S'il s'était fait discret suite à son renvoi de SONATA ARCTICA, Jani Liimatainen apparaît désormais comme un homme très occupé. Entre ses albums de CAIN'S OFFERING (il est vrai bien silencieux, quoique j'y reviendrai), ceux plus récents de The DARK ELEMENT, qui a clairement remis Anette Olzon sur les rails, et son intégration à INSOMNIUM, le guitariste aux cheveux rouges nous sort son premier album solo. Il faut le voir davantage comme une prolongation non contrainte de The DARK ELEMENT. On retrouve en effet rigoureusement la même équipe pour l'accompagner et réaliser le disque, et Anette Olzon fait même une apparition remarquée sur "I Could Stop Now".

Mais c'est surtout avec les vocalistes que Jani LIIMATAINEN s'amuse puisque on n'en dénombre pas moins de sept. Et comment ne pas se focaliser avec d'immenses attentes sur "All Dreams Are Born To Die" sur lequel il retrouve son ancien acolyte Tony Kakko, plus de quinze après "Unia". Outre la sensation très claire d'écouter un titre de SONATA ARCTICA qui aurait parfaitement sa place sur "Unia" ou "The Days Of Grays", Tony Kakko y retrouve son mojo et nous rappelle quel interprète inspiré il peut faire. Ce titre enterre à lui tout seul les deux derniers albums de SONATA ARCTICA. Après l'atmosphérique "Breathing Divinity" sur laquelle Björn Strid souffle le chaud et le froid avec une facilité déconcertante, l'album est on ne peut mieux lancé.

On remarquera que contrairement au dernier STAR ONE, Jani LIIMATAINEN n'a pas systématisé un titre – un chanteur. En outre des profils relativement différents prennent place derrière la membrane, de la voix particulière de Speed, mélancolique mais volontaire, celle brillante de lyrisme de Tony Kakko, celles plus Hard Rock du Brésilien Renan Zonta (BROTHER AGAINST BROTHER) qui nous amène dans des couleurs à la NEGATIVE, et de Pekka Heino (BROTHER FIRETRIBE, ex LEVERAGE), celle bien sûr d'Anette Olzon, où comment The DARK ELEMENT au complet s'invite sur ce disque avec la surprise de la mélodie folkisante accompagnée à la guitare acoustique (on en est pas loin non plus de la réunion de famille pour CAIN'S OFFERING en réunissant Jens Johansson et Timo Kotipelto).

Le titre tend à insister sur le caractère et l'importance personnels de ce premier effort solo, et Jani lui-même prend la responsabilité de passer au micro sur "Haunted House" pour faire passer ses émotions. Et il se débrouille très bien le bougre !
De fait, excellemment produit, servant à merveille les chanteurs sans oublier de laisser d'épaisses guitares, "My Father's Son" a tous les atouts nécessaires pour le Power Metal, mais choisit de ne pas s'en servir pour autant, nous laissant avec un Heavy bardé de claviers, frais et chantant dans la plus pure tradition finlandaise. Peu de soli du prodige finlandais, préférant laisser la place au saxophone de Janne Huttunen ou au clavier de Jens Johansson. Les mélodies avaient clairement bien plus d'importance pour le compositeur que de ménager des espaces pour laisser parler la six-cordes.

Si ce genre d'entreprise solo est presque toujours vouée à rester mineure dans la carrière d'un artiste déjà engagé avec un groupe de plus grande influence, le cas de Jani est intéressant, car il n'a pas réellement d'entité (hormis INSOMNIUM où il tient la troisième guitare) et d'appartenance à un corps, la plupart des projets sortis ou auxquels il participe existant à son initiative. Si son album solo ne fait pas la révolution, il est garni de belles mélodies, dont la variété des interprètes sert le propos, et c'est peut-être quelque part ce qui nous empêche de s'en faire une idée définitive. Néanmoins, prenez une petite heure pour goûter à la bonne soupe qui nous est servie par Jani LIIMATAINEN, avec le plaisir de gourmet de tomber sur "All Dreams Are Born To Die", où le surprenant "The Music Box", véritable leçon en un peu moins de six minutes sur comment écrire un long crescendo qui monte en puissance sans être obligé de nécessairement bourriner à la fin.