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DARK-PAGAN/DOOM-METAL  |  STUDIO

Lexique doom metal
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2016 Disir
2017 Ancestors
2020 Death Cult
 

- Style : Jarboe
- Membre : Blood Ceremony
 

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VÖLUR - Death Cult (2020)
Par WËN le 6 Janvier 2021          Consultée 2197 fois

Si parmi les nouvelles formations de cette seconde moitié de décennie, vous me demandiez de n'en retenir que les plus marquantes, pour sûr que VÖLUR ferait partie de la poignée finale. Car bien malheureusement, à l'heure actuelle, rares sont les combos parvenant à me charmer à chacune de leurs sorties et à me transporter si loin avec tant d'intensité pour me laisser complètement vidé, exténué mais heureux, à l'orée de leurs fourrés boisés. Nul "C'était mieux avant" ici, car ce ne sont évidemment pas les très bonnes sorties qui manquent, mais en tout cas, des formations récentes de cette trempe parvenant à déclencher cette soif inextinguible à chaque nouvel extrait dévoilé, c'est un fait, je n'en vois plus beaucoup.

Et si - de sa démo initiale devenue album ("Disir", 2014/2016) à son dernier EP en date sorti en début d'année ("Veiled City", feat. l'impro-jazziste Michael Eckert, pour une immersion dans les rues d'une Gondolin en flammes) - le trio torontois n'a eu de cesse de me titiller la corde sensible (*), c'est pour tout un ensemble de raisons, il faut bien le dire, qui le rendent particulièrement unique. À commencer par sa formule qui, dans le milieu des musiques saturées où parier pour une approche dénuée de guitare fait office d'une sacrée gageure, le rend forcément original. Mais pas que. VÖLUR, c'est aussi un hommage à la Femme, puissante et mystique, incarnée au fil des âges au travers des pythies, vestales, sorcières et autres voyantes (les völva, dont le patronyme de vous-savez-qui en est le pluriel n'étaient-elles d'ailleurs pas des prophétesses/prêtresses au sein des anciens peuples germaniques).

Musicalement, en résulte un enivrant (mais écrasant) brassage d'influences et de styles restitués au sein d'un obscur et improbable Dark-Pagan-Doom-Tribal 'à violon' aux longues embardées instrumentales et expérimentales (si encore peut-on parler d'expérimentation lorsque ceci s'inscrit à ce point en profondeur dans les gimmicks de composition). Les fondations sont posées et ce troisième LP ne saurait déroger à la règle. Comme de coutume, le tout sait virevolter au gré de caresses folk grinçantes (le solo de violon de "Dead Moon") ou, au contraire, devenir subitement accablant dès que la basse décide de se faire pachydermique, accompagnée d'un growl de rigueur ne trainant jamais très loin et n'attendant qu'un prétexte pour se mêler à cette trance frénétique. Car c'est aussi ça la force de VÖLUR : savoir tirer toutes les possibilités du panel que lui offre son trio de musiciens (alternance des chants extrême/clair féminin/masculin, les chœurs, la saturation sur les différents instruments, etc.) afin d'enfoncer au maximum la tête de son auditorat dans l'humus frais. Si bien que l'absence de guitare, finalement, on en viendra rapidement à s'en shampouiner le champignon, tant l'on n'y prêtera guère attention…

Derrière ce tableau qui pourrait de prime abord donner l'impression de s'inscrire dans une toute logique continuité (ce qui est le cas, mais …), notons néanmoins que le groupe n'hésite pas, ici, à pousser encore plus loin les frontières distordues de son art, parvenant plus d'une fois à nous attraper dans ses rais sylvestres, pour peu que nous osions pénétrer plus avant en ses coriaces fourrés. Si "Ancestors" (2017) nous tartinait la tronche de ses rites ancestraux et brutaux à la lourdeur sans équivoque, ce "Death Cult", par le retour de la Femme au centre du débat via ces quatre rites lui étant dévolus (on vous laisse juger un peu la tracklist), sera davantage à rapprocher de la première œuvre du trio. À la différence près que notre VÖLUR, cette fois-ci initialement inspiré d'un culte germanique à Nerthus (**) évoqué dans la "Germanie" de Tacite, prend plaisir à extrapoler autour de ce thème, en nous décrivant ses propres et sordides cérémonies… Là, où "Disir" nous renvoyait à des figures féminines fortes et protectrices, le bien-nommé "Death Cult" en fait des divinités néfastes et destructrices (une approche dans l'ombre du terrifiant "Mahakali" de JARBOE, 2008).

Les explorations sonores du combo, elles aussi, s'invitent à nouveau à l'orée des mangroves de prédilections des Canadiens. Cela va notamment se traduire par l'incorporation intelligente de nouveaux éléments, qu'il s'agisse d'instruments moins conventionnels (ce putain de violoncelle sur cet immersif "Dead Moon", la clarinette basse de "Freyjan Death Cult"), de quelques chœurs et lignes vocales balancés par une certaine Alia O'Brien (BLOOD CEREMONY, également manageuse du groupe), ou encore de phrasés irrespectueusement jouissifs ("Freyjan Death Cult" et ses soubresauts jazzy, la signature rythmique finale de "Inviolate Grove", les escapades phrygiennes sur "Dead Moon") qui, de concert, en viennent à rehausser l'impact de ces paysages sonores plus enivrants que jamais. Des monts et des vaux vibrants aux improvisations du violon hypnotique et frénétiquement tribal de la mère Bates qui, tant farouche qu'indomptable sur ce cru 2020, se démène telle la sauvage valkyrie de ces bois (cf. l'intensité crescendo de "Inviolate Grove", ou ses déchirants apartés sur "Dead Moon"), tandis que basse et batterie y vont de leurs pelletées de terreau respectives (le grave "Reverend Queen", la montée en puissance et le groove imparable qui en découle sur "Inviolate Grove" (5'10), la ballade forestière-jazzy à 4'40 sur "Freyjan Death Cult"). Sidérant.

Abonné aux sélections du site, mais conscient que tous les albums d'un artiste donné ne peuvent légitimement y accéder (on s'inscrit là dans une coutume de très bonnes sorties dont on connaît la qualité intrinsèque, laissons la place à d'autres formations prometteuses), ce "Death Cult" s'avère néanmoins une franche réussite. En réservant ses attraits les plus insaisissables à l'EP sorti en cours d'année ("Veiled City"), et en ne garnissant ce présent disque que du strict nécessaire, VÖLUR a donc la bonne idée d'aller à l'essentiel et, à notre avis, d'encore franchir un palier quant à la maîtrise de son art, en lui conférant une force tellurique, un magnétisme tout particulier ! Homogène, rudement efficace, les Canadiens répondent à tous ces espoirs placés en eux pour cet album qui ne saurait cacher un petit quelque chose de politique, car nul doute que le groupe, derrière ses textes, tente d'embrasser une cause plus vaste en laissant s'exprimer ses craintes environnementales actuelles… et le rendant par là même terriblement concret.

Top 5 2020 direct, sans guère d'hésitation.

Note réelle : 4,5/5.


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(*) Seul son split "Breaker Of Rings" (2019), avec les prophétesses de AMBER ASYLUM, leurs co-équipières au sein de Prophecy Productions, m'aura finalement laissé sur le carreau … Sans doute trop ambient, il peine en effet à captiver, perdant plus d'une fois son propos en chemin.

(**) Nerthus, divinité de la fertilité, parfois associée à Mère-Nature, est communément représentée par une silhouette voilée, tirée par un attelage de génisses, et dont la pochette s'en veut une représentation. Les interprétations divergent, mais le culte en question tel que décrit sur "Inviolate Grove", consistait à emmener les quatre esclaves en charge du rituel visant à laver/purifier son idole, sur une ile isolée pour les noyer en guise de sacrifice.

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- Laura C. Bates (chant, violon, alto, synthés)
- Lucas Gadke (chant, basse, contrebasse, piano, orgue)
- Justin Ruppel (batterie, percussions, synthés, chant)
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- Alex Mcmaster (invité, violoncelle, chant sur 2,3)
- John D. Williams (invité, clarinette-basse sur 3)
- Alia O'brien (invitée, chant sur 3,4)


1. Inviolate Grove
2. Dead Moon
3. Freyjan Death Cult
4. Reverend Queen



             



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