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DEATH METAL  |  E.P

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AUTOPSY - Puncturing The Grotesque (2017)
Par T-RAY le 16 Avril 2018          Consultée 1797 fois

Plonger ses oreilles (donc la tête, merci aux anatomistes qui suivent) dans un disque de l’AUTOPSY reborn (*), c’est comme ouvrir une porte du vieux buffet patiné de Mémé. Vous savez, celui-là même où elle rangeait soigneusement les friandises qu'elle vous délivrait telles des récompenses quand vous étiez gamin. Si la vôtre ne le faisait pas, dommage. La mienne, dès que la porte s’ouvrait, laissait ainsi échapper des effluves de vieux bois et de sucre, de miel, de caramel, de chocolat, bref : de n’importe laquelle des gourmandises planquées là-dedans à ce moment-là. C'est l’odeur d’un plaisir régressif qu’un tel souvenir convoque, des saveurs du passé.

"Puncturing The Grotesque" est comme ça, lui aussi. On ouvre le digipack, on examine l’artwork au style suranné, d’une naïveté toute 80s, on place le disque dans le lecteur... Et nous voilà plongés dans de délicieux souvenirs musicaux. Les goûts d'antan, quoi, voilà ce que AUTOPSY ressuscite aujourd'hui. Le groupe a encore un pied dans la décennie 1980 et ça n’est pas avec cet E.P. sorti pour célébrer les trente ans de sa naissance en véritable frangin malin et rabougri du grand DEATH façon “Basket Case” (le film, pas le tube de GREEN DAY), que ça va changer la donne. Encore moins, même.

Du Death Metal ? Comme pour les sucreries de l’enfance, l'enrobage prime et sur ce disque, c'est l’enrobage qui est Death Metal. Les growls caverneux et régressifs - eux aussi - de Chris Reifert et Eric Cutler sont bien là. Les guitares downtuned également, inévitablement. La basse qui gronde (entendez l’intro "Depths Of Dehumanization"). Mais en ce qui concerne le fourrage, le Death n’est que l’un des genres que mobilise AUTOPSY. Et il est minoritaire. La plupart du temps, il se mêle aux autres pour réhausser leur saveur. Au Doom, notamment. Écoutez donc "The Sick Get Sicker" qui, avec son air de Death Old School endiablé, brouille les pistes avant de s’appesantir sur son refrain.

Plombé, il l’est, mais ce n’est rien à côté des deux titres qui le suivent. Car "Gas Mask Lust" et "Corpses At War" respirent le caveau, eux (ça, c’est quand Mémé a passé l’arme à gauche). Plus question de caramel, bonbons et chocolat, désormais, mais d’effluves de chairs en décomposition et de gaz cadavériques. Le premier de ces deux titres, hyper doomesque, nous jette en plein dans la fosse, et elle est profonde. Lourd comme une pierre tombale, il s’affaisse sans vergogne sur l’auditeur. Seuls rais de lumière : les soli très distordus signés Danny Coralles. Le deuxième va encore plus loin dans le caverneux, mais en accélérant le tempo pour mieux le ralentir ensuite. Le couvercle du cercueil mal fermé grince et c’est aux clous et à coups de masse qu’il faut le sceller.

Ce que s’applique d’ailleurs à faire AUTOPSY sur "Gorecrow". L’on retrouve avec lui un côté Thrash plus affirmé. Un Thrash Old School, là aussi, musclé et rendu plus grave par l’enrobage Death. Ah, ça sent bon la première moitié des eighties ! Et d’autant plus lorsque le groupe nous envoie en pleine face un morceau-titre hyper Rock’N'Roll qui respire le MOTÖRHEAD à plein nez, voire le VENOM de "Welcome To Hell" ! Exquis. Le Punk n’est pas bien loin et, sans surprise, il déboule en toute fin d’E.P., en mode Hardcore, l’une des premières amours des fondateurs du groupe ricain. "Fuck You!!!" – avec trois points d'exclamation – nous crache à la gueule ses insultes qu’on accueille avec un plaisir régressif, là encore.

Ouais, une fois de plus, AUTOPSY réveille des saveurs plus que trentenaires dans un mélange de foi et de second degré assumé. Ce faisant, la formation floridienne ressuscite un morceau signé Danny Coralles, de l'époque où il jouait un Thrash très, très Core dans un groupe nommé BLOODBATH. Rien à voir avec le combo suédois que l’on connaît aujourd'hui, même si l’on peut entendre une version alternative de ce "Fuck You!!!" sur le Split enregistré avec ces mêmes Scandinaves, paru en décembre 2017. Non content, pour ses trente ans de carrière, de redonner de la vigueur aux goûts du passé, ce sont même à ses goûts à lui qu’AUTOPSY redonne vie avec cet E.P. Le tout avec un sens de l’entertainment bien prononcé.

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* Je parle de l’AUTOPSY revenu d’entre les morts en 2009.

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   T-RAY

 
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- Chris Reifert (batterie, vocaux)
- Eric Cutler (guitare, vocaux)
- Danny Coralles (guitare)
- Joe Allen (basse)


1. Depths Of Dehumanization
2. Puncturing The Grotesque
3. The Sick Get Sicker
4. Gas Mask Lust
5. Corpses At War
6. Gorecrow
7. Fuck You!!!(cover De Bloodbath [us])



             



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