Le Black Indus est un genre que j’aime autant qu’il me fatigue. D’un côté, j’adore vraiment les classiques du genre (MYSTICUM, THORNS, ABORYM… la bonne liste en somme) et les groupes plus récents qui tentent vraiment de faire quelque chose avec cette base laissée par les grands (BORGNE, GORGONEA PRIMA et CONTROL HUMAN DELETE pour n’en citer que quelques-uns) mais je suis assez rapidement saoulée par tout le reste en fait. Les groupes qui pensent que juste en foutant de la grosse Techno-Hardcore sur du Raw Black un peu au pif on fait du bon Black Indus (pas de nom ici, ceux-là je préfère ne pas en parler), eux, m’énervent assez facilement. Donc à chaque fois que je découvre un nouveau groupe du genre, l’appréhension de tomber sur un qui se trouve du côté des énervants est toujours forte.

Viens alors CROSS CONTACT, one-woman band français que j’ai découvert sur les réseaux via le tout récent label Iode Records et… la claque. Je ne sais pas ce qu’il s’est passé à la première écoute, j’étais crevée, il était minuit passé et je me suis pris "Renaissance" en pleine gueule. La formule du projet peut être résumée comme ça : un Black Indus se reposant plus sur des nappes de guitares que des riffs et remplaçant la sempiternelle Techno Hardcore par de la Drum’n Bass. Drum’n Bass qui ouvre d’ailleurs l’album sur "De Fer et De Glace" : une rythmique véloce qui se laisse écraser par une simple nappe de synthé glaçante qui créé une ambiance froide et inquiétante, viennent alors les guitares, sales et grésillantes qui surgissent avec un hurlement lointain et strident. C’est tout con comme entrée en matière, je sais que plein de groupes font ça, mais là, ça me prend directement aux tripes.

"De Fer et De Glace" fonce sans s’arrêter, me donne l’impression d’une fuite oppressante dans un univers hostile et urbain, quelques trémolos picking nous donnent à voir un autre monde plus cosmique vers lequel ils semblent vouloir s’échapper. Suite à ce premier morceau déjà monstrueux, "Commotions" se fait bien plus lourd, la batterie nous perd en se mêlant aux percus Électro, une voix semble peiner à se faire entendre et une ambiance sale rappelant les travaux les plus Indus de BLUT AUS NORD s’immisce dans ce cauchemar. Puis le morceau s’emballe, les hurlements reviennent et l’ambiance, par le biais de l’Électro s’envole vers du cosmique à nouveau, les guitares semblent s’extirper de leurs nappes pour nous pondre des soli, et encore une fois, je suis hypnotisée par l’ensemble.

Avec "Epinephrine", j’ai définitivement quitté la réalité, la sensation d’oppression du début de l’album n’est plus, tout tend vers le cosmos, les guitares donnent l’impression de s’élever, la Drum’n Bass devient encore plus frénétique et le tout use d’une certaine répétitivité pour effacer tous repères. Quel morceau ! Il me plonge à chaque écoute dans un état extatique intense, dans cette impression de me retrouver « ailleurs ». Alors quelle douleur quand "Face Au Mur" me fait redescendre sur terre. Ici, CROSS CONTACT se montre beaucoup plus mélodique en éloignant la Drum’N Bass au profit d’un Black Metal Dépressif incroyablement douloureux, comme si le monde atteint sur "Epinephrine" n’était qu’une chimère inexistante et que ce brutal retour à la réalité qui m’était imposé était définitif. Mais non, dans un dernier sursaut, "Renaissance" clôture l’album en s’échappant pour de bon dans le cosmos. Alors que le morceau arrive sur son final, des notes de synthés s’élèvent, grandioses, et tout s’arrête brutalement pour laisser des arpèges apaisant clore ce "Renaissance".

J’ai essayé avec ces paragraphes de vous résumer comment j’ai ressenti et compris "Renaissance". C’est un album qui m’a retourné et qui a su me transmettre une charge émotionnelle très forte. Je ne sais pas si je suis la seule personne à ressentir ça, si mon expérience est ce que CROSS CONTACT voulait que je ressente. J’ai au final très peu parler de la musique en elle même, mais je m’en fous je pense. J’ai vécu un truc avec "Renaissance", quelque chose d’intense, de très personnel et au final quasiment impossible à réellement décrire. Tout ce que j’espère en écrivant cette chronique, c’est que vous ayez envie de tenter "Renaissance" et que vous viviez la chose aussi puissamment que moi je l’ai vécue.