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1970 Emerson, Lake & Palmer
1971 Tarkus
1972 Trilogy

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1971 Pictures At An Exhibition
 

1970 Emerson, Lake & Palme...
1971 Tarkus
1972 Pictures At An Exhibitio...
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1973 Brain Salad Surgery
1974 Welcome Back My Friends ...
1977 Works Volume 1
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1978 Love Beach
1986 Emerson, Lake & Powel...
1988 To The Power Of Three...
1992 Black Moon
1994 In The Hot Seat
 

- Style : Camel, Hawkwind, Hällas, Yes, Jethro Tull
- Membre : Rock Aid Armenia, Asia

EMERSON, LAKE & PALMER - Tarkus (1971)
Par DARK BEAGLE le 7 Juillet 2018          Consultée 3125 fois

Il y a des pochettes que l’on n’oublie pas. Celle de "Tarkus" est particulièrement gratinée dans le genre, mais en même temps, elle correspond tellement au concept imaginé par EMERSON, LAKE & PALMER (enfin, surtout né de l’esprit tortueux de Keith Emerson) qu’elle devient indissociable de l’œuvre. Pourtant, ce tatou à chenilles et doté d’un canon ne fait pas du tout envie (et on ne parle pas des illustrations intérieures et surtout pas de celle de la Manticore qui ferait fuir Picasso chez Dalí), les couleurs sont indéfinissables, elles forment un arc-en-ciel pour indiquer peut-être avec une certaine malice que l’album contient sept chansons et que le title-track est découpé en sept mouvements.

Il faut convenir d’une chose : "Tarkus", le morceau, est la principale attraction de cet album, avec sa durée de 21 minutes, à une bonne poignée de secondes près, qui remplit toute la face A du vinyle et qui préfigure des œuvres comme "Thick As A Brick" de JETHRO TULL (qui, pour le coup, ira au bout du concept en proposant une chanson par face) ou encore le "Close To The Edge" de YES avec ces pièces-fleuves remarquables. "Tarkus" laisse place à toute l’extravagance d’un trio de musiciens qui a la capacité de passer outre les frontières du Rock Progressif pour puiser dans divers styles afin de tricoter des passages hors du commun, certainement un peu prétentieux par moments (voire carrément, ce ne serait pas surprenant), mais d’une indéniable force créatrice.

Comment aborder un tel morceau près de cinquante ans après (chronique écrite en 2018) ? Quand on l’écoute aujourd’hui, ce qui ressort immédiatement, c’est un kitsch absolu, mené par des claviers antédiluviens. En revanche, en 1971, sans être à proprement parler révolutionnaire, ELP se faisait grandiose et grandiloquent, osant se lancer dans une longue épopée conceptuelle avec un sujet tellement aberrant qu’il en devint génial, ou plutôt le fait d’avoir pu briller avec pareille histoire, même à une époque où la SF explosait littéralement, est juste ahurissant.

Parce qu’est-ce que le Tarkus ? Le Tarkus est… Un animal né d’un œuf, un tatou mécanisé et armé ("Eruption") qui va grandir et croiser d’autres créatures toutes aussi étranges, qu’elle va démonter les unes après les autres. Seulement, sa fortune va tourner quand il va rencontrer la Manticore ("Manticore", bien entendu) qui va le défaire, mais ce n’est qu’une étape avant une nouvelle étape dans sa vie, une mutation ("Aquatarkus"). Et musicalement, derrière, ELP va nous faire quelque chose qui va se montrer en adéquation avec son idée.

Le titre est mené par le clavier impétueux de Keith Emerson, bien soutenu par la batterie de Carl Palmer et la basse de Greg Lake. Selon les passages, le trait se fait épique ou plus modéré, quand il n’explose pas à travers des lignes plus Rock, où Lake prend les choses en main, conquérant derrière le micro. Certains enchaînements peuvent paraître confus, mal agencés et tranchent avec la maîtrise technique du trio. Cependant, si l’on se réfère au sujet de la chanson et que l’on s’imagine le Tarkus en tant que tel, cette créature hybride, on peut se demander si l’effet n’est pas voulu, comme pour marquer le côté mécanique de la bête, moins fluide, moins féline que ne pourrait l’être la Manticore justement. Il se dégage quelque chose de presque visuel de la musique de ELP sur ce morceau, on se laisse facilement prendre au jeu et cette longue pièce épique s’avère juste monstrueuse.

Après, la très bonne reprise du thème sur le dernier mouvement vient donner une cohésion à l'ensemble, cela lui redonne un coup de boost bienvenu. Là où l'on pouvait commencer à se perdre, à ne plus savoir où l'on en était face à cette mélodie souvent démontée et réinventée par un groupe qui ne se fixait pas de limite dans les idées, avec des constructions à la fois dantesques et fragiles, on se retrouve subitement remis sur les bons rails et tout prend sens, tout se digère. Finalement, les vingt minutes passent très rapidement, presque trop tant elles sont addictives ! "Tarkus", le morceau, est un classique indéboulonnable du genre et inspire le respect.

La seconde partie a de quoi laisser perplexe pour le coup. Le trio nous propose en effet six morceaux plutôt courts, plus simples pour certains dans l’idée (mais ne vous fiez pas à la durée, ELP est capable de quelques coups d’éclat même sur les compositions les plus brèves). Et pour être totalement franc, nous sommes loin de la folie et de l’exubérance dont le groupe faisait montre sur la pièce-maîtresse de cet album. Et de ce fait, on perd un peu le fil tout de même. Tout n’est pas à jeter, loin de là. Le groupe avance toujours de façon aussi folle, même si cela est moins démonstratif.

Pourtant, difficile de rester de marbre face à "Jeremy Bender" qui ouvre cette seconde face avec beaucoup de classe malgré sa durée, moins de deux minutes. Et que dire de "The Only Way (Hymn)", avec sa succession d’hommages à BACH habilement construite. Keith Emerson brille littéralement derrière ses claviers, il mène la danse avec brio, sans sombrer ici dans la démonstration (il est coutumier du fait, une certaine propension à la frime l’habitait. Un excellent musicien, mais pas toujours très sobre dans le jeu). Ces deux pièces sont le meilleur de ce que le groupe a à proposer sur cette face B, le reste n’est hélas pas à l’avenant.

À l’image de l’horripilant "Are You Ready Eddy?", qui est une ritournelle Rock’N’Roll très 50s dans l’idée, ou de "Infinite Space (Conclusion)" qui est la suite ratée de "The Only Way (Hymn)", ELP part un peu dans tous les sens, hésitant entre les explosions telluriques menées par un clavier lourd et puissant ou les choses plus légères, Folk, dans l’idée de la sublime "Lucky Man" sur l’album précédent et il manque parfois de liant entre les morceaux. Le déséquilibre entre les deux parties de l’album n’en est que plus évident, comme si le trio s’était amusé à pondre la pièce-maîtresse éponyme et qu’il ne savait pas comment combler le vide laissé après l’exécution d’une telle démonstration de force.

"Tarkus" n’est pas le disque idéal pour s’initier au Rock Progressif, comme EMERSON, LAKE & PALMER n’est pas la formation conseillée pour appréhender ce style riche, varié et souvent pompeux – ce qui est un peu le cas de ELP. Avec son titre éponyme majestueux, le groupe montre que le premier album n’était pas un feu de paille qui s’est éteint aussi vite qu’il a pris. Nous vivons ici une véritable montée en puissance, qui ne sera pas forcément répercutée sur la face B de l’album (oui, ici, le format vinyle prend toute son importance). "Tarkus" va néanmoins être un tremplin pour ELP, qui va devenir à partir de là une grande référence dans le domaine du Rock Progressif.

Note réelle : 3,5/5 et pour le coup, je regrette vraiment de ne pouvoir garder la note telle quelle. Il est plus qu’un bon album, mais il n’est pas un très bon album non plus, pas vraiment.

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   DARK BEAGLE

 
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- Greg Lake (chant, basse)
- Keith Emerson (claviers)
- Carl Palmer (batterie)


1. Tarkus

1. Jeremy Bender
2. Bitches Crystal
3. The Only Way (hymn)
4. Infinite Space (conclusion)
5. A Time And A Place
6. Are You Ready Eddy ?



             



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