En voilà un petit EP qu’il est bon et sympathique ! L’empire du soleil levant regorge véritablement d’une scène Metal injustement peu considérée par la communauté mondiale, faute d’exposition live probablement, les tournées des groupes japonais en Europe ou aux US étant plutôt sporadiques du fait de l’éloignement très certainement. Je n’ose imaginer qu’il en soit autrement, la condescendance n’ayant pas sa place ici. Si quelques formations émergent peu à peu (ENVY, MAXIMUM THE HORMONE ou encore SIGH pour ne citer que les plus connues, si l’on peut utiliser ce terme), ce n’est pas encore le cas de VIEW FROM THE SOYUZ, mais au vu de la qualité de cet "Immaculate", il n’est pas impossible que les choses soient amenées à changer dans un futur proche.

Second EP du combo tout récemment formé à Tokyo en 2021, le disque fait étalage d’un talent réel et d’une sincère envie de proposer un Metalcore à tendance Thrash et Melodeath qui fait plaisir à entendre. Démarrant dans le vif du sujet avec un instrumental bien lourd tout en ambiances SLAYEResques ("Chronostatis"), VIEW FROM THE SOYUZ riffe sévèrement sans jamais oublier de soigner ses mélodies, agressant à bon escient sans jamais forcer le trait de manière grossière, et surtout, surtout, nous épargne les refrains mielleux dont sont trop souvent coutumiers les protagonistes du genre.

Toutes les figures imposées du style sont ici respectées avec un profond respect, y compris les passages plus posés en mode Göteborg, les effusions de twin-guitares, les tapis de double-pédale sur lesquels s’envolent les descentes de manche. Il y a clairement du TRIVIUM dans ce croisement des courants musicaux, ce qui n’est pas pour me déplaire, loin de là. "Caligula" pourrait être issu de la discographie des Floridiens que personne n’y verrait que du feu (plutôt période "Ascendancy" d’ailleurs).

VIEW FROM THE SOYUZ démontre également une certaine justesse dans sa maîtrise des tempi, usant de breakdowns sans en abuser. Cette remarque s’étend d’ailleurs à l’ensemble des musiciens, qui savent clairement se servir de leurs instruments, ainsi qu’au songwriting, ménageant temps forts et respirations. Porté par une production moderne mais pas étouffante, "Immaculate" se déguste sans modération tout au long de ses vingt minutes, garanties sans chant clair et surpasse aisément une grande partie des réalisations d’artistes bien plus confirmés. D’autant que rien n’a été laissé au hasard, l’artwork, bien que classique, s’avérant d’une élégance soignée, dans la plus pure tradition avec son logo illisible et son serpent de mer défait. Un premier degré assumé qui fait du bien à papa.

Toutefois, malgré plusieurs écoutes, si le plaisir subsiste, les chansons ne sont pas vraiment mémorables et laisseront vraisemblablement vos nuits paisibles. Les compositions ne sont pas non plus franchement novatrices et laissent une légère impression de déjà-entendu, qui m’empêchent de pleinement crier au génie, ou même sans aller jusque-là, d’arrondir ce 3,5 à la hausse.

Le disque n’en reste pas moins un bon kiff régressif pour les amateurs du Metal moderne "extrême-mais-pas-trop" qui ne bouderont pas leur plaisir de découvrir de nouveaux artisans honnêtes dans leur démarche, à défaut de relever d’une réelle orfèvrerie. Les gamins s’en sortent franchement bien, suffisamment en tout cas pour me donner envie d’en découdre un jour avec un format plus long. Il sera alors temps pour VIEW FROM THE SOYUZ de travailler ses nuances et d’affirmer une personnalité plus marquée, les bases étant déjà suffisamment solides au niveau musical avec "Immaculate".

Note réelle : 3,5/5.