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MESSA - Belfry (2016)
Par DARK BEAGLE le 28 Mai 2021          Consultée 1401 fois

C’est la pochette qui m’a donné envie d’écouter ce disque. Cela aurait pu être n’importe quoi, du Death, du Black, du Drone, de l’AOR qui se serait trompé d’imagerie, j’assumais entièrement. Pourquoi ? Parce que la photo de ce clocher qui dépasse de l’eau est celui du lac de Resia, en Italie du Nord et que ce coin, avant d’être submergé par les eaux, fut le berceau d’un pan de ma famille (mode je raconte ma vie). Et ce cliché en noir et blanc ne rend l’endroit que plus lugubre, le décor idéal pour une histoire de Hellboy aux résonances tragiques. Je me suis donc plongé dans l’inconnu, espérant avoir une bonne surprise.

Et l’instrumental qui ouvre l’album a failli me faire déchanter. Mais grave. En soirée de Metalleux, je déteste quand quelqu’un pense que mettre du SUNN O))) instaure forcément une bonne ambiance. Et là, je fais face à une espèce de Drone, avec ces notes tenues le plus longtemps possible au point de ressembler à une espèce de bourdonnement insalubre. Plus de quatre minutes durant lesquelles je me demande dans quel guêpier je me suis fourré en quelque sorte. Puis le groupe enchaîne avec "Babalon" et la magie commence à opérer.

MESSA, en italien, signifie « messe » et c’est également une forme conjuguée pour le verbe « mettre ». Et si le nom semble terriblement bateau, il convient parfaitement à la formation transalpine, qui possède une espèce de solennité froide. Les musiciens proposent une musique vraiment très lourde, renforcée en ce sens par une lenteur effroyable, qui ne s’efface pas tant que cela pour laisser pointer un soupçon de vitesse. C’est le chant de Sara Bianchin, la chanteuse, qui vient souvent apporter quelques variations subtiles. Elle peut très bien déclamer de sa voix profonde avant de se faire plus sentencieuse ou au contraire, s’animer d’une vie portée par le désespoir sans qu’elle ne devienne ridicule.

Forcément, elle est le point de mire de ce disque. Elle l’habite, elle lui donne une âme torturée qui lui va comme un gant. Elle nous fait presque oublier la lourdeur de la musique autour d’elle tant elle dégage quelque chose d’angélique. Mais attention, pas de l’angélique bling bling à grand renfort de trompettes, plutôt le genre ange de la Mort qui vient annoncer au défunt qu’il a pénétré dans l’autre Monde et qu’il n’y a pas de marche arrière possible. Et quand elle se tait, que son tour est passé, la musique reprend ses droits et l’on se rend alors compte qu’elle est bien moins figée qu’il n’y paraît. Cela tend presque à de la fantasmagorie.

En mode rythmique, le but est clairement de trouver le son le plus lourd possible, à l’instar de Tony Iommi sur les premiers BLACK SABBATH, groupe avec lequel nous pouvons faire quelques ponts ("Hour Of The Wolf"). En revanche, quand Alberto Piccolo se lâche sur un solo, il n’est pas foncièrement le plus démonstratif, mais il contribue à faire évoluer l’ambiance, créant des lignes d’où naît une espèce d’angoisse froide et insidieuse ("Babalon" encore). MESSA n’est pas figé et surtout, MESSA laisse rejaillir ses idées au travers des compositions qui semblent à première écoute très monolithiques, mais qui proposent de belles variations.

J’évoquais "Hour Of The Wolf" un peu plus haut. Pour ma part, c’est le titre que je préfère sur cette galette. Pourquoi ? Parce que le groupe part dans un délire où l’on ressent toute cette influence Blues et Rock qui vient apporter un petit vent de fraîcheur et aussi parce que Sara livre une prestation superbe dessus. Quel coffre ! Elle se fait pour l’occasion plus virulente, plus sensuelle également, lorgnant un peu vers ce que pouvait proposer PSYCHEDELIC WITCHCRAFT. Quant au solo final, il s’agit du moment le plus Rock’N’Roll de l’album, un instant de fraîcheur qui n’est pas déconnant avant de devoir affronter le reste.

L’architecture de l’album est délicate. Plusieurs instrumentaux viennent encadrer les morceaux, mais ce n’est pas forcément pour aérer un ensemble qui respire malgré tout (tout le passage Jazz de "Blood", ponctué par une psalmodie habitée de Sara). Ils sont des espèces de ponts, qui amènent à une continuité, qui lient le tout ensemble. Et ils contribuent également à poser des ambiances, à l’image de "Tomba", lugubre à souhait avec ces bruits d’eau qui goutte terriblement évocateurs. Bonjour l’insalubrité du tombeau…

Si la première version du disque, en sortie indépendante, s’arrêtait sur "Bell Tower", un instrumental faisant directement écho à la pochette (et peut-être aux on-dit qui racontent que certaines nuits, on peut encore entendre les cloches de ce beffroi qui jaillit de l'eau sonner, alors qu'elles ont été retirées depuis longtemps... Je vous le dis, ça sent bon le Hellboy tout ça), la version digipack et le double vinyle qui suivirent chez Aural Music proposent deux morceaux supplémentaires, qui prolongent l’agonie d’une douzaine de minutes. Si "Outermost" n’apporte rien de plus par rapport aux précédents morceaux malgré de belles références entre fin '60 et early '70, "Confess" termine l’album sur une note plus intimiste, à la guitare acoustique, mais ne cherchez pas le truc joyeux, même sur cet exercice MESSA parvient à dégager quelque chose de très froid et pesant.

Soyons d’accord sur un point : MESSA n’est pas le groupe le plus original qui soit. La formule est assez typique dans l’univers Doom et ceux qui ont flashé sur cette pochette décidément hantée pourraient bien être déçus. En revanche, la formation mène très bien sa barque et ce qu’elle n’a pas en originalité, elle le compense avec un talent d’écriture certain, en ayant pas peur de faire cohabiter des influences qui pourraient ne pas très bien se marier. Un point d’équilibre a été trouvé et si l’ensemble peut s’avérer parfois un peu rébarbatif, il n’en demeure pas moins que ce "Belfry" est un très bon album, éprouvant par moments, mais soigneusement écrit et interprété.

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- Sara Bianchin (chant)
- Mark Sade (guitare, basse)
- Alberto Piccolo (guitare)
- Mistyr (batterie)


1. Alba
2. Babalon
3. Faro
4. Hour Of The Wolf
5. Blood
6. Tomba
7. New Horns
8. Bell Tower
9. Outermost
10. Confess



             



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