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DEATH ATMO/PROG  |  E.P

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E.P

2020 Aletheia
 

- Membre : Atramentus

SUTRAH - Aletheia (2020)
Par T-RAY le 8 Août 2020          Consultée 1148 fois

Le Death Metal peut-il être un instrument de relaxation au-delà de la catharsis qu'il permet naturellement ? Devenir un outil qui puisse faire office de bande sonore à une séance de méditation ? Je vous arrête tout de suite : cette chronique ne répondra pas à ces deux questions. Mais elles méritent néanmoins d'être posées, surtout en présence de cet E.P. des Québécois de SUTRAH, auteurs d'un premier opus studio remarquable et remarqué en 2017 et qui, en 2020, ont décidé de se fendre d'un quasi-album. Eh oui, avec ses 28 minutes et 25 secondes, l'ouvrage est à une demi-minute près d'être aussi long que le "Reign In Blood" de SLAYER, qui compte pourtant plus du double de morceaux - méritant par-là même son appellation de L.P. - et s'avère l'antithèse d'une œuvre de relaxation.

"Dunes", début album de SUTRAH, avait posé les bases d'un style original qui ne demandait qu'à s'affirmer encore davantage. Une musique pétrie d'influences extrême-orientales ou, à tout le moins, venues du sous-continent indien et des Îles de la Sonde qui constituent une bonne partie de l’Indonésie d'aujourd'hui. Ce disque, dont l'esprit devait beaucoup à la spiritualité et la mystique hindoue, permettait de se projeter dans un ailleurs aussi aisément que l'écoute d'un album de CYNIC le permet. D'ailleurs, la formation de Paul Masvidal a longtemps été l'une des seules, dans le Death Metal, à parvenir à générer une sensation d'apaisement, de profonde détente capable d'amener à la paix des sens. Désormais, le voilà rejoint par SUTRAH dans cette particularité.

Sauf que le groupe montréalais atteint un degré de contemplation supérieur sur "Aletheia". On plane littéralement à son écoute et le disque est l'une des très rares œuvres de Death Metal capables de générer un sentiment particulièrement absent de ce genre musical, en général : l'optimisme. Ici, la dissonance typique du Death est projetée vers des tonalités bien moins sinistres que de coutume et tout l'amour du groupe pour les passages atmosphériques se révèle au grand jour, même si l'on pouvait déjà le constater un peu à l'écoute de "Dunes". L'usage du gangsa, instrument à percussion d'origine indonésienne, contribue d'ailleurs fortement à cette impression de voyage dans l'espace comme dans l'esprit.

C'est pourquoi l'on se laisse volontiers porter, voire flotter sur le cours de la musique de SUTRAH au fil des quatre titres qu'il nous propose. Ici, les morceaux pairs agissent comme variations des morceaux impairs et le côté Atmo de ces derniers est superbement contrebalancé par la rugosité et la puissance des premiers. La délicatesse et la retenue de "Umwelt", qui nous cueille et nous élève dans les airs avec légèreté, tranche avec l'aspiration subite que nous inflige "Lethe", qui reprend le thème de son prédécesseur mais nous entraîne, lui, dans les vent violents d'un typhon duquel il est difficile de s'échapper, à part temporairement, une fois atteint l'œil du cyclone, dans lequel l'on retrouve l'apaisement ressenti quelques minutes plus tôt.

Cette "Variation I" que forment les deux titres est une pièce sur laquelle chaque face se répond avec justesse. Mais c'est sur la "Variation II" que SUTRAH réveille véritablement sa facette la plus Prog et la plus technique. Car "Genèse" déborde allègrement du cadre fixé par le très doux et subtil "Dwell". S'il s'agit bien d'une variation, elle fait varier de multiples façons le thème de "Dwell". Et si "Genèse" commence pareil, en flottant dans les hautes couches de l'Atmo, elle s'envole encore plus haut là où le frottement de l'air embrase les corps lorsque l'on atteint des hautes vitesses, ce que SUTRAH prend effectivement le temps de faire mais non sans nous avoir fait entrevoir la plus sereine des clartés.

Lorsque le groupe décide de taper fort, on est déjà presque au deuxième tiers du morceau. Et pourtant le voyage est encore loin d'être terminé et c'est là, au beau milieu des cieux, que SUTRAH dévoile tout son talent pour dépasser l'agressivité et la violence du Death Metal afin d'atteindre un degré de relaxation rarement entendu ni vécu à l'écoute d'un morceau du genre. Quels que soient les accès de brutalité qu'inflige la formation québécoise par la suite, ils glissent sur l'auditeur comme si celui-ci ne pouvait plus ressentir de douleur ni de malaise. "Genèse" nous enrobe de toutes ses couches musicales, tout en volupté, si bien que l'on se sent léger comme rarement on l'a été sur du Death.

"Aletheia", c'est une bouffée d'air pur et d'optimisme (oui, je réitère) bienvenue dans cette année 2020 morose et si l'E.P., bien plus porté sur le côté Atmosphérique, ne surprend pas autant qu'a pu le faire l'album qui l'a précédé, l'expérience sensorielle et spirituelle qu'il propose est suffisamment forte pour en faire l'une des plus belles sorties de ce premier semestre en termes de Death Metal, toutes catégories confondues.

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   T-RAY

 
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- Laurent Bellemare (vocaux, gangsa)
- Claude Leduc (guitare, gangsa, vocaux additionnels)
- Alex Bao (basse)
- Kévin Paradis (batterie)


1. Variation I.i - Umwelt
2. Variation I.ii - Lethe
3. Variation Ii.i - Dwell
4. Variation Ii.ii - Genèse



             



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