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2013 Citadels
2016 Coral Throne
 

- Style : Kansas, Diablo Swing Orchestra, Thank You Scientist
 

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MANDROID ECHOSTAR - Coral Throne (2016)
Par HAPLO le 9 Septembre 2022          Consultée 741 fois

Tension, vélocité, puissance...

Il n’est pas rare que la musique d’un groupe m’évoque une image ou une cinématique. Je passerai rapidement quand celle-ci est comiquement décalée par rapport aux crânes sanglants ou aux jeunes vierges blondes en (mini) appareil illustrant la pochette de l’album, voire les paroles du titre-phare, pour me fixer sur les formations dont la (bonne) musique m’inspire souvent en mode cinémascope dès les premières notes du titre d’ouverture. Les talentueux zinzins bûcheronnants de MANDROID ECHOSTAR font partie de cette catégorie et l’image correspondant est celle d’un fauve.

Oui mais attention, pas n’importe quel fauve dans n’importe quelle situation : exit le sacre du bébé lion levé en trophée par un vieux singe devant les (futures) gentilles victimes qui s’inclinent sachant qu’une partie d’entre elles servira de garde-manger au futur monarque… Non. Un fauve pas vraiment beau, plutôt rachitique, qui a une dalle et une envie de déchirer de la chair comme Saint Lemmy pouvait baver sur une boutanche de Sky, et qui s’apprête à bondir vers sa proie pour entamer le ballet mortel et poussiéreux duquel il n’est même pas certain de sortir vainqueur. À l’image de la voix funky-stellaire et haut perchée d’un Michael Ciccia, la tension est alors permanente et absolue : la frêle antilope et la distance qui le sépare d’elle deviennent son seul univers… C’est de cette tension que naîtra la mortelle trajectoire. L’impulsion et le mouvement musculaire en accélération sont chez nos Canadiens pleinement matérialisés par les trois guitares de Pattison Richards et Krul : massives, nerveuses, décochant des riffs herculéens ou des chorus en dentelle synchronisée du haut de leur mur de son… C’est l’afflux sanguin qui permet à la tension de devenir vitesse et de filer comme un obus vers sa cible. Enfin, le rythme effréné et primal de cette course pour la survie est distillé par un socle basse-batterie compact et surtout ultra véloce dont les battements de cœur doivent osciller autour d’un 180 bien tassé, tempo enrichi par le bruit mat du choc des pattes du chasseur comme du chassé qui mitraillent le sol.

Comme tu l’auras compris ô lecteur amateur de belles (mais pas trop longues) métaphores, la musique à la signature si particulière distillée par ces six Canadiens très offensifs dans leur art est bien loin de me laisser indifférent, voire m’inspire clairement tant par son énergie vitale que par son sens avéré d’une mélodie en perpétuelle recherche d’absolu.

Cette si belle énergie qui m’avait asséné une si méchante gifle primordiale à l’écoute de l’EP "Citadels" sorti par MANDROID ECHOSTAR en 2013 sur lequel ces drôles de Canadiens au look plutôt bûcheron, mais ne rechignant pas à se filmer en train jouer les parties guitare sur une patinoire avec les maillots de leurs équipes hockeyantes fétiches, montraient déjà toute la palette de leurs talents ! Tu trouveras la kro afférente m’ayant été inspirée par ma joue tuméfiée sur ton site de Metal préféré, ben voui…
"Citadels" ayant été financé via crowdfunding par ce combo alors complètement inconnu, son talent insolent et sauvage permettra à MANDROID ECHOSTAR de signer chez Distort Entertainment pour envisager l’avenir un peu plus sereinement avec l’enregistrement d’un premier album digne de ce nom et la confirmation implicite qu’ils peuvent maintenant partir à la conquête du monde !
Nos énergiques zozos de l’espace vont d’ailleurs en profiter pour donner comme toile de fond à ce premier album dénommé "Coral Throne", un goût volontairement doux-amer en évoquant les chocs (souvent sanglants !) occasionnés par le colonialisme, les génocides culturels ainsi que les luttes entre les religions primitives et celles des envahisseurs souvent plus organisées… La tension musicale s’étend ainsi aux paroles.

Guidé dans ce maelstrom pilonnant et électrisé, mais sachant rester mélodique, par la voix Soul Funk mais diablement puissante d’un Ciccia tendu comme un string, saisi par des soli en embuscade mais jouissivement harponnants et décapants, surpris par des bridges mélodico-apaisants où une (très) légère bruine rafraîchissante permet de reprendre son souffle avant de repartir à la charge, l’auditeur halluciné se laisse complètement trimballer par ce manège du grand huit devenu fou et se met même à s’aligner à ce tempo élevé, au point d’y caler sa respiration et de friser l’hyper ventilation… Jouant son avenir immédiat dans cette course folle, le fauve n’est plus que tension et ivresse de vivre.

Alors laissons donc tomber ce suspens qui n’en est pas un ; "Coral Throne" est un très bon album. Armé de dix missiles sol-air capables d’envoyer par le fond pas mal de compositions bancales ou molles du genou actuelles et soutenu par un mix plus qu’honorable (j’adore : on entend la basse !) réalisant le grand écart consistant à concilier l’épaisseur de la puissance à la finesse de la nervosité et de l’attaque.

Véritable bolide taillé pour la course avec ses riffs tapageurs, sa ligne de chant résolument catchy et son petit passage en pente douce qui enclenche sur un premier solo tout plein de feeling, le surprenant "Matoax" personnalise au mieux selon moi la bénéfique métamorphose opérée chez MANDROID ECHOSTAR depuis "Citadels" : une musique plus mature, des variations et des nuances plus présentes mais qui n’entachent en rien cette incroyable énergie propre à balancer tous ses meubles par la fenêtre. Ces diaboliques canadiens s’éclatent et nous pondent également de très belles pièces de choix, à l’image du très varié coloré "Violet Skies" dont l’intro tout en arpèges laisse apprécier le crescendo et la montée en puissance bellement orchestrée conduisant finalement à un tempo d’enfer ainsi qu’à un solo guitare d’abord rapide puis qui finit par s’épanouir en ralentissant… La pièce d’orfèvrerie venant parachever ce bien bel ouvrage restera néanmoins selon moi le clôturant "Zelos" au fil duquel le combo accroche toute sa conviction ainsi que sa soif d’absolu sur un auditeur déjà en petits morceaux lui jetant progressivement au visage des arpèges poignants, une montée en puissance électrique et mélodique, une accélération torpillante de derrière les fagots pour aboutir sur de très beaux chœurs et un hymne enivrant : de quoi finir de décrocher les lattes du parquet avec les dents tout en pleurant de joie !

Avec un "Coral Throne" plus équilibré mais au ton toujours aussi rageur, MANDROID ECHOSTAR concrétise brillamment tous les espoirs entraperçus sur un "Citadels" à la fois un peu court mais surtout sacrément brut de décoffrage. Car même si ce premier vrai album studio des Canadiens ne manque pas de (petites) faiblesses, à l’image d’un léger ventre mou réparti entre un "Paladin" en demi-teinte et un "Midnight Sun" qui, malgré son chouette solo à deux guitares, n’apporte pas grand-chose au schmilblick, "Coral Throne" est une fichue belle pièce de Metal et fait très dignement le job : accrocheur et défoulant. D’ailleurs leurs compatriotes ne s’y trompent pas quand ils leurs décernent, en 2017, le très convoité Juno Award (Music awards canadiens) pour le meilleur album de l’année (2016) devant des poids lourds locaux qui ont du se demander ce qui pouvait bien leur tomber sur la tête (DEVIN TOWNSEND PROJECT, DESPISED ICON, ANNIHILATOR, PROTEST THE HERO). Le fauve a su rattraper sa proie…

Littéralement désarticulé par cet afflux d’énergie qui a complètement épongé ses muscles, le fauve digère paresseusement étalé dans un recoin à l’ombre du soleil. Il n’a pas vu le 4/5 amplement mérité que j’accorde à "Coral Throne" gravé à l’entrée de son repère. Sa survie étant assurée pour quelques jours supplémentaires, il devine néanmoins cette minuscule tension vitale temporairement étouffée par son sentiment de bien être… Elle reviendra.

- pour le sprint et la perfection du mouvement : "Matoax",
- pour la magnifique conclusion : "Zelos",
- pour continuer à se faire plaisir : le reste de l’album !

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- Michael Ciccia (voix)
- Sam Pattison (guitare)
- Stephen Richards (guitare)
- James Krul (guitare)
- Adam Richards (basse)
- Matt Huber-kidby (batterie)


1. Hypnos
2. The Lotus
3. Matoax
4. Sacred Fire
5. Metatron
6. Violet Skies
7. Paladin
8. Midnight Sun
9. Iron Hands
10. Zelos



             



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