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Frank CARTER & THE RATTLESNAKES - Blossom (2015)
Par KOL le 5 Août 2022          Consultée 1334 fois

Frank est un dur, un vrai. Il partage quasiment d’ailleurs le même prénom que « Franco » Begbie de Trainspotting, dont il serait l’avatar rouquin tatoué dans un multivers métallisé. Le genre d’outlaw qui fonde le groupe GALLOWS à vingt ans avec son frangin, et défraie la chronique outre-manche à la fin des années 2000, habité par l’esprit des SEX PISTOLS en version Hardcore. Signature sur une major, bastons dans le public, succès dans les charts avec le mythique "Grey Britain", viré par la Warner pour une ligne éditoriale jugée trop contestatrice, GALLOWS sent le soufre. Frank brûle la chandelle par les deux bouts, mais voit le bout du chemin arriver à grands pas et décide de repousser l’échéance, quittant son groupe pour s’adonner à des loisirs plus convenables pour le trentenaire qu’il est devenu.

Car Frank est un tendre, un vrai. Le genre qui aime le Rock, les jolies mélodies, l’amour, sa fille et les prés. Finis les hurlements de possédé, il fonde PURE LOVE, groupe d’un seul album, avec Jim Carroll, ne se sentant plus connecté aux scènes Punk. Très classique, la musique du duo est bien plus posée et organique, mais révèle un songwriting inattendu chez l’ami Frank et une capacité à chanter plus que correctement, ce qui n’était pas gagné auparavant tant l’intensité était le principal moteur de GALLOWS. Malgré le relatif succès de "Anthems", rattrapé par ses démons, le combo implose et Frank plie de nouveau ses gaules.

Frank CARTER & THE RATTLESNAKES est quelque-part la synthèse des deux facettes de Frank, le dur et le tendre, charismatique leader de la formation anglaise pour ceux qui n’auraient pas suivi jusque-là. Accompagné notamment du guitariste et (futur) producteur Deano Richardson, l’autre tête pensante, le groupe sort son premier disque en 2015, "Blossom", à la pochette évocatrice : des amplis et des enceintes incendiées. De retour à ses racines profondément Hardcore, le frontman n’oublie pas sa dernière aventure en route et intègre des éléments plus Rock, des passages plus apaisés comme sur "Beautiful Death" ou "Paradise", pour mieux remettre le feu quelques secondes plus tard. Ce premier LP sera malgré tout de loin le plus fidèle à ce qu’il pouvait proposer dans ses jeunes années. Et la musique des RATTLESNAKES continuera de s’adoucir, album après album, mais nous y reviendrons plus tard.

Que trouve-t-on sur ce "Blossom", donc ? De l’intensité et de l’authenticité, ça c’est certain. Le chant vient des tripes et Carter met 100% de ce qu’il a sur chaque mot, maîtrisant notamment un phrasé assez atypique sur le chant en se baladant beaucoup comme bon lui semble sur les titres. La section rythmique est très efficace, mais reste relativement classique. Toute la production est réellement pensée pour mettre en avant la voix. L’ensemble des chansons de ce premier essai est ainsi taillé pour le live, où Carter excelle. Bête de scène, allant au contact de son public, le bougre sait gérer son show, assénant ses brûlots punkisants au milieu du pit ou marchant littéralement sur les premiers rangs. En concert, la recette fonctionne parfaitement, et je ne peux qu’encourager ceux qui n’ont pas fait l’expérience d’un concert de Carter à s’y rendre à l’occasion. En studio, c’est un tout petit peu plus mitigé de mon côté. Du moins pour ce coup-ci.

Les titres qui fonctionnent le mieux, si l’on exclut l’introductif et incendiaire "Juggernaut", véritable cocktail molotov, c’est quand le chanteur ose l’introspection. L’ironique "I Hate You", lettre d’amour (ou plutôt d’insultes) à son ex est l’une des plus belles démonstrations. Elle possède également, pour conclure ces trente-cinq minutes, des passages musicaux plus originaux, qui brisent quelque peu le bloc monolithique proposé depuis le début, dont on a du mal à ressortir des moments réellement marquants. Mais c’est sans doute "Devil Inside Me" qui me touche le plus tellement les paroles sonnent authentiques. On a tous cette part d’ombre en soi, et si l’on ne peut pas dire que le thème soit profondément original, la retranscription est ici simplement parfaite de sincérité et de musicalité.

C’est finalement ce que je reprocherai à ce premier LP : une difficulté à le situer. Sans doute trop calme pour les fans de Hardcore, mais bien trop énervé et sans concession pour les rockers, cela n’empêchera pas Frank CARTER & THE RATTLESNAKES de cartonner en atteignant les charts UK et de se faire (enfin) en dehors du Royaume-Uni. Comme quoi…

Trois grands titres, un au début, un au milieu et un à la fin : c’est déjà très bien, mais ça ne suffit pas à mon sens pour légitimer plus que 3,5, même si le reste de l’album est plus que correct. Arrondi à 4 pour ses prestations scéniques, "Blossom" restera ici sur la note inférieure, en attendant la suite.

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- Frank Carter (voix)
- Dean Richardson (guitare)
- Thomas Mitchener (basse)
- Memby Jago (batterie)


1. Juggernaut
2. Trouble
3. Fangs
4. Devil Inside Me
5. Paradise
6. Loss
7. Beautiful Death
8. Rotten Blossom
9. Primary Explosive
10. I Hate You



             



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