Michael Schenker est un bon bougre. Pas le plus humble, sans doute pas le plus sain d'esprit non plus, mais ce sourire qu'il esquisse depuis une dizaine d'années fait plaisir à voir, et il s'entend dans ses compositions et la qualité de ses concerts. Bien qu'il ait commencé très jeune, il atteint néanmoins cette année les cinquante ans de carrière (et oui "Lonesome Crow" des SCORPS est déjà si vieux). Et cette carrière il avait envie de la célébrer sur scène.

Depuis quelques années, et particulièrement les deux albums de TEMPLE OF ROCK et MICHAEL SCHENKER FEST, qui l'avaient vu réunir les chanteurs les plus emblématiques de MSG, Michael s'éclate et joue avec qui bon lui semble, se laissant guider par ses aspirations et les conseils qu'on lui donne de temps à autre (même si l'album des vingt-cinq ans comptait déjà pas mal d'invités), il devient difficile de vous écrire un semblant de line-up, qu'on pourrait résumer par Michael Schenker joue de la guitare, accompagné en partie par des membres passés de son groupe, en partie par des nouveaux.

Mais pour ses cinquante ans de carrière, il a mis les petits plats dans les grands. Ainsi, pour rendre hommage à Ronnie James Dio, il embauche rien de moins que Michael Kiske (quand bien même Ronnie Romero a une voix bien plus proche du lutin) ainsi que quatre anciens musiciens de RAINBOW, à savoir Tony Carey, qui avait quand même bien disparu de nos radars, Bobby Rondinelli, qui vit des jours heureux avec AXEL RUDI PELL et Bob Daisley qu'on ne présente plus ! Nul doute qu'il aurait fait appel au regretté Cozy Powell s'il avait pu (pas sûr que ça aurait plu à Ronnie avec qui il était en froid depuis une éternité). Et puis se poser en Blackmore sur son propre disque, voilà qui ne manque pas de sel. Et le titre ressemble à tout sauf à du RAINBOW. J'exagère à peine, il aurait pu avoir sa place dans la période 80 du groupe, mais il sonne avant tout comme du MSG typique, avec un Kiske très à l'aise dans l'exercice.

"Universal" se présente aussi comme l'album le plus allemand du MSG, en tout cas en termes d'effectif, car outre le fidèle Bodo Schopf arrivé suite au décès de Ted McKenna, et Kiske, Ralph Scheepers, qui s'était distingué sur "Immortal", livre un banger bien Hard Rock avec "Wrecking Ball". Hormis Gary Barden qui subsiste pour le meilleur titre de l'album ("Universe"), les autres vocalistes ont disparu de la circulation. Dommage pour Robin McAuley, qu'on peut maintenant apprécier plus longuement au sein de BLACK SWAN.

Musicalement cet album n'a clairement aucun intérêt, et je n'ai de toute façon jamais ressenti de volonté innovatrice de la part du blond Germain. Cependant, il sait se faire divertissant, dans le genre Hard Rock Mélodique avec de jolis sons de guitare. Mais les soli de Michael peinent à retenir l'attention, hormis sur "Universe" cité plus haut. En revanche on saluera sa capacité à écrire des titres en apparence simple, mais toujours un poil sophistiqués, comme une marque de fabrique qu'il traîne depuis ses années UFO, comme ce "Long Long Road" ou encore "Au Revoir" et leurs riffs en mesures composées. La variété des intervenants contribue sans nul doute aussi à donner des saveurs légèrement plus subtiles à chacun des morceaux, c'est particulièrement flagrant sur la batterie, qui se veut très naturelle, et qui permet d'apprécier les placements un peu différents de Simon Phillips (qui ne s'économise pas sur la double grosse caisse) par exemple ou de Brian Tichy qui amène une sacrée patate (cette caisse claire bon sang).

Je ferais bien un paragraphe pour parler de Ronnie Romero, comme toujours impeccable dans son registre, et dont Michael ne semble pas prêt à se passer, après la collaboration visiblement fructueuse de "Immortal", même si (le concert du Hellfest en attestera), il aura plus de mal à retrouver l'esprit plus Blues d'un UFO sur le répertoire live de l'artiste (un peu à l'image de Doogie White). "Universal" saura contenter les amateurs de l'artiste, mais pas attirer autant l'intérêt extérieur qu'à la sortie du premier MICHAEL SCHENKER FEST me concernant, même si globalement la qualité du matériel sorti par l'Allemand reste remarquablement homogène, bien que pour l'heure, je me vois davantage réécouter "Universal" que "Immortal".