Quand TEMPERANCE se forme courant 2013, ses membres ont déjà un peu de bouteille, il se construit sur les cendres de BEJELIT, précédente formation des frères Capone, rejoints en fin de parcours par Marco Pastorino, guitariste de SECRET SPHERE. Après quatre albums d'un Power Metal qui ne lui aura pas permis de percer, la formation renaît avec une approche plus moderne, notamment au niveau des sons de clavier, mais surtout de la diversité vocale. Il a ainsi pour lui un Marco Pastorino qui se débrouille plutôt bien, et une vocaliste compétente en la personne de Chiara Tricarico (d'autant que sur ce premier album, le groupe s'offre un growleur sur trois titres, le bassiste/vocaliste d'ABDUCTION, oui ceux qui ont sorti "From Uranus To Your Anus" en 2016). TEMPERANCE est né et pratique un Heavy Mélodique qui n'emprunte jamais totalement l'une des deux routes qu'on voudrait lui faire prendre ; celles du Power Metal et du Metal Symphonique.

Toutefois TEMPERANCE ne joue pas pour autant le jeu d'AMARANTHE (ça ce sera pour le bien-nommé "Limitless"), et propose un Heavy/Power dynamique et gorgé de mélodies accrocheuses et de riffs béton, le tout enrobé par une production juste monumentale pour un premier album. Un creuset parfait pour accueillir les prestations vocales d'un Chiara Tricarico qui se taille la part du lion, dans un registre entre Charlotte Wessels et Anneke Van Giersbergen pas dégueu du tout.

Il y a certes des claviers qui tentent une approche plus synthétique voire Electro ("Scared & Alone"), mais globalement le gros son Power Metal domine et l'ensemble est des plus bombastiques. "Temperance" est un premier jet déjà très abouti, et il demeure toujours mon préféré, après les avoir tous écoutés. Et même si je trouve les nouveaux vocalistes encore plus compétents que leurs prédécesseurs, il y a une espèce de magie sur ce premier TEMPERANCE, où tout semble possible, où tous les éléments que le quintette a souhaité arranger ensemble fonctionnent, et où la capacité à écrire des hymnes est réelle.

De plus, la diversité des sonorités utilisées voient tour à tour riffs costauds tenir les avant-postes, ce seront les violons sur un autre titre, ou encore les chœurs, les passages très chargés parvenant à alterner avec plus de dépouillement (le début enchanteur de "Lotus"), et en variant ses harmonies également. Ainsi les presque huit minutes de "The Fourth Season" sont tout à fait réjouissantes, nous emmenant dans un désert phrygien cybernétique du meilleur effet. On a aussi du Power à papa qui déchire tout sur son passage (le tonitruant "Tell Me" d'ouverture) là où "Relentlessly" laisse l'aspect symphonique prendre les devants. TEMPERANCE dans sa démarche est très proche d'un SERENITY, voire d'un vieux KAMELOT (époque "The Fourth Legacy"/"Epica"), sans le côté gnan-gnan de la formation américaine. Et quant à SERENITY, il faut s'imaginer que la répartition des parties vocales entre homme et femme est inversée.

Ma foi, je suis passé encore une fois à côté d'une belle découverte (et ce grâce à Sharp qui nous a demandé via la Boîte À Demandes une chronique du groupe), même si malheureusement pour moi TEMPERANCE ne fera pas mieux que cet album inaugural qui mérite toute votre attention. Il faudrait aussi que j'arrive à découvrir les perles quand elles sortent, et pas cinq ans après, mais ça c'est une autre histoire…