« Cher Papa Noël,

Je sais bien qu’il est encore un peu tôt pour t’écrire, mais tu vois, j’ai été très sage cette année. J’ai bien travaillé avec mes nouveaux copains de NIME, et ai pondu pas mal de chroniques, partageant avec nos lecteurs de jolies trouvailles tout en m’infligeant de belles bouses pour leur éviter d’avoir à le faire (ou au moins leur permettre de rester sur leurs gardes avant de marcher dedans). Alors, tu vois, je trouve que ça serait sympa que mes efforts soient récompensés en m’envoyant un petit signe d’encouragement à mi-parcours, même si j’imagine que tu as peut-être d’autres chats à fouetter en ce moment.

Bisous.
Kol »


« Mon petit Kol,

Évidemment que j’ai autre chose à foutre, espèce de petit branleur. Va donc piocher dans la Boite à Demandes et cesse de faire ta feignasse. Tu auras peut-être la main heureuse, qui sait ? Et maintenant, fous-moi la paix et laisse-moi finir ma Pina Colada. 70 000 tonnes de Metal m’attendent.

Papa Noël. »


Sacré Santa, toujours le mot pour déconner. Bon, du coup, je fouille, je fouille et je remonte donc de la crypte avec EYE OF THE ENEMY, qui nous est décrit par Iron comme du BE’LAKOR ++. Soit. BE’LAKOR, j’aime bien. Non pas que je sois ultra-fan, mais j’apprécie leur musique, même s’il me manque toujours un petit quelque-chose pour m’en amouracher totalement. Et puis Metal australien, ça me parle bien. Entre le Hard Rock old-school qui dépote et des versants plus extrêmes mais toujours catchy, j’ai régulièrement fait le plein en la matière. Il faut dire que les gars se frottent avec la fine fleur des prédateurs humains tous les jours sur leur île, donc question résilience, ils méritent le respect, nos amis Aussies.

Va donc pour EYE OF THE ENEMY, Iron, ta patience est récompensée pré-sen-te-ment. Et je me dois de vous remercier, Papa Noël et toi, car sans vous, je n’aurais probablement pas découvert "The Vengeance Paradox", second LP de la formation de Melbourne née en 2006. Un petit coup d’œil sur les internets pour me confirmer que je n’ai pas rêvé, mais c’est bien le cas : bientôt vingt ans de route pour un EP et trois LP, on ne peut pas dire que les gaillards soient des grands fans du studio. Ou alors qu’ils prennent leur temps pour parfaire leurs compositions, ce qui se défend également. Bref, cela vous situe l’album dans le temps et la discographie du combo, à mi-chemin donc peu ou prou.

Pour résumer celui-ci, disons qu’en effet, il sonne comme le fruit d’une heureuse copulation entre BE’LAKOR et LAMB OF GOD. Ouate ? "LE" LAMB OF GOD de Virginie, celui qui rase tout sur son passage de moissonneuse batteuse John Deere à grands coups de Groove insensé et de riffs dévastateurs ? Ben oui, Mônsieur, celui-là même. Et j’aurais tendance à dire que les gênes de Randy et sa bande sont même prédominants, à l’écoute de la galette, ce qui n’est pas pour me déplaire. Extrêmement déçu comme T-Ray par le dernier effort en date de l’Agneau de Dieu, c’est donc avec un réel plaisir que je me suis collé "The Vengeance Paradox" dans les feuilles, le petit sourire au coin des lèvres n’ayant pas quitté mon visage du long de ses dix pistes pour trente-six minutes au compteur. Ça déboite franchement, et ça fait un bien fou.

D’ailleurs, vous me permettrez un léger aparté (vous n’avez pas le choix de toute façon), mais je me suis souvent posé la question quant au terme Groove Metal. Coller LOG, MACHINE HEAD et PANTERA dans le même lexique me laisse perplexe. La définition de l’ami wiki étant globalement pertinente pour ceux que cela intéresse, ne pourrait-on pas parler de Post Thrash ? Il est vrai que Groove Metal sonne mieux, on est d’accord, mais dans ce cas, n’aurait-on pas pu trouver mieux pour d’autres et rendre le Post Grunge plus sexy ? Genre "Dirt Metal" ou autres ? Bref, je m’égare un peu sans doute, mais vous laisse méditer sur la chose.

Donc au menu de "The Vengeance Paradox", du riff en veux-tu en-voilà, une section rythmique qui envoie sévère, mais également des guitares leads élégantes, qui vont effectivement puiser aux sources du Melodeath pour donner une identité ma foi plutôt singulière à la musique de EYE OF THE ENEMY. Heureusement d’ailleurs qu’elles sont là, car les accusations de plagiat auraient fusé sans cela. Il est vrai que le chant de Julian Detar est vraiment proche de celui de Blythe (LOG). Étant plutôt amateur, ça ne me gêne pas du tout, d’autant que le résultat est ultra efficace, mais je peux comprendre ceux que cela dérange.

Sans totalement parvenir à faire la fusion des deux genres sur une seule chanson, certains titres étant plus Death Mélo (l’impeccable et très Göteborguien "The Shift" ou "The Justification") et d’autres plus Groove ("The Oath", toute en puissance, comme "The March"), EYE OF THE ENEMY parvient néanmoins à trouver un équilibre honorable sur l’ensemble du disque, pour peu que l’on soit client des deux genres, ce qui est fort heureusement mon cas. C’est donc sans scrupules que j’arrondirai ma note à la hausse, malgré un léger manque de personnalité intrinsèque, l’ensemble se montrant particulièrement efficace de la première à la dernière seconde.

Note réelle : 3,5/5.