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Frank CARTER & THE RATTLESNAKES - Sticky (2021)
Par KOL le 14 Décembre 2022          Consultée 735 fois

Il réside dans la démarche artistique une certaine forme de tragédie. L’une des plus ultimes qui soit, à vrai dire. Plus les auteurs vont mal, plus leurs œuvres tutoient des sommets inaccessibles en état de sobriété. Qu’il s’agisse de drogues, d’alcoolisme, de dépression, il s’agit là d’un fil rouge incontestable, quel que soit l’expression choisie. Baudelaire, Verlaine, Van Gogh, Warhol, ou pour revenir à des contemporains plus proches de nous musicalement parlant, METALLICA (surnommés ALCOHOLICA à la grande époque) en premier lieu. Matthew Bellamy, grand orchestrateur de MUSE, expliquait ainsi avoir conçu "Origin of Symmetry", pièce angulaire de leur discographie, sous champignons hallucinogènes et être totalement incapable de réécrire de telles pièces. Frank CARTER n’échappe bien évidemment pas à la règle.

Suite à un profond breakdown l’ayant conduit au bord du précipice, l’ancien coreux nous pond en 2019 un "End Of Suffering" de toute beauté, à des années-lumières de ses racines extrêmes, plantant ainsi une flèche enflammée dans notre petit cœur de métalleux. Il y partage sans filtre ni pudeur son mal-être sincère, quitte à teinter cet album d’une dimension testamentaire, tant les issues semblent incertaines pour le bonhomme.

Quand à peine deux ans plus tard débarque "Sticky", c’est déjà un soulagement de savoir le rouquin en vie et debout, prêt à en découdre avec sa fanbase, de plus en plus large. Sa renommée grandissante, sans doute liée à une musique plus accessible pour le commun des mortels et à des prestations toujours aussi intenses en live, place la barre des attentes à un niveau élevé pour ce quatrième album avec les RATTLESNAKES. Porté par une force intérieure rare, Frank est sorti du trou et va beaucoup mieux. Tant mieux pour lui, malheureusement ce sera également tant pis pour nous : l’album est une franche déception.

Si la haine a depuis longtemps maintenant quitté la musique du combo, la maîtrise de l’opus précédent allié à sa viscérale et cathartique sincérité lui conféraient une dimension quasi-culte. Ici, vous ne trouverez ni l’un ni l’autre. De bons titres de Rock Alternatif s’enchaînent sans déplaisir durant une petite demi-heure. Rien n’est radicalement mauvais sur la galette, ne vous méprenez pas, mais l’intensité est au rendez-vous absent. Il faut que Joe Talbot (IDLES) vienne faire un featuring bien incisif sur "My Town" pour nous rappeler cette odeur crasseuse de Pub anglais et enfin nous filer quelques frissons. Il est d’ailleurs paradoxal pour un gars comme CARTER de devoir faire appel à un ami pour raviver la flamme.

D’ailleurs, le titre suivant "Go Get A Tattoo" donne l’impression d’un Frank enfin réveillé, invitant chacun à aller défoncer sa TV et d’aller se faire tatouer dans son shop à Londres, ouvert à l’aube de la pandémie mondiale. Bon concentré d’énergie, l’enchaînement des deux morceaux fait espérer le meilleur pour la suite. Raté, le reste du disque n’est qu’un enchaînement de chansons banales, marquées par un manque cruel d’inspiration. L’ambition des RATTLESNAKES était de faire danser le monde sur "Sticky". Soit, mais dans cet esprit, je préfère mille fois le "Typhoon" de ROYAL BLOOD, virage à 180° aussi, mais assumé et pour le coup abouti.

Globalement, il faut malgré tout reconnaître que les basses et les arrangements de production sont réussis, ça groove plutôt pas mal, même sur les pistes fadasses ("Off With His Head", "Cobra Queen"). Mais les guitares sont totalement noyées dans le mix, ce qui est étonnant quand on sait que Dean Richardson (aka Deano pour les intimes), le gratteux, est également derrière la console. Il semble avoir été plus intéressé par le triturage des sons plutôt que son taf principal. La production insiste sur cette ligne synthétique ouverte deux ans plus tôt, la présence de claviers étant plus marquée encore, pour un rendu de moins en moins brut. C’est un peu malheureux, car les musiciens ne sont pas des manchots et Carter ne cesse de progresser au chant, quand bien même celui-ci serait de plus en plus mainstream.

Le tout se termine sur "Rat Race" et "Original Sin", deux pistes tout juste correctes à l’image de cet opus, là où les Anglais avaient pourtant pris l’habitude de savoir conclure en beauté. Le songwriting s’est fait la malle sur "Sticky" en même temps que la dépression, c’est à la fois triste et rassurant. Triste car la chute est brutale en comparaison de l’essai précédent. Rassurant car, par une obscure forme de sorcellerie, Frank CARTER & THE RATTLESNAKES reste un groupe hors-norme sur scène, et parvient à transcender ses compositions, électrisant son public comme peu savent le faire, tout en conservant une spontanéité qui fait plaisir à voir.

Malgré tout, comme il s’agit là d’une chronique de disque, on ne peut que se montrer sévère et reconnaître l’échec. Une petite sortie de route pour mieux rebondir ensuite ? Qui sait…

Note réelle : 2,5/5, ramené à 2 tant la déception est patente.

Meilleurs titres : "Cupid’s Arrow", "My Town", "Go Get A Tattoo".

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- Frank Carter (chant)
- Dean Richardson (guitare)
- Gareth Grover (batterie)
- Tom 'tank' Barclay (basse)


1. Sticky
2. Cupid's Arrow
3. Bang Bang (featuring Lynks)
4. Take It To The Brink
5. My Town (featuring Joe Talbot)
6. Go Get A Tattoo (featuring Lynks)
7. Off With His Head (featuring Cassyette)
8. Cobra Queen
9. Rat Race
10. Original Sin (featuring Bobby Gillespie)



             



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