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2019 Artificial Void
2022 Gold
 

- Style : Animals As Leaders, Shattered Skies, Valis Ablaze, Tesseract, Monuments
 

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UNPROCESSED - Gold (2022)
Par HAPLO le 12 Janvier 2023          Consultée 725 fois

La vie, c’est le mouvement !

En matière artistique, et plus précisément pour le genre musical qui nous intéresse sur NIME, je reste persuadé que l’évolution, le mouvement savamment dosé, reste pour un combo la voie unique de demeurer vivant et par-delà même attractif dans son art… Seulement voilà, changer c’est risquer, avec toutes les combinaisons de gamelles chromées potentielles qui menacent ! Les exemples ne manquent malheureusement pas de gadins mémorables quand une formation en perte de vitesse, ou qui se sent simplement menacée par l’oubli, se lance dans une fuite en avant, le plus souvent en adhérant illico aux sons à la mode, pour finalement ne plus être reconnue par des fans abasourdis et des auditeurs lambda qui ricanent de cette pantalonnade. Le Metal a ses codes et ses puristes ; trop s’en éloigner garanti le découragement des troupes des plus fidèles sans pour autant gagner à sa cause de nouveaux adorateurs.

En outre, se poser ce genre de problématique quand on évolue déjà dans une niche musicale telle que peut l’être un Metal Prog technique cadencé sur une base de Djent et corseté par un chant hargneux de Metalcore, peut amener à des expérimentations audacieuses mais intégrant un (très) fort pourcentage de risque, même pour de jeunes prodiges comme le sont les membres de UNPROCESSED.

C’est que ce quintet allemand (qui au passage a perdu son troisième guitariste sur l’album que nous explorons aujourd’hui) étonne et surprend dans son art depuis ses débuts en 2013-2014 à proximité de Wiesbaden. Le combo est même parvenu, au travers de ses trois albums studio et d’un EP, à se forger une signature artistique qui lui est propre, mêlant intelligemment une virtuosité instrumentale millimétrée à des riffs logiquement sous-accordés et arc-boutés sur une base rythmique au cadencement djentique infernal, le tout saupoudré d’effets électroniques ou de gimmicks popisants venant alléger ce socle quelque peu mécanique. La voix adolescente et faussement traînante d’un Manuel Gardner Fernandes passant sans prévenir dans des hurlements dignes d’un Grand Sbire de Death Metal ce qui permet à UNPROCESSED d’acquérir une noirceur ainsi qu’une épaisseur assez surprenantes pour ces jeunes olibrius au look de gentils lycéens adhérant à l’assos’ de sport et que t’es pas vraiment inquiet quand ta gamine t’en ramène un à la maison…

Comme tu l’auras sans doute déjà lu dans ma kro relative à leur précédent album ("Artificial Void" – 2019), ô lecteur consciencieux, la superposition de couches propres à des styles metalliques différents est déjà en soi un beau travail d’équilibriste, d’autant plus quant on y intègre des effets Pop Électro même dans une proportion très raisonnable. Tout le talent, et du coup l’originalité fondamentale de UNPROCESSED, étant de se les approprier pour en sortir un son unique, immédiatement identifiable, une signature à laquelle on peut ne pas immédiatement succomber mais qui parvient vaille que vaille à séduire, forte de son énergie et de sa belle musicalité. C’est, à mon niveau, ce qui ressortait des écoutes successives de ce millésime 2019. Et je n’ai manifestement pas été le seul ! Du coup, nos petits Allemands se retrouvent à tourner avec leurs mentors tels que TESSERACT, ANIMALS AS LEADERS ou les Ukrainiens de JINJER… Ce qui leur a semble t’il permis d’ouvrir un certain nombre de chakras… pour vouloir aller de l’avant dans l’évolution de leur musique.

Paru le 12 août 2022, "Gold", généreusement doté de pas moins de seize pistes pour près d’une heure de musique, semble correspondre à l’aboutissement de ce pèlerinage artistique : Les lignes de UNPROCESSED ont sensiblement bougé. Et manifestement, la musique du jeune (désormais) quartet en ressort transformée. L’ouverture du joli papier jaune d’or envahissant la pochette de "Gold" permet de découvrir qu’UNPROCESSED, tout en restant (lointainement) fidèle à ses racines, a méchamment modifié les dosages des différentes éprouvettes stylistiques utilisées jusqu’à maintenant : les rythmiques déliées aux arpèges rapides sont toujours là ; la basse ultra-dynamique d’un David Levy est également au rendez-vous, sans oublier la frappe mitrailleusement mécanico-dansante du remarquable Leon Pfeifer qui fait, une fois de plus des merveilles… Mais pour le reste : Pas pareil !

Les Allemands glissent en effet très ostensiblement vers une Pop-Électro bourrée d’effets tant instrumentaux que stylistiques qui, telle une baignoire dans laquelle on aurait renversé une dose très abusive de bain moussant, se met à remplir la salle de bain avec des grappes de mousse rose et parfumée au point que l’on pense être cerné par le Blob (*) ! De son côté, le jeune Manuel Gardner Fernandes va jusqu’à adopter des intonations dignes d’un Justin Bieber tentant de faire pleurer son cheptel de pré-adolescentes hurleuses, à grand renfort d’effets électroniques, de réverb, ou d’une voix volontairement orientée vers les sirènes rose bonbon de la K-Pop…
C’est ainsi qu’UNPROCESSED nous offre un beau panier garni de titres barbe-à-papa comme l’insipide "Mint" et ses sonorités larmoyantes singeant le RnB, le complètement transparent "Snake" à la voix trafiquée digne d’un scooter volé, l’indolore "Velvet" fleurtant avec une Pop-guimauve à faire fondre en transe ma petite nièce qui est en sixième, l’ultra-simplex "Scorpio" qui se traîne durant 3’50 et qui nous laisse tomber quand ça commence à devenir intéressant, sans oublier le sans saveur "Fabulist" avé sa jolie boîte à rythmes !

Et pourtant… Et pourtant nos jeunes zé talentueux musiciens d’outre Rhin ne renient pas leurs racines metalliques pour autant, même s'ils les mettent très sérieusement en sourdine. çà et là émergent, de manière assez courte il est vrai, de belles séquences bien nerveuses et ultra-rythmées comme seuls les kids de Wiesbaden savaient nous en pondre sur leurs opus précédents. Même dotés d’effets, ces passages plus forts et compressés font un bien indescriptible dans cet océan de caramel mou et de papillons rose : Qu’il s’agisse du nerveux et rythmé "The Longing", seul titre à voix hurlée, du plus nuancé mais non moins attrayant "Dinner" aux belles variations sur huit-cordes, du rentre-dedans "The Game" où l’on retrouve enfin nos p’tits metalleux ou encore du riche et baroque "Berlin", aux relents Techno-Indus qui fleurent bon l’ambiance tonitruante et chargée d’ecstasy d’une soirée sous-terraine… UNPROCESSED montre toute l’étendue de son savoir-faire et de sa maîtrise technique, même si en l’occurrence ceux-ci nous font amèrement regretter que ces éléments soient ici réduits au minimum. Une frustration d’autant plus forte que ce talent ne perce que trop rarement sur les seize pistes d’un "Gold" qui s’avère au final bien (trop) long car noyé dans des orientations bien lointaines de nos terres d’origine !

Comme me le rappellent régulièrement par leurs sévices le Grand Maître du Metal et son laquais Nostrum, le Gobelin en Chef, je pense être un kroniqueur nimien a l’esprit foutrement ouvert. Il n’en demeure pas moins qu’avec cette confiserie Pop-synthétisante acidulée aux très vagues relents metalliques, nos Teutons d’habitude inspirés, ont ici placé le curseur bien trop haut pour emporter mon adhésion : "Gold" peut ainsi être considéré comme un bon album de musique tendance mais est-ce encore du Metal ? Perso, je ne le crois pas. UNPROCESSED peut être salué pour son désir d’expérimentation et son travail de composition, mais je n’arrive pas à aimer ni à ressentir ce résultat musical. Plouf donc !

Affalé dans mon fauteuil de manager en mâchouillant mon cigare éteint, je contemple les nombreux girls group et boys band qui font la queue leu-leu pour l’audition que j’organise aujourd’hui… Ils se ressemblent tous ! Dans ma poche, je tripote machinalement le dernier CD "Gold" d’un drôle de combo… UNPROCESSED qu’ils s’appellent. Z’ont des rythmes et des effets sympas mais partent ponctuellement dans des délires qui me rappellent mes vieux disques de Metal… Bizarre ce truc ! S'ils se présentaient aujourd’hui, je leur mettrais un bon 2/5 bien tassé !

- pour le chant hurlé : "The Longing",
- pour la délivrance : "The Game",
- pour oublier : "Velvet".

(*) Illustrissime nanar de la fin des années 50 dans lequel le jeune Steve McQueen fait ses débuts et où il doit affronter une entité extraterrestre rose, gélatineuse, et… agressive ! Le Blob quoi...

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   HAPLO

 
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- Manuel Gardner Fernandes (chant, guitare)
- Chris Schultz (guitare)
- David Levy (basse, synthés)
- Leon Pfeifer (batterie)


1. Rain
2. Redwine
3. The Longing
4. Orange Grove
5. Mint
6. Snake
7. Closer
8. Velvet
9. Scorpio
10. Dinner
11. The Game
12. Ocean
13. Fabulist
14. Portrait
15. Berlin
16. Gold



             



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