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METAL INSTRUMENTAL  |  STUDIO

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2019 Étrange
2022 Énigme
 

- Style : Anthropia, Conscience, Superscream
 

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ÉTRANGE - Étrange (2019)
Par HAPLO le 26 Février 2020          Consultée 3251 fois

Comment, quand on est un ch’tit groupe de Frenchies évoluant dans le Metal Prog picturo-épique, parvenir à se faire entendre (ou plutôt écouter !) au sein d’une scène anglo-saxonne conquérante occupée par des monstres tels que HAKEN, CIRCUS MAXIMUS ou autres PAGAN’S MIND ? Velhon et Deadale, les deux compères d’ÉTRANGE semblent nous fournir un début de réponse : le culot et l’originalité…

Le culot, parce que pour la sortie de leur premier album éponyme en septembre 2019, ils n’ont pas hésité à frapper à toutes les portes comme à de nombreuses fenêtres : interviews sur les (web)médias locaux et nationaux spécialisés, comptes ouverts et écoutes disponibles auprès de l’ensemble des web-pourvoyeurs de musique en streaming… Jusqu’à l’envoi d’une petite proposition intéressée auprès de NIME appelant de leurs vœux l’insignifiant Haplo pour la rédaction d’une chronique ! N’écoutant que mon amour pour la musique métallique, ainsi que mon orgueil démesuré… Je m’y suis risqué !

L’originalité. Non contents d’être de parfaits inconnus, les deux compositeurs, musiciens et interprètes d’ÉTRANGE, tout en constituant un groupe à eux seuls (ce qui n’est déjà pas commun) ne se satisfont pas de sortir un album passe-partout, avec un chant qui nous parle d’amour, de papillons d’acier et autre quête intimiste… Non. Ils conçoivent un voyage exclusivement instrumental sur fond d’odyssée galactique ! "Étrange" retrace ainsi les pérégrinations d’un module spatial doté d’une intelligence artificielle, envoyé dans les étoiles à la recherche d’une solution salvatrice par une humanité agonisante… Choix risqué d’une niche instrumentale pour un style réputé comme déjà élitiste. Le décor de fond est peint et le cadre est suffisamment lâche pour que le talent musical de Vehlon et Deadale s’y exprime tout en laissant à l’auditeur la liberté d’y intégrer ses propres images et interprétations… C’est diablement ambitieux mais bien joué !

Minuscule graine d’espoir et d’intelligence algorithmique catapultée dans l’immensité de l’espace, notre petit module-crusoë va donc vivre et emmagasiner le film de son voyage et nous le faire partager… En musique !
Une musique qui se veut avant tout issue d’un Metal Progressif riche et structuré, armé d’ambiances tantôt épiques (l’intro digne d’EPICA puis la solennité du départ ressenti sur "Exile"), parfois contenant des relents électroniques (les réflexions en silicium de "Gateway") mais surtout des lames de fond métalliques, comme l’illustrent l’omniprésence ainsi que la variété des nombreuses lignes rythmiques soutenant et architecturant la totalité des sept titres de "Étrange".

Ainsi, forts d’une parfaite maîtrise instrumentale, elle-même calée sur une remarquable synchronisation propre aux structures très variées des compositions, nos deux créateurs y adjoignent généreusement des doses jazzy-groovy bien amenées et du plus bel effet ("Reloader" et dans une moindre mesure "Nebula"). C’est donc un Metal Prog dynamique et ambitieux, orienté vers l’abondance (les expériences captées par le module sont riches et intenses) que livre ÉTRANGE avec une musicalité très dense mais heureusement traversée çà et là de (saintes) respirations atmosphériques qui nous rappellent que l’espace c’est grand, c’est profond et qu’en plus c’est majestueux !

La symphonie du voyage se déploie au fil des épisodes instrumentaux, laissant libre cours à l’imagination et au ressenti de l’auditeur pour illustrer les péripéties ou les sentiments (je reste persuadé qu’il en exprime !) de ce petit bout d’humanité arpentant l’univers. Les soins apportés aux orchestrations ainsi qu’à la recherche mélodique en disent long sur le talent des compositeurs qui nous happent dans leur traînée et ses nombreuses circonvolutions. À titre personnel, j’ai tout particulièrement apprécié le cœur le plus sombre de cette quête avec des morceaux finement acérés qui me semblent les plus expressifs quant aux évènements / panoramas rencontrés par notre module. Je cite le magnifique "Astralis" au thème mélodique récurrent embelli par de multiples variations ; le nerveux "Nebula" aux lignes rythmiques massives tempérées par de subtiles passages plus groovy et enfin l’interrogeant "Gateway" dont les arpèges lointains répondent aux cliquetis électroniques de notre héros artificiel… Je te laisserai ô lecteur faire ton choix quand à la phase du voyage qui te parlera le mieux, te touchera le plus.

Un pari qui semble donc gagné pour nos deux doux-dingues frappeurs de portes, qui parviennent à l’aide d’une musique riche, virevoltante et ciselée, à produire un album foncièrement original, fortement recommandable et de plus inattendu. ÉTRANGE semble néanmoins pêcher par excès de zèle en offrant une livraison harmonique et rythmique particulièrement généreuse, ce qui réclame certaines conditions d’écoute et d’attention : je déconseille vivement le passage de "Étrange" en fond sonore pendant l’apéro du samedi soir quand les potes arrivent au compte-goutte et qu’on décapsule les binouzes en rigolant dans la cuisine… Vous voyez à quoi je fais allusion !
En outre, le zicos batteur qui sommeille en moi regrettera également l’absence d’un homologue en chair et en os derrière de bons vieux fûts acoustiques (même si la programmation reste irréprochable !), ce qui aurait humanisé un chouïa les compos et potentiellement allégé certains passages où l’on sent que l’ami Velhon s’est un tantinet laissé entraîner par la virtuosité qu’autorise l’informatique : ce n’est plus un batteur, c’est une pieuvre sous amphétamines ! Une petite surcharge pondérale qui risque de nuire au rêve et à l’imagination où nous entraîne pourtant le module… Mais ce n’est qu’un ressenti purement subjectif ; loin de gâcher l’écoute de la globalité de l’album.
Sorti de sa boîte à musique alors qu’on ne l’y attendait pas, ÉTRANGE réussit selon moi à s’ériger au niveau de groupes de Metal Prog hexagonaux talentueux comme ANTHROPIA ou encore les Rouennais de SUPERSCREAM (tous deux chroniqués sur NIME ben oui !).

Alors, quant à toi cher lecteur, blasé des grosses productions bien huilées (et parfois aussi bien formatées !) des omniprésentes formations Prog anglo-saxonnes, si tu cherches autour de toi du talent, de la poésie et du rêve, je t’invite à te laisser tenter par l’odyssée spatiale d’ÉTRANGE. Mais méfie toi ! Les images que tu colleras sur cette musique risquent de t’entraîner bien loin de ton point de départ...

C’est donc posé au milieu d’une clairière verdoyante sur une planète lointaine, après avoir réalisé toutes les analyses chimiques concluant à la possibilité d’une prochaine colonisation, que notre petit module "Étrange" envoie son tout dernier message, mettant ainsi fin à sa mission et par delà même à ses fonctions. Cette ultime transmission est la suivante : « planète vivable et accueillante. Note de 4/5 accordée : il n’y manque plus que votre humanité ».

- pour allier mélodie, grâce et légèreté : "Astralis"
- pour sentir la poussée de sortie d’atmosphère : "Exile"
- pour continuer à voyager: le reste de l’album...

Bonne route à ÉTRANGE !

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   HAPLO

 
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- Velhon (claviers, programmation)
- Deadale (guitare, basse)


1. Exile
2. Titan
3. Reloader
4. Astralis
5. Nebula
6. Gateway
7. Exoplanet



             



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