Ah GIANT ! Vous aimez TOTO et vous aimeriez une version proche mais juste plus Big Rock qu’AOR, plus guitare et un peu moins claviers ? Et bien ne cherchez plus, GIANT est ce qu’il vous faut.
Les deux premiers sont absolument magiques et comme chez TOTO, ils laissent éclater aux oreilles de tous les jeux de ces supers pros de sessions US que sont Dann Huff et ses acolytes. Évidement le temps et les tendances évoluent. GIANT qui est sorti trop tard pour bénéficier a plein de la mode MTV va vite sombrer et disparaître. Les musiciens retournent en studio et y continuent une fort belle carrière (surtout Dann Huff d’ailleurs).
Disparu des radars GIANT tente néanmoins un retour en passant forcément par le label italien Frontiers spécialisé dans le retour de ce style musical So 80s !

Évidement en 2001 le Rap Metal et Cie ont largement détrôné ce Big Rock aux hautes envolées guitaristiques.
Très bon album que ce volume 3 si on est néophyte mais lorsque l’on connaît un tant soit peu le groupe on sent gros le plagiat des deux premiers ! D’ailleurs la rumeur veut que la majorité des titres soient issus des séances des deux premiers et furent re-bricolés pour remplir cet album aux allures de come-back. Dès le début on est transporté en DeLorean dans ces chères années 80s et Dann Huff nous sert un solo en guise de premier titre.

Est-ce que ça ressemble à "I’m A Believer" de "Last Of The Runaways" ? (Pour rappel le solo d’entame de ce morceau dure 1 min 12 secondes !). Oui, et ce tout en étant mâtiné des clichés habituels à la VAN HALEN, très présents dès l’entame du second titre ! Désuet ? Oui ! Surtout en 2001, mais bon au moins ils n’essayent pas de se mettre à la page et le style GIANT est sauvegardé !
Évoquons tout de suite le problème ! Quel est le mieux ? De proposer une relecture de sa vision artistique au risque de décevoir comme George Lynch avec "Smoke This" ou de rester fidèle au son de chorus près à ce qui a fait sa renommée, comme ici ? Certes il existe la voie médiane comme POISON qui a le temps d’un "Native Tongue" de haute tenue (Mr. Kotzen c’est pas rien !) a légèrement modifié son propos… avant d’y revenir dare-dare !

Je disais auparavant bricolage mais bon avec notre fine équipe, même des titres laissés de côté sont d’un énorme niveau. On peut quand même noter un changement, au moins de line-up, car Alan Pasqua présent sur les deux opus précédents n’est ici pas de la partie. C’est donc Dann Huff qui va en plus du chant et de la guitare s’occuper des claviers ! Un vrai homme-orchestre notre ami.
"You Will Be Mine" fait bien penser aux sessions du second album "Time To Burn" ! Objectivement c’est un super titre avec ce chant puissant et mélodieux, le tout agrémenté de parties de guitares ultra bien senties !
Bien sûr dans ce style si balisé qu’est le Hard FM, les ballades sont primordiales, et l’album en compte trois !

La première ("Don’t Leave Me In Love") est en fait un morceau co-écrit par Dann Huff et Mark Spiro pour "Devotion", l’album solo de celui-ci, paru en 1997. Spiro, tout comme Huff, est un producteur, arrangeur très prisé de studio. Les connexions entre pros de ce milieu étant établies, Huff réinterprète avec GIANT ce titre. Spiro y est ici pour les chœurs. Les claviers et le solo font aussi penser à JOURNEY, géant absolu de ce Rock mélodique de talent. Ce titre fut d'ailleurs choisi comme single de l’album. "It’s Not The End Of The World" lui sonne un peu plus comme du FOREIGNER, autre poids lourd du genre même si bien moins pêchu que la bande à Huff. "Can’t Let Go" quant à elle penche plutôt du côté BON JOVI de la force ; sur ce type de morceau outre le talent instrumental (ces solos ! Diantre !) ce qui frappe c’est la voix chaude et fort à propos de Huff, tout comme les chœurs absolument parfaits du groupe. D’ailleurs eux sur scène pouvaient refaire ça sans trop de problèmes… à la différence de plein de groupes Hard des années 80 qui devaient utiliser des bandes cache-misère ! Super musicalité… mais aussi paroles mièvres au possible ! Bon c’est le genre qui veut ça !

Néanmoins il n'y a pas que des balades, et le disque outre l’intro et le second morceau nous réserve tout de même, quelques pépites bien pêchues. Si en 3ème place," Over You" calme légèrement le jeu, avec talent, " The Sky Is The Limit " appuie sur l’accélérateur et se trouve encore pourvu d’un solo magistral de maitre Huff ! " Love Can’t Help You Now" et "Oh Yeah" quant à eux, sont dans une lancée fort sympathique, alliant énergie et groove baby ! Le disque se termine sur une reprise du fameux "Bad Case Of Loving You" de Moon Martin. Le titre qu'il soit joué par Robert Palmer ou Moon Martin n’est pas à la base pourvu de pyrotechnies guitaristiques et franchement, même si Huff a l’intelligence de rester sobre tout ça n'amène pas grand-chose au schmilblick ! Un coup d’épée dans l’eau en somme !

En résumé il s’agit d’un vrai bon album qui à l’époque fut comme un souffle de fraîcheur quant à ce qui dominait les ondes. Un souffle qui évidement ne se transforma pas en tornade loin s’en faut. Chacun des membres retourna donc vaquer à ses occupations de studio autrement plus lucratives et GIANT repartit dans les limbes pendant un très long moment.

Pour l’anecdote dans sa très bonne bio ("The Gospel According To Luke") Lukather explique clairement qu’il n’aime pas Huff car il le voyait comme un rival. Jeff Porcaro d’ailleurs préféra pour une session faire appel à lui plutôt qu’à Luke… et la pilule n’est toujours pas passée, malgré les années écoulées.

Morceaux préférés : "You Will Be Mine", "Over You", "Love Can’t Help You Now", "The Sky Is The Limit" et "Can’t Let Go".