Je faisais remarquer à mes potes de Nightfall l'autre jour que notre site bien adoré était mûr pour avaler un bon cru de Black Mélo. Pas du Black à panda avec quelques trémolos ici et là et une mélodie cachée dans un enchevêtrements de bastons maléfiques, non, du vrai Black Mélo bien aéré, galopant et entraînant qui vous donne la force nécessaire pour défoncer les quatre murs de votre pièce et les quatre de la pièce d'à-côté. "Invictus" SVP, approchez !

MAGOTH est formé de quatre zicos plutôt inconnus au bataillon, à part peut-être le batteur, Alator, qui a un curriculum plus étoffé que les autres. Mais la majorité des bons coups de cet atome grésillant émane de muscles qui n'ont pas trop bûché. En plus, les Allemands n'en sont qu'à leur troisième album, alors la fougue des jeunes destriers s'empare d'eux comme un diable au corps. Attendons-nous au pire…

Et effectivement, le résultat est un souffle volcanique et sulfureux à la dégaine carrée et à l'écrin en double kevlar pour une protection ultime. Une bombe emprisonnée dans une capsule étanche, en somme, de quoi vous dérouiller sans vous décontenancer outre mesure si vous êtes un initié. Bref, du Black Mélo à la production massive, à l'interprétation sauvage et contrôlée, des montagnes de riffs assassins qui vous feront oublier vos nostalgiques écoutes de NAGLFAR et WATAIN, quand vous croyiez que ce sous-genre ne pourrait que se plagier dans un futur proche tellement son champ lexical et musical vous paraissait limité.

MAGOTH nous prouve le contraire en enchaînant les volées de couteaux étincelants pour remplir un simple et unique objectif : vous permettre de décrocher, de cracher vos poumons et de vous shooter une dangereuse dose d'adrénaline. Certes, "Invictus" ne rue pas dans les brancards durant quarante-et-une minutes sans décélérer, mais même quand il tempère le tempo, il trouve le moyen de nous offrir de superbes et obscures mélodies, comme sur "Ikaros", "Cain" et "Ascension", le ventre plus flasque de l'album, qui tire pourtant son épingle du jeu. Les Allemands ne pouvaient quand même pas nous harceler avec du riffing de dingue digne de "Possessed By Anxiety" ou "The False King" du début à la fin !

Ce qui rend "Invictus" si bon est sa constance et les élans de folie bien parsemés de l'orchestre, de l'intro instrumentale à la colossale finale "Resurrection Of A Deceived God". MAGOTH est un solide combo qui, sans rien inventer, nous permet de continuer d'apprécier le Black Mélo teuton et de cultiver un enthousiasme réel face à ces agressions qui ont de la gueule. Putain, personne ne viendra me dire qu'il s'est endormi en écoutant "Entering The Cavern Of Grief" ou la pièce-titre ! Ces mecs ont des choses à hurler (bravo au passage à Heergott, très bon coffre !) et ils le font habilement, guidés par le souffle putride du Metal Extrême baraqué et bien tassé.

Que l'on compare MAGOTH à qui vous voulez, ce qui fera la différence en bout de piste est la qualité des compos et la capacité des riffs et mélodies à se graver un bout de lard dans votre cervelet. "Invictus" a suffisamment de poil au ventre pour obtenir plus de positifs que de négatifs dans ses colonnes. Plaisir assuré à ne pas bouder !

Fortement recommandé pour les maniaques de BMM, qui ne pourront s'empêcher de se le taper en boucle.

Podium : (or) "Entering The Cavern Of Grief", (argent) "The False King", (bronze) "Resurrection Of A Deceived God" et "Possessed By Anxiety".

Indice de violence : 3,5/5.