou soft pour certains, pas assez direct… il est possible de trouver de nombreux défauts derrière ce "Voyage", comme on peut s’arrêter à ses points positifs et le prendre tel qui est et pénétrer dans un univers où l’onirisme tient une place importante.

Plus que jamais, TANITH apparaît comme le visage lumineux de Russ Tippins, qui signe là un album très savoureux et indispensable pour les amateurs de sonorités qui oscillent entre les années 70 et les 80, avec un véritable savoir-faire derrière. Quand on rentre dans ce "Voyage", il est impossible de s’ennuyer une seule seconde. Un disque remarquable à défaut d’être moderne, doté d’une production qui lui rend justice et qui saura séduire bon nombre de personnes, du moment que l’on prenne le temps de se pencher dessus, de l’écouter. Encore. Et encore. Pour se retrouver dans des mondes inconnus, fascinants et dangereux.


(1) Bien qu’un certain Andee Blacksugar ait enregistré des guitares additionnelles en tant que guest).

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   DARK BEAGLE

 
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- Russ Tippins (chant, guitare)
- Cindy Maynard (chant, basse)
- Keith Robinson (batterie)
- Andee Blacksugar (guitare - invité)


1. Snow Tiger
2. Falling Wizard
3. Olympus By Dawn
4. Architects Of Time
5. Adrasteia
6. Mother Of Exile
7. Seven Moons (galantia Pt 2)
8. Flame
9. Never Look Back



             



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