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DOOM/DEATH MÉLODIQUE  |  STUDIO

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2020 Solve Et Coagula
 

- Membre : Slumber, Jari Lindholm
- Style + Membre : Enshine
 

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EXGENESIS - Solve Et Coagula (2020)
Par T-RAY le 21 Décembre 2020          Consultée 2491 fois

Quel beau disque que ce premier effort longue-durée d'EXGENESIS... "Solve Et Coagula" est d'une splendeur ! De celles capables de vous immerger totalement dans ce maelstrom de sentiments que le Doom Metal est à même de générer. Je n'avais plus été aussi ému par un album du genre depuis ma première écoute du "The Call Of The Wretched Sea" d'AHAB l'année de sa sortie, en 2005. Et pourtant, j'en écoute, du Doom ! Peut-être pas autant que nos experts en la matière, le sieur Wën et le trop rare Lyrr, et encore moins que notre ex-chroniqueur émérite, Mox, mais tout de même : le genre fait partie de ceux qui reviennent le plus souvent dans mes écoutes hebdomadaires, voire quotidiennes.

L'œuvre dont vient d'accoucher la formation suédo-colombienne est tout bonnement remarquable. À de nombreux points de vue, bien que certains de ces points de vue soient forcément subjectifs, puisque la musique, et à plus forte raison le Doom Metal, est faite pour être ressentie avant d'être pensée, avant d'être intellectualisée. Et parce que l'on ressent chacun les choses différemment, mon avis sur cet album ne sera sans doute pas le vôtre. Mais il y a malgré tout des mérites que l'on est forcé de reconnaître à ce debut album d'EXGENESIS. À commencer par sa très forte expressivité. Le trio de musiciens y déborde de sensibilité, quel que soit le ton qu'il adopte.

Que le ton soit grave, tout d'abord. Ainsi, le magnifique "Holowness", qui tutoie par moments le Funeral Doom, de par la pesanteur de sa rythmique, la profondeur de son atmosphère et le désespoir qui l'habite, sans jamais s'y abandonner totalement toutefois, est hanté de bout en bout par les râles gutturaux de l'impressionnant Alejandro Lotero, dont le growl est capable de se montrer tout à la fois plaintif et menaçant. Ce premier titre est hanté tout autant par les mélodies de guitare de Jari Lindholm, qui apportent d'emblée à ce premier L.P. un petit air d'inéluctable. Lorsque l'on franchit le seuil des trois minutes, suffisantes pour s'immerger dans l'univers du groupe, EXGENESIS nous happe définitivement pour ne plus nous relâcher avant un bon moment. D'autant que le combo se permet même une soudaine et irrésistible accélération à l'approche des cinq minutes, rappelant ainsi combien son Doom doit au Death.

Que le ton soit plus léger, ensuite, comme le laisse entrevoir la doublette qui donne à l'album son titre, "Solve" et "Coagula". L'instrumental "Solve" donne en effet à entendre toute la nostalgie qui peut se dégager des seules parties de guitare de Lindholm, qui se font ici plus aériennes que jamais, presque lumineuses, bien secondées par quelques nappes atmosphériques bienvenues. Puis "Coagula", qui permet à Lindholm et Lotero de gratter en harmonie - le vocaliste étant aussi guitariste - et d'enchevêtrer leurs lignes instrumentales dans un remarquable écheveau aux multiples nuances, révèle combien le Doom Metal d'EXGENESIS peut se montrer aussi bien chaleureux que froid.

Il suffit des trois morceaux précités pour se rendre compte de la remarquable palette de sentiments qu'est capable de remuer le trio. Ce qui frappe, en effet, chez EXGENESIS, c'est son égale capacité à exprimer l'espoir et la résignation, la peine et le soulagement, la colère et l'apaisement. Bien entendu, le talent instrumental est essentiel pour y parvenir et celui de Jari Lindholm, véritable maître d'œuvre du trio, éclate au grand jour sur la plupart des titres interprétés ici, que se soit en rythmique, en lead et au solo, et celui de "Coagula", en l'occurrence, mettra beaucoup de monde d'accord. Mais c'est surtout un talent d'artiste qu'il faut pour réussir un aussi beau tableau que ne l'est ce premier album.

EXGENESIS, en effet, sait peindre en notes ce qu'il ressent et ce qu'il veut nous faire ressentir. Et il parvient à nous le faire ressentir au détour de chaque riff ou presque. D'ailleurs, la formation latino-scandinave n'en est pas avare, de riffs. L'ardent et captivant "Embers" en compte deux, aussi superbe l'un que l'autre, et le second succède au premier pour emmener le morceau vers un fade out inexorable dont on ne voudrait jamais s'échapper. Quant à l'un peu plus traditionnel "Where The Hope Ends", dont l'ambiance générale semble d'abord vouloir contredire le titre avant que tout motif d'espoir s'envole pour de bon, il en compte même davantage ! Et "Truth" vient confirmer la tendance : EXGENESIS ne se satisfait jamais d'une seule phrase mélodique, quand bien même il la répète souvent.

La "vérité" du Doom/Death mélodique d'EXGENESIS, c'est qu'il ne saurait y avoir qu'une seule face à chaque pièce de ce disque. Si l'ombre et le sombre sont inévitablement présents, et en force, lumière et clarté ne sont jamais mises de côté et servent immanquablement les compositions, même celles dont la noirceur semble la plus impénétrable. Arpèges et parties de guitare plus clean sont notamment là pour éclairer les moments les plus tragiques de chaque morceau, et nulle part leur usage à cet escient n'est plus flagrant que sur l'élégant et dramatique "Stasis", qui vient conclure l'album sur une pointe de grâce que le début du disque n'augurait pas, lui qui tendait plutôt vers le grave.

La formule quasi magique qu'EXGENESIS met en application sur "Solve Et Coagula" me contraint presque à lui attribuer la note maximale, d'autant que la formation parvient à contenir son Doom en à peine moins de trois quarts d'heure, performance qui s'apparente à un exploit dans le domaine. Mais puisque la fameuse formule montre une certaine limite sur un "Intracosmos" qui s'avère un poil trop plat, du moins en-deçà du niveau des autres compositions de ce disque magistral, malgré les "nostalgiaaaaa" déchirants lâchés par Alejandro Lotero, le trio à cheval sur deux continents ne fera pas partie des rares artistes à obtenir cinq étoiles sur NIME en 2020…

Néanmoins, c'est bien au firmament du Doom qu'EXGENESIS aspire et il ne faudra pas s'étonner s'il parvient à s'y inscrire dès son prochain album. On peut d'ores et déjà prendre les paris. En attendant, "Solve Et Coagula" n'a toujours pas fini de tourner sur ma platine et peut-être qu'il ne la quittera qu'une fois son successeur né. Qui sait ?

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   T-RAY

 
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- Jari Lindholm (guitare, basse, programmation)
- Alejandro Lotero (vocaux, guitares additionnelles)
- Christian Netzell (batterie)


1. Hollowness
2. Embers
3. Where The Hope Ends
4. Truth
5. Solve
6. Coagula
7. Intracosmos
8. Stasis



             



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