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POST/BLACK METAL ATMO  |  STUDIO

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2012 Al Azif
2014 Tekeli-LI
2017 Eod : A Tale Of Dark Legacy
2019 Cosmicism
 

- Membre : Gorod, Jeff Grimal
 

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The GREAT OLD ONES - Cosmicism (2019)
Par WËN le 11 Mai 2020          Consultée 4302 fois

En la sombre et à jamais grisâtre Carcosa, désormais abandonnée aux incessants balais de ternes mais néanmoins fantasques bourrasques, Quelque Chose sommeille. Seul l'immonde clapotis des noires eaux charriées par le tourbé lac de Hali ose à peine troubler ce silence décidément bien trop pesant. Pourtant, parmi ces ruines, une silhouette toute de jaune rapiécée et ourlée d'indéfinissables dorures, rôde, seulement précédée par les lents et traînants bruissements de ses pas. Ce spectre, suzerain d'une époque révolue, perdue en de reculés systèmes stellaires, continue à s'accrocher - par-delà les éons et d'insondables dimensions - aux tangibles filaments de notre réalité via ses secrets machiavéliquement chuchotés aux esprits influençables par-delà les plus épaisses ténèbres...

... Sur notre moribonde planète, son hôte, pèlerin hagard parcourant les mornes routes du vieux continent et bien évidemment inconscient de cet insidieux parasite qui le manipule, vous l'avez peut-être déjà croisé sous les traits d'un certain Benjamin Guerry (guitares, chant), âme damnée et véritable tête pensante de The GREAT OLD ONES. Le compositeur-parolier, entouré de sa horde de cultistes renouvelée (bye-bye Jeff Grimal (guitare, chant) qui demeure toutefois pour l'artwork (*), bienvenue à Benoit Claus (GOROD) à la basse), plus que jamais sûr de lui et du potentiel de sa déité muselée a décidé de prendre de l'altitude pour enfanter ici une bien majestueuse monstruosité.

Car c'est peu de le dire, mais ce quatrième bâtard est nimbé d'une atmosphère pour le moins glaciale. Glaciale mais enivrante. Pourtant, nulle brise australe héritée d'un périple polaire ("Tekeli-Li", 2014) ne souffle ici, pas plus que ne subsistent de quelconques sueurs froides qui viendraient vous glacer l'échine à l'approche de clopinantes déviances croisées sur une sordide jetée détrempée ("EOD", 2017). Non, ce froid ambiant qui règne ici en maître, c'est celui des grandes altitudes, des sommets inconnus, de l'infini stellaire, à la fois grisant et abominable… Déjà, à lui seul, ce mystérieux "Cosmic Depths" d'introduction, intriguant par tant de promesses entraperçues, fait baisser la température de quelques dizaines de degrés, annihilant toute once de chaleur ambiante en même temps que nos dernières et vacillantes lueurs de lucidité pour qu'enfin, nous les devinions, quelque par là-haut, en apesanteur, invisibles malgré leurs dimensions que l'on sait prodigieuses, ces farouches Grands Anciens, nous épiant en planant bien au-delà des plus hauts cirrostratus de nos sphères célestes. Non, nous ne sommes pas fous...

Le décor est placé, l'espoir anéanti.

Et ainsi, Ben et sa bande commencent à tisser leurs riffs et à intriquer leurs mélodies, sournoisement, mais habilement. Si sur le plan de la composition, la donne n'a pas tant changé que cela (le principal compositeur étant toujours en place), nous pouvons néanmoins vous assurer que le quintet franchit un nouveau palier en termes de maîtrise de son Post Black Metal tentaculaire. Le fluctuant gardien suit ainsi sa voie pavée de nébuleux secrets, tout en nous levant un voile nouveau sur ses arcanes cosmiques. Car sur la base de son précédent "EOD: A Tale Of Dark Legacy" - dont les ruelles suintantes devenaient trop étriquées pour son art indécent - duquel il conserve sans vergogne ces guitares sauvages déchaînées, érigées en véritables lames de fond comme autant d'inexorables tsunamis qui savent vous envoyer bouler du Gros Ancien au fond du riff ("Dreams Of The Nuclear Chaos", "A Thousand Young" ou la bonustrack réellement folle "To A Dreamer"), sur cette base, donc, il parvient à distiller un riffing fourmillant d'insidieux ornements, déjà par l'ingéniosité du travail congru des trois guitares qui vivent et se repaissent littéralement du travail de leurs consœurs ("Lost Carcosa") mais qui n'ont également de cesse de surprendre au sein même d'un pattern, par de brusques changements à vous désosser tout entier (le riff principal de "The Omniscient", les couplets aux relents de mort de "Lost Carcosa" ainsi que la reprise à la mi-chanson), rendant ainsi les compositions réellement vivantes... Et affamées. D'auditeurs, nous voilà passés acteurs de la tournoyante trame qui se joue ici. D'ailleurs, pour compléter cette horrifique toile, ajoutez à cela le fantastique travail de sape fournit par la batterie démente, puissante dans sa toute finesse, de Léo Isnard (second membre rescapé des jeunes heures de TGOO) qu'on ne saurait passer sous silence, tant elle est l'un des éléments-clé de la musique de la horde girondine.

En revanche, tout comme son prédécesseur semblait l'annoncer, les lents relents telluriques purement Post Metal de "Al Azif" et "Tekeli-Li" n'ont plus guère de place dans ce nouvel amas nébuleux, la sombre entité, désormais flottante, croissant de manière inopinée, à tâtons, au rythme de ses adorateurs sans cesse plus nombreux. Ce sont d'ailleurs chacun de ces brusques sursauts qui l'amènent à progresser, lentement mais sûrement, en s'appuyant sur ses acquis pour embrasser d'embrasés nouveaux horizons. À dessein sans doute, puisque l'ombre de Yog-Sothoth (Le Tout En Un Et Un En Tout) n'a jamais autant plané sur une des œuvres de la formation qu'ici : tout est dans le détail, mes chers ! Par exemple, qu'il s'agisse de mélopées masculines éparses semblant provenir tout droit d'un mausolée de granit tordu ("Dreams Of The Nuclear Chaos", les psalmodies de "Of Dementia"), de murmurés secrets ayant bravé les éternités du vide pour nous parvenir ("Nyarlathotep"), d'une basse fantasmagorique venant fugacement donner le change (l'indécent "Nyarlathotep", difficile d'avoir un GOROD en ses rangs sans lui faire à minima tâter de sa 5-cordes) ou encore et toujours, toujours ces inlassables leads de guitares sortis d'on ne sait quelle immensité cosmique ("Lost Carcosa", "Of Dementia" pour ses mélodies doublées, "A Thousand Young" pour ces envolées glaçantes et pour ses duels de guitare plutôt rares chez TGOO même si une excursion réussie avait déjà été menée sur "In Screams And Flames" de l'album précédent, le solo final de "Nyarlathotep") ; chacune des sept compositions pavant cette œuvre attend minutieusement son explorateur insouciant. Enfin, notons qu'à part ces deux brûlots cosmiques que sont "Of Dementia" et "Dreams Of The Nuclear Chaos" (sacralisant toute la furie du fougueux Azathoth) et qui foncent à toute blinde et sans tempo mort telles deux écumantes, fétides et noires locomotives de chairs mouvantes, The GREAT OLD ONES parachèvent leur tableau en prenant particulièrement soin de l'enrobage de leurs titres, veillant à ce qu'ils soient soigneusement introduits (là d'oniriques arpèges, ici des accords vaporeux). Bref, une multitude de petites et impies cachotteries qui ne tendent qu'à être découvertes et auxquelles nous devrons résolument tendre l'oreille pour embrasser ce "Cosmicism" dans sa totalité. Le détail, nous l'avons évoqué, y est impitoyable.

Et c'est sans aucun doute ce souci vertigineux de l'infiniment ténu, démesuré car porteur de tant de mystères, qui place ce nouveau recueil érigé une fois de plus à la gloire des Grands Anciens parmi les œuvres référentes du Lovecraftian Metal (qu'elles soient d'obédiences Black, Death (SULPHUR AEON, ïa ïa !!), ou Funeral Doom (TYRANNY, ALDEBARAN, THERGOTHON et toute une palanquées d'autres abominations). Un bon tentacule au-dessus de son prédécesseur, il nous est cependant encore hasardeux de le comparer à ce blafard morceau d'Antarctique qu'est "Tekeli-Li", plus immersif et viscéralement suffocant. Par contre, quant à savoir s'il marquera d'un semblable et indélébile jet d'encre la carrière de The GREAT OLD ONES à la manière de ce dernier qui lui, bénéficie dorénavant d'une demi-dizaine d'années de recul pour entériner son hégémonie, nous serions irrémédiablement tenter d'y répondre par l'affirmative tant ce "Cosmicism" force le respect en parvenant ainsi à rendre palpables les cauchemardesques Contrées du Rêve. Saisissant.

Un 4,5/5 mérité donc, résonnant avec la même intensité fantasmée qu'un "Tekeli-Li" en son temps (notre notation diffère là de celle de notre confrère de l'époque, pour tout vous dire) tant cet essai se classe de loin parmi les meilleures productions du genre de 2019, affichant d'ailleurs une très honorable troisième place dans notre TOP (pour ce qui est du Black Metal).

:::

(*) Comme à son habitude, il en signe un pour l'édition CD et un autre pour l'édition vinyle. Trois même, si l'on compte l'artwork exclusif à l'édition 'box-set' fournie avec son support à CD/statuette de Cthulhu (fhtagn) !

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- Benjamin Guerry (chant, guitare, compos, textes)
- Aurélien Edouard (guitare)
- Alexandre Rouleau (guitare)
- Benoit Claus (basse)
- Léo Isnard (batterie)


1. Cosmic Depths
2. The Omniscient
3. Of Dementia
4. Lost Carcosa
5. A Thousand Young
6. Dreams Of The Nuclear Chaos
7. Nyarlathotep
8. To A Dreamer (bonustrack)



             



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