Ozzy, notre cher double O a toujours eu le nez creux en matière de guitaristes. Après avoir permis au talent de Randy Rhoads d’éclore à la face du monde, il a ensuite mis en lumière les grands six cordistes que sont : Brad Gillis, Jake E. Lee, Zakk, Joe Holmes et le dernier en date le grec Gus G. (de son vrai nom Kostas Karamitroudis).

Le fameux Gus a dû vivre un rêve éveillé, lui qui est passé d’un combo de seconde zone (FIREWIND) aux stades du monde entier et aux couvertures des magazines de guitare les plus influents de la planète. Oui mais voilà, Ozzy varie et après huit années de bons et loyaux services (et un album plus que passable) le gentil Gus est remercié. Aucune haine entre les deux, semblerait-il (pas comme avec Jake), ce renvoi ayant été amical.
De fait, notre ami retourne d'où il vient, mais auréolé du prestige d’être passé dans l’équipe Osbourne.

Après avoir relancé plus fortement FIREWIND (qui ne s’était jamais arrêté), il continue de sortir des albums solo. Celui-ci est le quatrième, mais c’est aussi le premier à être intégralement instrumental.
A la différence de Gillis, qui, lors de ses escapades en solo, essaye de faire étalage de sa maitrise de plusieurs styles, ou de Zakk qui entre "Pride And Glory", "Book Of Shadows" ou BLS, tape à plusieurs endroits (de l’Americana au gros Hard qui tâche), Gus lui a choisi un style uniforme : le Heavy Metal !

Qui dit style uniforme, dit risque d’enfermement et c’est justement l’écueil sur lequel va s’échouer notre sympathique grec.
FIREWIND, évolue dans la catégorie Heavy Metal, avec un son que ne renierait pas PRIMAL FEAR par exemple. Et c’est ce son, d’une finesse rare, qui est celui choisi pour "Quantum Leap". Si pour certains titres c’est sympa, à la longue c’est épuisant. Pas de respiration, et notre ami a dû oublier que son ampli avait un son clair !

Qu’est ce qui fait qu’on parle encore de Satch ou Vai quand on aborde la question d’albums instrumentaux ? La qualité intrinsèque de leurs mélodies (pour le premier) et la folie contrôlée lors de la composition pour le second. Si vous avez des doutes sur la qualité des mélodies de Satch, demandez au hasard à COLDPLAY ce qu’ils en pensent.

Ici Gus à beau se grimer en Satriani sur le clip de "Night Driven" la pauvreté de ses mélodies tout au long de l’album est confondante. C’en est d'ailleurs au point où sur trois titres on retrouve sensiblement la même (et en plus elle est loin d’être top) : "Chronesthesia", "Night Driven" et "Demon Stomp".
Pour d’autres morceaux notre ami ne s’encombre même pas de faire semblant d’avoir des mélodies ; il shredde mais sans aucune idée réelle.
Sa notoriété lui permet d’inviter Vinnie Moore sur un titre : "Force Majeure" mais il n’en ressort franchement rien. Dommage quand on sait ce que vaut Vinnie.

En fait, écouter cet album c’est comme écouter Troy Stetina ; qui est Stetina me direz-vous ? Et bien c’est un de ces pédagogues US qui ont fait fortune à l’époque pré Internet pour dispenser par le biais de cassettes audio et autres recueils de tablatures des cours de guitare. Stetina s'est fait une spécialité du Hard/Heavy Metal. Ici on a le même souci. Certes, Gus joue très bien mais ça tourne à vide. L’impression fort désagréable qui traverse cet album est celle d’un mec qui fait tourner deux trois progressions, quatre cinq accords et torche un solo dessus. Pas de volonté de réelle mélodie ou de recherche particulière. Ce faisant son jeu reste vide et chiant. Le seul morceau qui pour moi sort du lot est le sympathique" Night Rider" qui donne dans la synthwave. C’est plus frais que le reste mais ça reste quand même franchement quelconque.

Le cd est double (quand on aime on ne compte pas !). La seconde galette représente un Live enregistré à Budapest …..lui aussi sans intérêt réel.
Franchement, au lieu de tricoter dans le vide, Gus devrait se poser la question suivante : Pourquoi John Sykes ou Mark Knopfler sont toujours autant réputés. Un indice au bas de votre écran : le feeling peut être ? Les descentes fiévreuses de gammes sur "Money For Nothing" sont juste dénuées de musicalité et sont pathétiques.
En gros, au lieu de faire des gammes, Gus ferait mieux de faire de la musique. Cette chronique qui semble à charge vient de quelqu’un (moi en l’occurrence) qui a vu Ozzy avec Gus sur scène et qui a trouvé ça top ! Je sais qu'il peut mieux faire, là c’est juste décevant de sa part !

Tiens, au fait, sur l’album, en plus de Gus, il y a un batteur (Vincent Velazco) qu’on entend en mode marteau pilon tout du long mais il y a aussi un bassiste : lui c’est Dennis Ward (PINK CREAM 69, UNISONIC). Tout au long de cet album, il souffre de la maladie de Jason Newsted sur "...And Justice For All" : la touche Mute a été enclenchée ! La gratte de Gus ayant tellement de grave elle mange totalement son spectre sonore !

Ps : "Quantum Leap" : le titre fait aussi référence à la série en français intitulée "Code Quantum" où le personnage se déplace dans le temps ; Dommage Gus est resté figé dans une seule époque et un seul son !