Cela fait bien longtemps que Martin Eriksson n'avait rien fait de significatif dans le milieu musical. Le batteur de MANINNYA BLADE n'a pas dépassé la confidentialité en jouant du Speed Metal. Néanmoins au cours des années 90, son goût pour des musiques variées va l'amener au sommet des charts sous le pseudonyme E-TYPE. Et oui, "Set The World On Fire" et "This Is The Way" c'est lui ! Pour toute personne de ma génération, et qui a grandi au son de l'Eurodance, E-TYPE ça faisait partie des incontournables, et j'ai personnellement toujours voulu un jour enregistrer une reprise du premier hit façon Power Metal Symphonique.

Le temps a passé, et depuis une dizaine d'années, Martin Eriksson cherche un moyen de rejouer du Metal, d'abord avec Marcus Jidell avec qui il écrit quelques titres plutôt orientés Doom, histoire d'honorer sa culture première ("Unleashed In The East" est l'une de ses premières références avec les compatriotes de CANDLEMASS), et il parvient ces dernières années, par sa rencontre avec Jona Tee (H.E.A.T.), à trouver le producteur idéal pour mettre en forme les cinq six chansons qu'il a écrites. Cela fonctionne tellement bien que Martin finit par écrire un album complet. Impressionné par RAMMSTEIN dont il envie les shows, il tente de créer avec DAMPF un projet qui a pour ambition d'allier les rythmes martiaux, les guitares lourdes (avec pour ambition d'approcher le son de guitare de WITCHERY et LEGION OF THE DAMNED) avec une sensibilité Pop qui en ferait quelque chose d'accrocheur.

Et c'est qu'il a su s'entourer le pépère. Car outre les musiciens assemblés en studio pour réaliser l'album, il a fait marcher son réseau pour attirer à lui certains vieux amis (Pontus Norgren d'HAMMERFALL notamment et Frederick Melander de BATHORY) mais aussi des amis d'amis, comme Johan Hegg ou Tommy Johansson (d'ailleurs c'est pas de la faute de ce dernier, mais l'un des trois titres auxquels il participe, "Goeie Mie" sonne très SABATON, manque plus que le chant de Joakim Brodén).

Le résultat c'est un album sacrément bien écrit, aux transitions soignées, aux arrangements travaillés et étrangement plutôt actuels, prouvant que tant Jona Tee que Martin Eriksson ont su s'adapter à leur temps. La mise en son assez massive sans exagérer, a cette teinte synthétique qui me rappelle un peu les albums de DEATHSTARS et PAIN. On y retrouve d'ailleurs cet alliage de vocaux masculins, de chœurs féminins, et d'alternance de registres, avec quelques refrains particulièrement bien troussés ("Winterland", "Who Am I?").

Soyons honnêtes, si je n'avais pas appris que Martin E-Type Eriksson était derrière ce projet au patronyme plutôt étrange – DAMPF – je n'aurais sans doute hélas jamais posé une oreille sur ce disque. Et j'avoue que "The Arrival" est loin d'être parfait, avec des tempi qui manquent de variété, et des mélodies, surtout sur les refrains, qui ont un peu tendance à se ressembler (pas tant que ça au final, c'est plutôt le chant de Martin Eriksson, souvent chargé d'intentions similaires, qui a tendance à homogénéiser le tout). Les amateurs de Metal Indus aux relents poppy y trouveront leur compte, et les jadis adeptes de DEATHSTARS, ou des projets de Peter Tägtgren (LINDEMANN et PAIN) se sentiront à la maison. Difficile de faire la fine bouche, tout cela est fort bien troussé, les refrains sont entêtants, avec ce parfum années 90 palpable, ce qui ne veut pas dire qu'il faut surévaluer cette incartade foncièrement Metal de la part d'un artiste qui a cartonné dans un genre différent.