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HACRIDE - Chapter I: Inconsolabilis (2017)
Par ISAACRUDER le 17 Janvier 2022          Consultée 833 fois

Il fut un temps en France où, inspirés par le succès de GOJIRA, nombre de groupes tentaient de percer dans le game, attirés comme des papillons par la lumière électrique. Parmi eux, il faut se souvenir du collectif de la Klonosphère, gravitant autour de KLONE, groupe de qualité n'ayant jamais réussi à percer suffisamment à l'international mais encore dynamique. De même, TREPALIUM, connu dans nos frontières mais timide à l'étranger. Et enfin, HACRIDE, celui que l'on pensait le plus à même de titiller le parcours des Landais. La malédiction a pourtant perduré, et le départ de Sam au chant a précipité l'oubli d'un groupe aux premiers albums mémorables.

À l'origine de cette chute il y a une erreur de jugement fondamentale. Lors d'une interview, Adrien, le fondateur-guitariste-leader d'HACRIDE, répondait sur la problématique du changement de chanteur en des termes résolument modernes, et donc voués à l'échec : un groupe est une entité changeante, les membres peuvent fluctuer sans poser de problème. Grave erreur, que l'Histoire a moquée : HACRIDE n'a jamais pu surfer sur la vague qui le portait depuis "Amoeba", et pour cause, le projet, s'il était évidemment porté par des instruments à la technicité exemplaire et à l'inspiration fulgurante, avait une âme grâce à Sam, chanteur respecté à la voix particulière. Pour refaire le parallèle, il serait impossible d'imaginer Joe de GOJIRA se retirer et laisser sa place. Pour le pire et pour le meilleur, le chanteur incarne bien souvent l'identité d'un groupe, et peu peuvent en changer sans se retrouver enterrés par leurs fans.

De fait, "Back To Where You've Never Been" est aux oubliettes, nous l'avions déjà mentionné dans notre critique. Et ce "Chapter I: Inconsolabilis", qui semble être le début de quelque chose qui ne sera jamais, poursuit la dégringolade passionnante d'un groupe qui a pêché par son orgueil. Non les gens ne sont pas interchangeables, et en particulier les chanteurs. Le discours du guitariste fleurait bon la start-up nation et le management du travail à l'américaine : le prix à payer fut, non le mépris, mais l'indifférence d'une partie du public, dont je fais partie. Il faut pourtant rappeler que Luiss, le nouveau chanteur, n'est pas mauvais, même si ses gimmicks très METALLICA peuvent agacer (en particulier dans "We Do Not Mourn" auquel il manque des "Yeah Yeaaaaah!"). Le problème réside dans son style, qui entre en collision avec ce que fut HACRIDE. Très Rock, pratiquement Grunge, le chant de Luiss ne colle pas à un groupe qui fut porté par un Sam plus froid, spirituel et extrême dans son approche du chant Metal. Un titre comme "Red Oak Tree" est en particulier infâme au possible, espèce de titre acoustique sans grand génie, générique dans son idée et son exécution.

Il faut aussi dire qu'HACRIDE a changé. S'est-il adapté aux particularités de Luiss ? Difficile de le dire. Toujours aussi Prog, jusqu'à faire perdre le fil en s'éparpillant, HACRIDE a perdu de sa force de frappe hallucinante sur "Lazarus" et il a également perdu de sa folie technique bien plus folle sur "Amoeba". En résulte un essai ici très Rock, avec des compos souvent investies de riffs solides, mais dont le propos perd de sa force. Ainsi, "These Walls Won't Tremble Anyone" est-elle ennuyante au possible, avec une tentative de crescendo qui tombe à l'eau et un break central à mourir de rire (pour le coup, le chant de Luiss est ici infernal). En vérité je vous le dis mes frères et sœurs, le seul morceau qui rattrape cette chute est "Treasure This Pain", extrêmement cinématographique, qui renoue avec le riff semi-TOOL propre à HACRIDE. L'atmosphère du titre, avec son piano central superbe, rappelle davantage un HACRIDE qui semblait capable de créer un univers visuel par le son, comme la bande de Maynard par ailleurs.

Fascinante est la carrière d'HACRIDE, enfant prodige de la scène française réduit à peau de chagrin depuis le départ de son chanteur. Notons par ailleurs que TREPALIUM a connu récemment la même déconvenue : parviendra-t-il à garder une assise solide malgré ce changement majeur dans son line-up ? En tout cas, il reste cette question fondamentale que pose le destin d'HACRIDE : un groupe peut-il conserver son aura une fois un morceau de son âme arraché ? Un projet artistique peut-il être traité comme la créature de Frankenstein, avec des bouts épars qui tenteraient de donner forme à un ensemble ? Vous avez six heures.

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- Luiss Roux (chant)
- Adrien Grousset (guitare)
- Florent Marcadet (batterie)
- Benoist Danneville (basse)


1. We Do Not Mourn
2. Treasure This Pain
3. These Walls Won’t Tremble Anymore
4. Red Oak Tree



             



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