Parfois le rôle d’un chroniqueur est de rendre justice à des artistes ou des groupes qui sont passés à côté d’une grande carrière. Dans le cas de certains groupes, cela est juste le fait de malchance ou de raz de marée Grunge au début des années 90.
Prenons l’exemple de ce LOUD, groupe anglais fondé en 1989 par Chris McLaughlin (ex NEW MODEL ARMY). LOUD est le parfait du groupe qui aurait dû cartonner et qui pourtant ne connaitra qu’une brève carrière. Trente ans après justice doit lui être rendu.

Pour la petite histoire, qui j’en suis sur n’intéressera que moi, c’est lors d’un déstockage dans un magasin Nuggets que je suis tombé sur cet album (j’avais vaguement entendu parler du groupe sur Metal Hammer). J’ai dû payer la bagatelle de cinq francs à l’époque, et franchement quelle chance j’ai eu ce jour-là.

LOUD avait auparavant sorti un premier album "D-generation", produit par Jaz Coleman de KILLING JOKE en 1990, mélange de Rock Alternatif et de Hard Rock relativement bien accueilli à l’époque par la presse anglaise spécialisée (album du mois chez Kerrang). Puis en 1992 ce "Psyche 21" absolument incroyable voit le jour. Ici nous avons droit à un melting-pot musical oscillant entre QUEEN, FAITH NO MORE, la New Wave, le Gothic Rock. Difficile d’ailleurs de cataloguer ce groupe tant sa musique est originale. On parle d’ailleurs de musique Rock au sens large du terme.

J’ai auparavant fait le lien avec QUEEN et cela est flagrant sur des morceaux comme "Strange Encounter", baroque à souhait. Ce lien avec QUEEN ne s’arrête d’ailleurs pas là, l’album est produit par Reinhold Mack, illustre producteur des derniers albums studios de QUEEN, rien que ça et je ne peux m’empêcher d’y voir des sonorités proches de l’album "The Miracle". Des chœurs très travaillés, des arrangements somptueux. Oui LOUD a le goût du grandiloquent.
Donc question son, nous sommes servis.

Au menu de cet album, du Hard Rock ("Absolution" et son côté RED HOT CHILI PEPPERS), du Progressif avec "The Awakening" formidable morceau avec ses multiples changements de tempo, du Hard FM, du Rock Alternatif… Bref, on sent que les musiciens ont eu une totale liberté artistique et se sont fait plaisir. Les morceaux ont tous des refrains très accrocheurs "Easy" et son côté Gothic Rock, "I’ll Make It Mine" et son approche finale à la "Hey Jude" des BEATLES.

Chris McLaughlin a vraiment une voix très versatile et s’adapte aussi bien au registre des ballades, le magnifique "Mary, She Made Me" qu’aux morceaux plus pêchus "Piece Of The Mind".
L'histoire veut que le groupe ait splitté peu de temps après cet album et de la tournée qui s'en est suivi à cause du caractère despotique de son leader Chris McLaughlin dont on entendra plus jamais parler, et ce malgré un indéniable talent.

Il me semblait urgent que ce groupe unique et pourtant éphémère ait droit à une chronique lui rendant enfin grâce sur un site français. C’est désormais chose faite.