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2019 Étrange
2022 Énigme
 

- Style : Anthropia, Conscience, Superscream
 

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ÉTRANGE - Énigme (2022)
Par HAPLO le 19 Mars 2023          Consultée 1889 fois

Pauvre de moi ! Je ne suis qu’un minable petit affabulateur retors doublé d’un immonde carabistouilleur congénital ! Je ne respecte ni les Dieux du Metal pas plus que les gentils et fidèles lecteurs passionnés de NIME, et encore moins notre Grand Big Boss des kros, maître de la ligne Metallico-éditoriale qui va encore me le faire payer à grands coups de fouet ou d’écoutes forcées de tubes disco de seconde zone des années 80 (je me demande d’ailleurs ce qui me fait le plus souffrir…).

Car oui ; je l’avoue ici, je t’ai menti ô lecteur crédule, et forcément déçu, lorsque j’ai ignominieusement forgé de toute pièce la conclusion romantique, mais fallacieuse, de ma kro pourtant enjouée consacrée à ce très fréquentable premier-né éponyme pondu en 2019 par les deux sympathiques Frenchies et néanmoins talentueux sbires d’ÉTRANGE…

Car l"Étrange" d’ÉTRANGE contait alors l’Odyssée musico-spatiale d’un attachant petit module dotée d’une incontournable IA comme d’une carte interstellaire à jour et envoyée à la recherche d’une planète hospitalière par une humanité en phase d’expropriation de son caillou natal. Les loopings galactiques de ce sympathique petit éclaireur étaient alors illustrés par un ambitieux Metal Prog instrumental mêlant astucieusement le cinématique à l’onirique ainsi qu’un art consommé des variations mélodiques sur des cadences endiablées ou des lignes rythmiques tricotées au crochet… ÉTRANGE prouvant ainsi que le talent n’attend pas le nombre des années, ou même la quantité des musiciens, et encore moins des murs tapissés aux disques d’or pour se manifester ! Nos deux olibrius ayant en outre l’outrecuidance de réclamer une kro du Sublimissime Haplo… Et bien ils l’obtinrent !

Cette revue dithyrambique s’achevait ainsi sur mon rêve musical fantasmé d’un petit module ayant (enfin) déniché une exoplanète à l’environnement jugé hospitalier et adressant un message plein d’espoir à son humanité chérie… Mais il n’en était rien !

Car entretemps, nos amis Velhon (électronique générale) et Deadale (cordes à sauter et bombes de peinture), à l’image de leur renommée… ont bien grandi ! Interviews généreuses sans être complaisantes, chroniques unanimement positives saluant une œuvre tant accrocheuse qu’originale… Le petit ÉTRANGE devient grand et il est temps d’envisager un second chapitre ! "Énigme" paraît ainsi sur Terre le 1er septembre 2022 en reprenant le cours des pérégrinations musicales de notre petit héros artificiel qui, loin d’avoir découvert un nouvel Éden, part à la recherche d’un signal plutôt énigmatique (ceci expliquant cela…) capté par ses circuits et susceptible d’avoir comme origine son double dimensionnel, celui-ci ayant sans doute glissé sur une brèche du continuum spatio-temporel… Bref, un fond narratif coloré sur lequel vient se structurer la musique d’ÉTRANGE.

Tu fronces les sourcils et tu as raison ô lecteur abusé ! Justement, cette musique… Qu’en reste t’il face aux arides vents stellaires ? Toujours aussi créatifs et adroits de leurs multiples instruments, les duettistes d’ÉTRANGE nous abreuvent ici d’un Metal Prog touffu, aux sonorités amples et aux riffs tant chargés que mitraillants. À la fois compacte et véloce, leur musique enchaîne les boucles cavalcadantes tout en sachant épisodiquement offrir des des temps plus calmes galactiquement nappés ou encore capable de s’acoquiner avec des résonances plus exotiques aux déhanchements bienvenus. Le fil rouge en demeure une belle recherche mélodique, elle-même cerclée par les soli en embuscade d’un Deadale en pleine possession de ses moyens : ni trop discret, ni tapageur pour deux sous… Là aussi, le curseur est diablement bien placé ! Comme pour l’opus précédent, l’extrême variété instrumentale fait ici œuvre de baguette magique et autorise l’auditeur à oublier complètement une voix qui ne manque finalement à personne...

Ayant gagné leur pari d’un retour instrumentalo-qualitatif réussi, les Toulousains approfondissent même certaines pistes expérimentales effleurées (avec un certain succès il est vrai !) sur leur premier opus et remplissent pleinement ce gain de maturité : le magnifique "Möbius", fort de sa ligne de piano cristalline prolongée par sa rythmique puissante puis d’une ligne basse-batterie épurée et groovy à ravir, ou encore l’exotique et nuancé "Irradiance" aux sonorités très jazzy armé d’une basse justement placée en avant puis ornée de belles orchestrations, illustrent au mieux selon moi cette saine évolution. Pris dans leur élan créatif et leur tourbillon instrumental, nos deux loustics vont jusqu’à injecter de nets relents mélodico-épiques à une musique qui y gagne ainsi en variété mais aussi en puissance : la seconde partie de l’emblématique "Gemini" flatte ainsi les oreilles de l’amateur de saveurs exotiques comme de dérapages contrôlés.

Alors, au final, que peut t’on bien reprocher à ce second chapitre si bien bordé ? Pas grand-chose mon bon monsieur. En ce qui concerne le Maître Pinailleur grand cru qui rédige ces lignes, et quitte à passer pour un lourdingue obsessionnel, c’est une fois de plus la programmation de la batterie électronique (par ailleurs parfaite au niveau rendu son) qui me chafouine le plus : Dans la suite du trépidant morceau d’ouverture, l’ultra-rythmé "Nexus" délivre ainsi des séquences à des cadences ultra-luminiques qui paraissent tout simplement inaccessibles au commun des (batteurs) humains et que seul un alien schizophrène à douze appendices (six baguettes en haut et six pédales de grosse caisse en bas) branché à vif sur un câble haute tension serait capable de délivrer… Mais c’est vrai, nous sommes dans le domaine de l’imaginaire et de la science-fiction avec ÉTRANGE… Alors pourquoi ne pas tenter de se laisser porter ?

En dehors de cette remarque de lilliputien complexé, "Énigme" s’avère être une œuvre de très bonne facture à l’écoute tant captivante que rafraîchissante en ces temps troublés où l’on aurait tendance à n’investir que dans les valeurs sûres power-boostées et les grosses formations anglo-saxonnes bien formatées. Les amis Velhon et Deadale maîtrisent ici parfaitement leurs instruments ainsi que leur sujet : agressif sans être bourrin, mélodique sans tomber dans le gnan-gnan, varié sans pour autant s’éparpiller, ÉTRANGE parvient une fois de plus à bluffer son monde en créant une musique unique, immersive, et qui fait voyager… Que demander de plus ?

Dissimulé derrière un éboulis de l’astéroïde, j’observe le petit module ÉTRANGE qui tremble de tous ses boulons siliconés. Profitant d’une mise en veille prolongée, je suis parvenu à le rebooter en modifiant ses paramètres de cavalcades rythmiques que j’ai significativement abaissées… Son écran principal se rallume enfin pour afficher un très mérité 4/5 consacrant ce second chapitre qui nous permet de poursuivre cette belle aventure musicale galactique. À très bientôt j’espère pour le troisième opus !

- perfect ! "Möbius",
- pour le groove : "Irradiance",
- pour l’ouverture en fanfare : "Entity".

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   HAPLO

 
  N/A



- Velhon (claviers. programmation, mix, mastering,)
- Deadale (guitare, basse)


1. Entity
2. Nexus
3. Irradiance
4. Gemini
5. Möbius
6. Eclipse



             



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