GIANT c’est ce groupe de tueurs emmenés par les frères Huff et qui fut tué par le changement radical de la mode en début 90s. Quel dommage quand même, surtout lorsque l'on réécoute les deux premiers opus si caractéristiques de ce son 80's mais aussi tout bonnement excellents. Après le souci avec beaucoup de ces groupes était le live. Et oui, tous ces chœurs, toutes ces orchestrations, ces sons hyper travaillés, léchés que donnaient-ils sur scène ? C’est qu’on en a vu une pelletée se casser les dents et être incapable de restituer sur scène la finesse de leur travail de compositeurs.

En 2001, le groupe sort son troisième album. Un très bon disque même si l’ombre des deux précédents est toujours là. Néanmoins et même si le disque n’a pas cassé le Billboard (LINKIN PARK s’en est chargé) le label italien Frontiers en profite pour, deux ans plus tard, sortir un Live, histoire de capitaliser sur ce retour inattendu et inespéré. (Neuf ans d’attente quand même entre le deuxième et troisième album)
Deux éléments frappent tout de suite à l’écoute de ce Live : le son est plutôt bootleg (pas mauvais mais pas hyper retravaillé en studio ou enregistré avec des moyens gigantesques). On entend parfaitement, mais on est loin des standards de perfection auxquels les Lives (surproduits et sur-retouchés) nous ont habitués. Ce n’est pas un mal ; on a l’impression d’être sur place et l’immersion n’en est que plus facile. Et puis pas de risque de tricherie non plus !

Deuxième point : on sent le truc fait de bric et de broc : il y a deux concerts électriques différents et les titres acoustiques sont eux issus d’une prestation TV. On y retrouve d’ailleurs en doublon "I’m A Believer" et "Chained". Ok quand on aime on ne compte pas, mais bon c’est un peu dommage. GIANT n’est pas IRON MAIDEN à publier un Live tous les six mois. Déjà qu’on a que celui-là et qu’on n’est pas prêt d’en avoir d’autres… On peut faire la moue !
Live ne veut pas dire stade ! Habitués que nous sommes aux enregistrements en mode sud-américain où le public en transe chante à tue-tête les mélodies, ici il va falloir revenir aux fondamentaux. Ici on parle d’un club ! Petit par la taille et aussi par le public. D’ailleurs les quelques rares photos intérieures ne trichent pas et montrent plus une ambiance cosy de petite salle qu’autre chose. Tout ceci étant acté écoutons. Et là c’est la claque. A-t-on besoin d’un stade, de fans surexcités etc. pour bien jouer ? Non ! Et ça GIANT va bien le montrer.

Le groupe attaque donc sur "I’m A Believer". Le solo d’entame est là et bien là. Pas d’approximations. Le chant est nickel tout comme les chœurs. GIANT c’est des pros ! On est au niveau de TOTO pour la restitution live. Pas de bandes cache-misère ou autres supercheries. Le son, s’il est cru, est bon. On entend clairement chaque instrument. À la différence de TOTO (que j’adore aussi) ici la guitare se taille la part du lion et les claviers ne viennent pas empiéter sur son espace sonore. Plus bas dans le disque on verra que la version acoustique expurgée du long solo d'intro se tient très bien et met en avant la voix chaude de Huff, tout comme la basse de Matt Brignardello. Le solo repensé est très beau également.

"Shake Me Up" toujours tiré du référentiel premier album entretient ce départ plein d’énergie et de grosses guitares. Des petits (enfin c’est une façon de dire) plans de guitares tous plus fameux les uns que les autres se glissent de-ci de-là au travers du morceau. Ici on n’improvise pas à l’arrache, on enjolive ici Monsieur ! On entend un peu le public et même s'il est peu nombreux… Il est assez participatif, sur le pont.
Un son plutôt cru, un peu bootleg ne veut pas dire non plus inaudible : pour vous en convaincre écouter les plans groovy de guitare sur l’entame de "Innocent Days". Impeccable de justesse, parfaitement audible et ce tout en étant derrière la guitare solo de Huff. D’ailleurs sur ce titre on voit bien l’intelligence de GIANT. Pas de raison de tirer la couverture à soi, ils sont tous excellents et on le sait. Du coup la basse, les deux guitares, le clavier etc… Tout le monde s’entend et personne n’est planqué ou étouffé au fond ! Le même constat se fait pour "Close Enough", au clavier bien présent et au son de chorus so 80s !

Qui à part Huff, peut se permettre de reprendre Beck (de la meilleure période en plus : "Blow by Blow") sans chier la honte ? Lukather évidement et bien sûr Dan Huff ! Superbe" Because We've Ended As Lovers" avec en bonus des parties de guitare goûtues et inspirées. Huff se hisse sans problème au niveau de Luke quand il reprend "The Pump" avec Carlton ce qui n’est pas peu dire ! "I'll See You In My Dreams" le plus gros tube du groupe est évidement de la partie, et amène une respiration bienvenue. L’interprétation est une fois encore au cordeau. Dommage que le public ne se fasse pas réellement entendre. Chose importante à dire : le premier et magnifique album "Last Of The Runaways" et le plus représenté : huit titres sur treize quand même !

En septième position arrive enfin le premier extrait du second album. Morceau que l’on va avoir deux fois : en électrique puis en acoustique dans la partie Unplugged. À chaque fois c’est au top. Une préférence néanmoins pour la version électrique et son incendiaire solo au milieu (là, la foule donne enfin de la voix !). Une voix off nous introduisant à nouveau le groupe pour "Thunder And Lightning" on peut en déduire qu’il s’agit d’un autre concert. Le son est un peu moins bon, un peu plus étouffé mais le plaisir reste le même et la qualité d’interprétation est toujours au rendez-vous (on note que la voix est un peu plus criarde mais rien de rédhibitoire). "The Big Pitch", le titre suivant, doit provenir de la même prestation et on peut donc faire un constat identique, quant au son.

À la fin de celui-ci, le groupe dit au revoir et la partie Unplugged du Live arrive. Dans les multiples Best Of de TOTO il en existe un en 3 cds ou sur le dernier se trouve des titres Unplugged ; le constat est le même qu’avec GIANT : évidement ça joue grave, évidement le traitement acoustique quand il est bien exécuté n’enlève rien… mais ces morceaux aux arrangements multiples méritent d’être joués dans leur version originale avec toutes les orchestrations. Au final un très bon Live, surtout pour les sept premiers titres. Un testament aussi d’une époque et d’un groupe que l’on n’est pas prêt de revoir fouler les scènes (qu’elles soient US ou européennes).

Morceaux préférés : Les sept premiers avec une préférence pour "I'm A Believer" et "Because We've Ended As Lovers".