Le formidable pouvoir de la musique sur la mémoire.
C’est en tombant par hasard sur une vidéo d’une dame très âgée et souffrant d’une forme très sévère d’Alzheimer que je me suis fait cette réflexion sur le pouvoir incroyable de la musique. Cette dame, ancienne danseuse étoile, qui ne reconnait plus personne, à qui on a fait écouter le Lac des Cygnes et qui instinctivement s’est remise à danser.

En remettant le CD de "D-Generation", je me suis automatiquement retrouvé trente ans en arrière, dans ma chambre d’ado, assis sur mon lit, avec le livret.
Car oui, à l’époque, découvrir un album était comme une sorte de rituel. Je m’isolais, coupé de toutes nos distractions numériques qui aujourd'hui nous polluent, et j’écoutais l’album d’une traite avec son livret. J’épluchais absolument tout, jusqu’aux remerciements, histoire de voir si je connaissais quelqu’un. Il y avait quelque chose de sacré dans l’objet. Un respect réciproque entre artistes et fans. Voilà pour l’instant nostalgique vieux con.

L’histoire de ce groupe éphémère LOUD, c’est avant tout une rencontre. Une rencontre avec Jaz Coleman, maitre à penser de KILLING JOKE, qui a tout de suite décelé le potentiel artistique et créatif de LOUD. Il va même produire cet album. D’ailleurs cet album peut être vu comme une version plus Hard de KILLING JOKE. Certains morceaux comme "I Am The Idol" n’aurait pas fait tâche dans la discographie de KILLING JOKE.
LOUD tire également ses influences de la scène Punk Rock et Alternative anglaise. Et en y ajoutant un soupçon de Pop vous obtiendrez ce "D-Generation", premier méfait de la bande à Chris McLaughlin (ex NEW MODEL ARMY).

Il se dégage de cet album un sentiment de froideur, accentué par le côté très redondant des riffs portés par une batterie très linéaire. Bon, dit comme ça, on pourrait presque croire que cela est chiant mais il n’en est rien. La grande force de LOUD est de proposer des mélodies ultra efficaces, simples mais entêtantes. Le chant est d’ailleurs une des grandes forces de ce groupe. Chris McLaughlin, dans un style tellement british, excelle dans l’art de sublimer le simple en brillant. Le morceau titre par exemple. On pourrait de prime abord penser qu’il est assez simpliste dans sa structure et pourtant Chris McLaughlin arrive à le rendre accrocheur à souhait.

Malgré d’évidentes réminiscences Pop Alternative il y a une sensation de puissance froide qui se dégage tout au long de l’album. "Black Hysteria", "Infatuation", "Massacre" en sont les meilleurs exemples. Ici point de solo de guitare, juste de la rythmique en béton armé et le tout toujours porté par cette voix si particulière et des textes assez corrosifs. Même les moments calmes, "Childhood Times", "Life On Earth", juste guitares et voix se révèlent tout aussi importants que le reste.

C'est donc un très bon premier album qui recevra d’ailleurs les louanges du magazine Kerrang!!! qui nommera LOUD, meilleur espoir anglais et mettra l’album dans son top 20 pour l’année 1990, avec une note de 90/100.
Il est d’ailleurs difficile de croire que son successeur "Psyche 21" soit du même groupe tant la difference de style entre les deux albums saute aux oreilles. C'est comme si LOUD avait une face sombre "D-Generation" et un côté plus lumineux "Psyche 21".

Mais force est de constater que la musique de LOUD a su me captiver de bout en bout grâce à deux albums indispensables et pourtant tellement différents.
Comme quoi parfois le talent, les bonnes rencontres ne suffisent pas.

Note réelle : 4,5/5.