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2012 French Romances
2016 1 Ball - Trap
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MALEMORT - Château-chimères (2022)
Par JEFF KANJI le 4 Octobre 2022          Consultée 2227 fois

Éclatant manifeste d'un Metal d'une rare liberté, avec ses angles, ses brisures et ses mystères, "Ball-Trap", huit ans après sa sortie, reste l'album qui a fait exploser la popularité encore trop discrète à mon goût des Franciliens de MALEMORT. Ardemment défendu sur les routes, ce disque dont les atours continuent de séduire n'en finira sans doute jamais de me procurer délectation et profond respect.

Xavier Napora et Sébastien Berne, l'hydre à deux têtes qui préside aux destinées de MALEMORT a eu fort à faire, entre soucis de santé pour le second, mettant en péril sa pratique de la guitare (il œuvrait d'ailleurs au clavier quand j'ai vu le groupe à Lyon), et défections successives, c'est un MALEMORT reconstruit, sans son bassiste charismatique, avec le concours studio de Julien Lambert, guitariste live extrêmement efficace, et le retour derrière les baguettes d'Aurélien Ouzoulias, qui avait déjà enregistré "French Romances" en 2012.

Toutefois, les annonces de Xavier sont à la hauteur de "Château-Chimères". Une source d'inspiration dans la plus grande tradition poétique romantique, tout un mythe créé autour du célèbre château d'Hérouville où le who's who du show-business a posé ses caisses pendant vingt ans. Tout ça sous l'impulsion d'un homme, Michel Magne, qui sua sang et eau, écrivant de la musique au kilomètre pour en faire un lieu d'expression artistique, avec un studio à la pointe des technologies existantes. Quelle sorte d'homme voulez-vous célébrer ? C'est exactement la question que pose MALEMORT dès l'ouverture de son troisième album.

Toujours inspiré musicalement par une variété assez dingue de genres musicaux, des arrangeurs de variété des années 60 et 70 au Thrash Metal de MEGADETH en passant par le Heavy de JUDAS PRIEST, MALEMORT transpose l'ambiance années folles de "Ball-Trap" dans un voyage beaucoup plus intemporel, où la démesure de l'histoire d'Hérouville (détaillée dans le livret que le groupe proposait en prévente, MALEMORT sortant une nouvelle fois son album de façon totalement indépendante, le prix de sa liberté selon lui) se teinte d'effluves d'absinthe échappées de l'écritoire baudelairien mis au service d'une écriture dont transpire une vie intense, rabelaisienne même dirais-je, et qui suit, de par ses sentiments et son intensité, la vie de son hôte et ses drames (1).

L'élocution de Xavier Napora me complique toujours autant la tâche, heureusement que j'ai le livret. Le Metal chanté par un Punk à l'accent entre le titi et le picard, cela reste mystérieux. Mais je ne suis pas sûr que j'aurais envie d'écouter MALEMORT chanté différemment, cette espèce de diction entre deux est compensée par une musique qui s'autorise de nouveau absolument tout, de l'utilisation de cuivres toujours à propos ("Sémaphores"), d'une prosodie très personnelle et redoutable, d'un jeu de batterie encore plus débridé que par le passé ; on ne dira jamais assez qu'Aurélien Ouzoulias est sans doute actuellement le meilleur batteur français en activité, et d'un travail sur l'écriture et une dextérité jamais prise en défaut, variant les effets de jeu et les techniques avec une virtuosité étourdissante (les enchaînements riffs et solo de "Comme Une Balle" n'ont aucun sens esthétique, mais pourtant c'est exactement ce qu'un titre composé par MALEMORT demandait, idem pour le final MARILLIONesque de "La Garçonne".

Vous voulez un album à l'honnêteté artistique immaculée, à la personnalité aussi forte, suffisamment direct pour se le passer en boucle, et assez sophistiqué dans sa pulsion de vie pour exiger de l'auditeur une oreille attentive, ce malgré une fin d'album moins ardente ("Tu M'as Laissé Là" notamment) ? Malgré l'ombre envahissante de "Ball-Trap", le portail rouillé de "Château-Chimères" reste impérieux, intrigant, mystérieux, et vous invite au voyage. Contrairement à leur évocation en milieu d'album, j'appelle tous les sémaphores à signaler l'existence et la haute tenue de ce troisième album auquel je souhaite le même glorieux parcours que son prédécesseur.

(1) Quand "Pyromane Blues" parle d'autodafé, il faut se rappeler que Michel Magne, dans l'incendie d'une aile du château en 1962, a perdu la plupart de ses enregistrements et partitions, dont ceux des Angélique et d'Un Singe En Hiver.

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   JEFF KANJI

 
  N/A



- Xavier Napora (chant)
- Sébastien Berne (guitare, claviers)
- Sébastien Lafaye (guitare)
- Shob (basse)
- Aurélien Ouzoulias (batterie)
- -
- Dan Ar Braz (guitare sur 3)
- Mathieu Debordes (trompettes, trombones)
- Mathilde Buet (violons)
- Julien Lambert (guitare sur 1)


1. Quel Sorte D'homme ?
2. Pyromane Blues
3. Je M'en Irai
4. Magnitude Pop
5. Maldoror
6. L'eau Des Fossés
7. Sémaphores
8. Comme Une Balle
9. Tu M'as Laissé Là
10. La Garçonne
11. Les Grands-ducs
12. Décembre



             



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