Peut-on aimer l’œuvre de Céline, malgré le fait que le personnage était gerbant ? Oui.
Peut-on apprécier Ted NUGENT même si avec l’essor d’internet le Nuge a pris de plus en plus la parole et on a découvert un connard fasciste, débile et révisionniste sur l’Histoire de son pays et du monde ! Oui, malgré tout ça, on peut toujours apprécier son discours… musical.
Mais bon entre les anciens qui nous ont quitté et ceux qui fleurent bon l’EHPAD il serait bon que la relève se pointe.

Jared James NICHOLS fait partie de cette relève (c’est comme le port salut c'est marqué sur l’album" Wild Revival") : une sorte de croisement hybride entre Leslie "MOUNTAIN" West ("Crazy") et Ted Nugent millésimé 70s ("Can You Feel It?" ou "Haywire") en plus vivant que le premier et en bien plus cool humainement que le second !
Après même si notre ami a son identité, il creuse un sillon bien marqué par ses glorieux aînés. Ici on parle de Blues Rock/Hard Blues joué en power trio (comme HENDRIX et SRV). Nichols se chargeant de la guitare et du chant comme ceux précédemment cité. Ce qui fait que comme eux-mêmes s’il va ponctuer ses morceaux de juteux solos, toute Fuzz dehors, ceux-ci se doivent de rester musicaux. En étant le seul guitariste et sans support de claviers, les grands délires de dix minutes en roue libre sont interdits… et c’est tant mieux. Pour aider son propos notre ami a comme producteur le tandem Warren Huart/Eddie Kramer (Oui, Le Kramer de Hendrix entre autres) ! Sa présence n’est pas forcément toujours gage de super qualité mais dans le genre ça pose quand même le truc !

Pour les méga Geeks on peut préciser de Nichols joue aux doigts mais franchement même si ça s’entend un peu ce n’est au final qu’un gimmick qui ne saute pas tant que ça aux oreilles ! Bien qu’il soit, rapidement, passé par la prestigieuse Berkley de Boston, il préfère le feeling à la technicité pure et ses solos sont bien plus livrés avec un gros supplément d’âme qu’avec tablatures ! "Let You Go" dégouline de ce feeling 70s, ici mâtiné d’effluves Southern du meilleur goût ! Quand on parle de Southern on peut évoquer "Sometimes" qui fait un clin d’œil à BLACKFOOT ou aux tauliers du genre : SKYNYRD (dont Jared a fait la première partie). La cohésion basse-batterie est aussi très présente et le côté soudé du trio fait avancer l’ensemble en mode rouleau compresseur ("Blackfoot").

Du fait de la petite équipe on a aussi droit à de vraies interactions entre eux : la basse et la guitare se répondant de belle manière comme sur "Can You Feel It?". Comme tout fan de Classic Rock, Nichols développe plusieurs climats (tout n’est pas en mode « in your face ») et ne néglige pas les balades. Ici nous en retrouvons trois ainsi qu’un Blues de Robert JOHNSON ("Come On In My Kitchen"). Parmi les balades on peut retenir surtout la jolie ("Now Or Never") tout dobro dehors et "All Your Pain", que n’auraient pas renié les frères Robinson d’Atlanta ! Pour la cover de JOHNSON, bien sûr passer après les ALLMAN ou CLAPTON est un vrai défi ! Loin de dépasser ces sommets inatteignables notre ami ne s’en sort pas si mal, en accentuant le côté bien roots !

Les derniers titres sont aussi très intéressants : plus pêchus que les versions studio, plus animales, elles ne sont pas non plus grevées comme souvent dans les glorieuses 70s de solos à rallonge qui font perdre le fil ! On apprend autant des réussites que des erreurs de ses aînés !
En résumé un bien bel album qui s'il ne révolutionne rien, amène un bon vent de frais sur la scène actuelle.

Morceaux préférés : "Crazy", "Can You Feel It?", "Haywire", "Now Or Never", "Playin’ For Keeps" et "Sometimes".