Le Danemark, pays pauvre du Metal scandinave ? Ça se discute comme dirait Jean-Luc, mais en dehors de quelques groupes ayant franchement percé en dehors de leurs contrées, comme les légendes de MERCYFUL FATE ou plus récemment VOLBEAT, force est de constater que ce pays vit quelque peu dans l’ombre omniprésente de ses voisins suédois, norvégiens ou finlandais, notamment en ce qui concerne les genres les plus extrêmes. Mais j’ai une bonne nouvelle pour vous, chers lecteurs avides de nouveautés, car je vous ai dégoté une petite perle de Black atmosphérique, tendance Post Black, en la personne d’Ole Perdersen Luk. Car AFSKY rejoint en effet la tendance actuelle des one-man bands, chère à l’ami John Duff. Il semblerait même que je lui ai grillé la politesse sur ce coup-là, et je ne suis pas peu fier de mon coup !

Le projet est monté en 2015 et cet EP éponyme fait office d’acte de naissance. Œuvrant en parallèle au sein de SOLBRUD qu’il a fini par quitter l’année dernière après dix ans, Ole Luk nous propose un Black très riche en ambiances grisaille mais racées, lorgnant à l’occasion vers le Doom tout en y incorporant des très légères touches Folk sur certaines harmonies. Le mélange est parfaitement maîtrisé pour un premier essai, signe que le bonhomme avait quand même déjà quelques kilomètres au compteur lorsqu’il s’est lancé seul dans l’aventure.

Cette richesse est salvatrice pour moi, qui ne suis pas un trve amateur de Black. Si je me permets cette chronique malgré tout, c’est parce que je pense qu’AFSKY pourra séduire au-delà d’une base jusqu’au-boutiste, sans pour autant à un aucun moment se départir de son intégrité. Les quatre compositions constituant l’album sont très différentes et comportent chacune une approche bien distincte du genre, même si elles conservent une âme commune. Si les blasts inhérents au style sont bien présents, ils n’oppressent jamais, la part belle étant faite aux mélodies empruntes d’une profonde mélancolie, de celles qui bousculent.

Petit bijou du disque, "Et Sidste Farvel" ("une merveille à part" dans la langue de Molière) porte parfaitement son titre et varie les plaisirs, usant au mieux du trois-temps pour nous transporter via cette valse funèbre vers une autre dimension. Pour avoir rencontré et échangé avec Ole Luk après le concert donné en première partie de UADA récemment (désolé, Posi…), je peux vous confirmer son attachement à ce titre, qu’il considère comme sa composition la plus sincère.

Mais il serait franchement réducteur d’omettre les autres morceaux, qui officient dans la même veine, martelant les tympans pour mieux les caresser par la suite, prenant le temps qu’il est nécessaire pour extraire nos esprits, malades d’immédiateté et de sur-sollicitation, pour les élever vers un univers plus spirituel. Le très lent "Vinteren Bæres Ind" saura ainsi séduire Wën et ses apôtres tant il use de la lourdeur pour mieux poser les guitares, faites de dissonances, mais aussi de leads aériens ou de passages acoustiques du plus bel effet. Tout cela est de plus impeccablement produit, superbement équilibré entre modernité et tradition, évitant ainsi le piège de la surcompression qui anonymise grandement les sorties de nos jours tout comme celui des pères fondateurs, enregistrées au fond d’une cave humide sur un dictaphone acheté sur Finn.no.

AFSKY mérite franchement d’être découvert, et sans se montrer révolutionnaire dans son approche musicale, c’est sans aucun scrupule que j’arrondis mon 3,5/5 à la hausse, impatient de découvrir et de vous relater la suite de ses aventures sur un format plus long. Quoi qu’il en soit, cet EP constitue un apéritif de choix. En espérant que le reste du menu soit à l’avenant…