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2020 Re Imaginos
 

- Membre : Blue Öyster Cult

Albert BOUCHARD - Re Imaginos (2020)
Par DARK BEAGLE le 16 Avril 2021          Consultée 2318 fois

Il ne doit pas être facile de vivre le fait d’être dépossédé d’un projet que l’on a porté contre vents et marées durant des années, en continuant d’y croire envers et contre tout. Devoir faire des concessions est le lot de tout le monde. Mais devoir courber l’échine au point de vivre cela comme une trahison doit être dur à encaisser. Et pourtant, Albert Bouchard l’a fait quand son projet de concept album "Imaginos", basé sur des poèmes de Sandy Pearlman est devenu par quelques menus truchements un album de BLUE ÖYSTER CULT, que le batteur avait quitté en 1981. Certains diront que c’est un camouflet, d’autres qu’il s’agit d’une décharge de chevrotine en pleine tronche.

Après, Albert avait convenu de lui-même que son nom seul ne suffirait pas à porter le projet jusqu’à la fin auprès des maisons de disque, ni même auprès du public. Voilà où il en était en 1988. Par la suite, il a formé BRAIN SURGEONS (où jouait un certain Ross The Boss, présent ici également) avant de se lancer dans une carrière solo qui navigue entre des rivages Rock et des plans plus acoustiques. Et en fin d’année 2020, alors que ses anciens compères sont sortis d’une longue période de silence avec l’excellent "The Symbol Remains", il publie ce "Re Imaginos" à la pochette nettement moins lugubre que le modèle original.

Ici, Bouchard nous présente "Imaginos" tel qu’il aurait dû être, avec des chansons supplémentaires et un ordre sensiblement différent. Mais avant tout, "Re Imaginos" n’est pas un disque de Hard Rock, encore moins de Heavy Metal, il convient de l’écouter sans a priori et surtout, sans se focaliser sur la version de 1988. Ici, nous sommes en présence d’un Rock plutôt cool, qui fait parfois penser à du Neil YOUNG, ou qui se laisse volontiers travestir dans des atours Folk qui sont ma foi plutôt réjouissants. L’histoire reste la même, sombre, sinistre, parfois flamboyante, mais ce qui l’entoure, la narration musicale diffère donc.

Disons-le tout de suite, le gros point noir de cet album réside dans le chant d’Albert Bouchard. Il n’a plus l’impact qu’il avait dans ses jeunes années, ça, cela faisait un moment que l’on pouvait l’entendre pour peu que l’on se soit intéressé à BRAIN SURGEON et ses efforts solo et il manque clairement de puissance. Certes, il n’a jamais été aussi spectaculaire qu’Eric Bloom ou aussi suave que Donald Roeser, mais là on le sent parfois un peu à la peine. Étrangement, par moments, cela va créer une espèce de charme qui fonctionne plutôt bien ("Siege And Investiture Of Baron Von Frankenstein"). Mais globalement, il a une voix de personne âgée, un peu chevrotante, pas toujours bien assurée – alors qu’il est plus jeune que Bloom.

En revanche, pour peu que l’on écarte de son esprit "Imaginos", "Re Imaginos" est plutôt une bonne surprise. La guitare reste présente, plus policée, moins aride, mais d’autres instruments s’invitent à la fête, comme un violon, des cuivres. Le clavier est également plus important sans être forcément trop envahissant et l’on redécouvre complètement un album. Effectivement, il aurait été saugrenu de refaire "Imaginos" comme il a été publié la première fois en y rajoutant deux trois morceaux et en changeant l’ordre des titres. Cela n’aurait pas justifié un album entier. "Re Imaginos" n’est pas un disque unplugged non plus, l’électricité s’invite à plusieurs reprises sans pour autant déchirer la nuit.

"Re Imaginos" est une véritable réinterprétation d’une œuvre qui fut maudite à sa sortie avant d’être réhabilitée avec le temps par de nombreuses personnes, même si ce disque divise toujours et cet album solo de Bouchard pourrait bien suivre la même voie. En effet, qui a envie d’entendre une énième version de "Astronomy", titre qui a été usé sur les platines encore, et encore, à l’instar d’un "Stairway To Heaven" de vous-savez-qui ? Qui a envie de se farcir un disque qui rejoue des chansons sans leur dynamique d’origine ?

Mais c’est justement ça l’intérêt de la vision d’Albert Bouchard. Il nous narre l’histoire, comme un vieux barde au coin du feu, sur des morceaux qui connaissent une deuxième vie (je mentionnais "Siege And Investiture Of Baron Von Frankenstein" plus haut, il s’agit d’un morceau qui a radicalement changé dans sa forme, mais qui reste immédiatement reconnaissable). La force de ce disque est de réussir à conserver les mélodies originales, mais en les dépouillant de leurs atours typiquement Metal, pour faire quelque chose au final plus personnel, avec des hauts et des bas, certes, mais beaucoup d’engagement de la part de Bouchard.

Alors oui, tout n’est pas parfait. On comprend presque pourquoi "Girl That Love Made Blind" a été écarté en 1988 tant le morceau, avec son aspect Noël, semble mièvre. "Magna Of Illusion" perd également au change, le titre manque complètement de souffle et ne fait que servir de tremplin pour "Les Invisibles" au final. On sourira devant le côté un peu forcé de l’enjouement du refrain de "Del Rio Song", un titre pour lequel Bouchard passe complètement à côté vocalement. Mais petit à petit, la magie finit par opérer et on entre alors dans le disque et on se met à l’apprécier.

Car finalement, cette nouvelle version de "Astronomy" dégage beaucoup de sensibilité, elle en devient intimiste tant elle semble dépouillée. "Blue Öyster Cult" est une petite merveille. C’était déjà un hymne sur la version de 1988, mais elle ne perd rien de son charme ici. Et au final, ce qui compte, c’est que l’on n’a pas l’impression d’avoir perdu plus d’une heure de sa vie à avoir écouté cet album, même si certains se montreront sceptiques quant au résultat final, ce qui est normal. Trente-deux ans séparent les deux versions, il est donc difficile de redécouvrir l’œuvre sous une forme différente.

Car c’est là le défaut majeur de cet album : il arrive bien trop tard. Albert Bouchard n’est plus au top de ses capacités vocales, et si avec la magie d’Internet les gens savent qui il est, combien de jeunes seraient prêts à écouter le disque d’un mec qui a vu l’opus sortir en 1988 via son ancien groupe ? Sans être tout à fait une revanche (l’eau a coulé sous les ponts, Albert est en paix avec ses anciens camarades), "Re Imaginos", malgré de belles qualités, ressemble avant tout à une volonté personnelle, celle de vouloir aller jusqu’au bout des choses malgré tout, pour ne pas avoir de regrets. À découvrir, pour les plus curieux.

Note réelle : 3,5/5 passé à 3 en raison de quelques morceaux moins convaincants sous cette forme et pour la voix de Bouchard qui a quand même pas mal perdu depuis une dizaine d’années.

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   DARK BEAGLE

 
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- Albert Bouchard (chant, guitare, batterie)
- David Hirschberg (guitare, basse, chant, invité)
- Prince Omega (chant, guitare, batterie, claviers, invité)
- Ross The Boss (guitare, invité)
- Vaughan Burton (guitare, invité)
- Jack Rigg (guitare, invité)
- Rj Ronquillo (guitare, invité)
- Mookie Thomas (claviers, chant, invité)
- Ace Bouchard (claviers, invité)
- Joe Bouchard (piano, trompette, invité)
- Greg Holt (violon, invité)


1. I Am The One You Warned Me Of
2. Del Rio Song
3. In The Presence Of Another World
4. Siege And Investiture Of Baron Von Frankenstein
5. Girl That Love Made Blind
6. Astronomy
7. Imaginos
8. Gil Blanco County
9. Blue Öyster Cult
10. Black Telescope
11. Magna Of Illusion
12. Les Invisibles



             



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