Loin de moi l’idée de vouloir propager une quelconque forme de cliché, mais pour qui s’est frotté à la culture nippone au-delà des séries Netflix et autres séries B, force est de reconnaître que le Respect (oui, avec un "R" majuscule) est l’une des valeurs fondamentales de la société japonaise. Il n’est donc pas étonnant que pour un premier disque, VIEW FROM THE SOYUZ ait abordé l’exercice avec une déférence sincère et réelle vis-à-vis de ses aînés. Premier EP du groupe, "In Misty Path" suit à la lettre les recommandations des grands anciens du Metalcore à tendance Melodeath (ou l’inverse). Quelque part entre AT THE GATES, HEAVEN SHALL BURN et TRIVIUM, le combo nous pond ici quatre chansons fortement inspirées des formations précitées, et plus particulièrement des Floridiens.

Les ingrédients qui ont fait le succès de Matt Heafy et sa bande sont ici repris avec application, qu’il s’agisse des twin-guitares, des rythmes tantôt saccadés, tantôt blastés, le chant hurlé authentique, et une écriture qui combine agression et mélodies. Sans pour autant donner l’impression de singer leurs idoles, il n’en reste pas moins la sensation d’avoir déjà entendu cela quelque part (et ce, plus d’une fois), d’autant qu’à ce jour, Nari et sa bande n’ont pas encore trouvé la recette ultime permettant de pondre des chorus qui s’impriment durablement dans les esprits.

Musicalement, l’ensemble tient franchement la route mais ne démontre pas non plus une grande créativité, notamment en ce qui concerne les grattes, relativement passe-partout et souffrant cruellement, là encore, de leads profondément originaux. C’est correctement exécuté, mais relativement peu inspiré. La section rythmique composée de Sima et Shunsuke me semble en revanche plus solide et mérite que l’on s’y intéresse, tant par les rythmes et les variations qu’ils parviennent à imprimer, donnant ainsi un relief certain à l’ensemble, même si les breakdowns s’avèrent anticipables à quinze kilomètres à la ronde.

En revanche, s’il est bien une chose que l’on ne saurait reprocher à VIEW FROM THE SOYUZ, c’est bien l’absence d’envie. La galette s’enchaîne pied au plancher, avec une réelle conviction de tous les instants, marquée notamment par le chant de Masa, qui, s’il peut manquer de profondeur par certains aspects, trahit une sincère volonté de tout casser de la première à la dernière minute de ce court EP (quinze minutes, all inclusive). Le frontman procure à l’ensemble une intégrité que nul ne saurait contester, conférant à "In Misty Path" un capital sympathie non négligeable, à défaut d’être mémorable. No clean singing, ici les amis, soyez rassurés !

Si l’album souffre clairement de lacunes techniques, d’une naïveté dans le songwriting ainsi que d’un déficit patent de personnalité, à aucun moment les aficionados du genre ne seront tentés de mettre fin de façon prématurée à l’écoute, au demeurant agréable. Il n’en reste pas moins que l’on est en droit d’attendre plus en 2021 d’un style ayant déjà été fortement poncé de part et d’autre, c’est pourquoi j’arrondirai, très sévèrement, mon 2,5 à la baisse.

Mais ce n’est pas pour autant une raison suffisante d’esquiver ce petit quart d’heure de baston, encore moins de rayer de la carte VIEW FROM THE SOYUZ. Gageons qu’avec un peu plus de bouteille et de travail, les Japonais pourraient bien tirer leur épingle du jeu et nous surprendre à l’avenir, car il y a bien un potentiel à creuser ici (le titre éponyme en étant une élégante démonstration), pour peu que ceux-ci parviennent à s’extraire d’un héritage qui semble pour l’instant trop lourd à porter.

Note réelle : 2,5/5.

Dewa Ogenki de !