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2009 Grey Britain
 

- Style : Refused
- Style + Membre : Frank Carter & The Rattlesnakes

GALLOWS - Grey Britain (2009)
Par KOL le 16 Janvier 2023          Consultée 1118 fois

Ah… Cette petite odeur d’œuf pourri qui caractérise si bien celle du soufre… Ce sont bien ces relents fétides qui émanent de l’écoute de "Grey Britain", pierre angulaire du Hardcore d'outre-Manche du nouveau millénaire. Rien de moins. Pour ceux qui seraient restés en confinement depuis 15 ans, ou plus certainement pour les autres qui se montreraient peu familiers avec le genre pratiqué, il s’agit là tout simplement d’un glaviot balancé en pleine tronche de l’establishment anglais, pas par des rebelles de pacotille mais bien par la classe ouvrière, celle qui vit dans les pubs crasseux.

Pour saisir parfaitement la portée de cet opus, il est plus que préférable de parler la langue de Shakespeare, et de porter attention aux paroles, franchement outrancières et sauvages comme il faut. D’une rare violence, jugez plutôt “Crucifucks” : « Nail the bodies to the crucifix, slit the throats of all the priests, the last smile they will ever expect, a gaping hole running right through their neck, snakes get fat while the good rats die, all the pigs should be bled dry, who's with me?”. Mais surtout d’une totale sincérité et authenticité, et c’est justement cela qui fait de ce second LP un must absolu en la matière.

Formé en 2005 par Laurent Barnard et un certain Frank CARTER, bientôt rejoint par son frangin Steph, GALLOWS n’a pas tardé à faire parler, son premier LP de 2006 ("Orchestra Of Wolves") étant repéré par Brett Gurewitz de BAD RELIGION et distribué aux US, entrainant une signature illico sur une major (qui regrettera rapidement la chose au vu des scandales provoqués) pour nous offrir "Grey Britain" en 2009. Frank claquera la porte deux ans plus tard, évoquant les fameuses divergences artistiques comme causes principales de son départ.

Musicalement parlant, le disque puise son âme au sein des racines punks, ainsi qu’un certain nombre de ses gimmicks et rythmes. Mais n’allez surtout pas croire qu’il soit unidimensionnel. Il est très clair que le Metal est bien présent, que ce soit à travers le son abrasif des grattes, la syncope quasi Metalcore de certains passages, ou même l’usage (modéré) de double pédale, comme sur "The Riverbed" par exemple. A lui seul, ce titre représente bien ce que vous trouverez dans le son du groupe qui saura également faire headbanger plus d’un clou. deux longues minutes d’introduction avant d’allumer la mèche, avec un objectif : tout faire sauter ! Prenez "Leeches" et osez me dire qu’il n’y a pas dans cette chanson de relents de RAGE AGAINST THE MACHINE sur certains passages !

Bénéficiant des moyens conséquents pour une production Hardcore, mais, et c’est à souligner, d’une liberté artistique totale, GALLOWS a travaillé ses atmosphères , les arrangements étant particulièrement soignés, du premier au dernier titre, participant à créer cet univers dystopique (« There ain't no scapegoats left to blame, we brought this on ourselves, when we could have been the change, Great Britain is fucking dead, so cut our throats, end our lives, let’s fucking start again ») et le sentiment d’urgence permanent qui parcourt l’opus. C’est assez rare pour être souligné, donc j’insiste lourdement sur le sujet, mais il n’y a absolument aucun tabou : des chœurs ("Queensberry Rules") aux claviers ("Misery") en passant par une guitare acoustique ("The Vulture [Acts I & II]") sans pour autant que quiconque ne puisse remettre en question l’intégrité de la démarche.

Évidemment, tout cela est sublimé par la voix du frontman, littéralement habité. Si la technique laisse encore à désirer, elle est en revanche parfaitement adaptée, écorchée-vive la plupart du temps. Avec ses RATTLESNAKES, CARTER progressera et nous fera découvrir une nouvelle facette de ses capacités et de sa personnalité, mais en 2009, il n’est là que pour cracher sa haine, et ce n’est rien de dire qu’elle est bileuse. Le facteur X de la formation, c’est clairement lui, tant dans l’intensité qu’il dégage que dans un placement de voix assez unique, capable de scander comme de hurler assez librement par rapport à l’instrumentation.

Vous avez aimé la première partie de la galette, vous allez adorer la seconde, pesante et encore meilleure, car plus variée et moins ancrée dans le Punk. Les structures se complexifient légèrement et les rares respirations n’ont d’autre but que de vous permettre de reprendre votre souffle avant de retourner vous faire bouffer le bitume. Alors bien sûr, et c’est inhérent au style prodigué, n’allez pas, chers lecteurs, vous attendre à de grandes recherches harmoniques. Laurent, Frank, Steph et sa bande ne sont pas là pour cela. Mais si "Grey Britain" est d’une rare férocité, leur musique reste étrangement accessible pour le commun des mortels, même si le chant en rebutera très certainement plus d’un.

La fin a capella, simplement soutenue tout en maîtrise par quelques dissonances persistantes enchaînant sur des notes de piano est juste flippante. La Grande-Bretagne est peut-être morte, certes, mais Frank CARTER et les GALLOWS sont nés et sont là pour marquer leur époque à grands coups de tessons de bouteille. 13 pistes, 50 minutes de chaos, qui dit mieux ?

Note réelle : 4,5/5.

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- Frank Carter (chant)
- Laurent Barnard (guitare, claviers)
- Steph Carter (guitare, chœurs)
- Stuart Gili-ross (basse)
- Lee Barrall (batterie)


1. The Riverbank
2. London Is The Reason
3. Leeches
4. Black Eyes
5. I Dread The Night
6. Death Voices
7. The Vulture [acts I & Ii]
8. The Riverbed
9. The Great Forgiver
10. Graves
11. Queensberry Rules
12. Misery
13. Crucifucks



             



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