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BLACKENED DEATH METAL  |  STUDIO

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2018 Kult Of The Raven
 

- Membre : Death, Massacre, Gods Forsaken

NATTRAVNEN - Kult Of The Raven (2018)
Par T-RAY le 31 Mai 2019          Consultée 1846 fois

Ce que l'on retient des contes traditionnels que l'on entend enfant, et même plus tard, peut vous marquer à vie. Et puisqu'on les entend souvent très jeune, ce dont on se souvient, ce sont les sensations, ce sont les impressions, ce sont les couleurs, c'est le ton. Il est parfois difficile de s'en détacher, ce qui fait que l'on peut être déstabilisé, ensuite, par d'autres interprétations du même conte que celles qu'on a entendues et retenues la première fois. Et c'est un mécanisme mémoriel qui se poursuit au-delà de l'enfance : à une œuvre est associée une atmosphère, une ambiance, un spectre de couleurs duquel on a du mal à se détacher lorsque de nouvelles versions de la même histoire nous sont présentées...

C'est un peu ce que l'on ressent avec "Kult Of The Raven", premier opus de NATTRAVNEN, duo monté par l'Américain Kam Lee (ex-MANTAS puis DEATH, MASSACRE, The GROTESQUERY, entre beaucoup d'autres) et le Suédois Jonny Pettersson (GODS FORSAKEN, HEADS FOR THE DEAD, WOMBBATH, entre presque autant d'autres). D'autant que ce disque est un album-concept, justement basé sur l'histoire de la Nachtkrapp, en allemand dans le texte, ou de la Nattravnen, en norvégien cette fois, genre de mythe populaire germanique autrefois raconté aux enfants refusant de se coucher ou de dormir. Sorte de croquemitaine à la teutonne, cette "Corneille de la nuit" était censée venir emporter dans le ciel nocturne les gamins récalcitrants à se mettre au lit.

Parce que les fans de Death Metal ne sont plus des gniards mais des adultes ou des ados qu'il en faut plus pour effrayer ou captiver, Kam Lee a sorti ses plus beaux atours de conteur et bâti une histoire aussi romantique que sinistre, sorte de préquelle à la légende de la Nattravnen, qui pourrait constituer le premier volet d'une saga en plusieurs parties puisque l'intrigue le permet. Et sans vous la divulgâcher, comme le Larousse nous encourage à dire depuis cette année, sachez qu'on retrouve dans la démarche de Lee le même genre de motivation qui animait les frères Grimm : s'inspirer d'une légende populaire pour en tirer un conte plus captivant et plus en phase avec les attentes d'un public en quête de sensations.

Et, de fait, il se dégage de l'ensemble de cette histoire et de cette musique un petit air de roman gothique à glacer le sang, non pas par son côté purement horrifique mais par son atmosphère de damnation. Kam Lee, artisan du Metal Extrême depuis trente-cinq ans, a trouvé en Jonny Pettersson un associé idéal pour mettre en musique sa vision littéraire. Ensemble, ils attisent une palette de sensations, d'impressions, de couleurs qui s'impriment dans notre esprit aussi sûrement que les contes de notre enfance ont imprimé les leurs. Naturellement, de l'atmosphère générale de l'album et de son concept, c'est le bleu qui sort gagnant. Le bleu du reflet des plumes noires des corbeaux. Celui, plus ou moins foncé du crépuscule, aussi, moment de la journée où la Nachtkrapp part en chasse, au-dessus de la couche des jeunes enfants.

Parce que l'atmosphère de cette œuvre, évidemment, est particulièrement soignée. Qu'il s'agisse du grain des guitares, cisaillant comme un vent glacial venu du nord, ou des nappes de claviers discrètes et judicieusement employées, renforçant l'ambiance sans jamais étouffer les autres instruments, la musique sert parfaitement l'histoire. Et le genre musical choisi, un Blackened Death Metal que Pettersson maîtrise sur le bout des doigts, est idéal pour cela. La profondeur et la puissance du Death infusée de la malfaisance du Black s'imposaient presque naturellement au duo américano-suédois, surtout compte tenu du background de chacun des deux artistes.

Pettersson, d'ailleurs, a judicieusement choisi de composer simple, évitant le trop-plein de démonstrations techniques qui auraient, in fine, nui au ressenti que ce conte pouvait générer. Il a, au contraire, privilégié la finesse des arrangements et la mise en place d'un environnement musical cohérent, d'une unicité remarquable jusqu'à rendre délicate la dissociation des morceaux entre eux. Est-ce un mal ? Non : c'est un bien ! Car cela permet d'entrer pleinement dans l'histoire qui nous est narrée ou du moins, si l'on ne maîtrise pas suffisamment l'anglais, de s'imprégner de son ambiance générale, de se fondre dans cette nuit de malheur et de malédiction au cœur de laquelle sévit la Nattravnen.

Ainsi, on ne se pose plus la question de savoir si l'on entre mieux dans tel ou tel titre, si l'on préfère ce morceau-ci ou ce morceau-là : on est happé dans le conte où on ne l'est pas, mais lorsqu'on l'est, on en reste captif. Que ce soit dans les moments les plus vifs et agressifs, comme sur l'explosif "The Night Of The Raven" et le solide "Corvus Corax Crown", ou les passages les plus atmosphériques, comme "Kult Av Ravnen", que ce soit sur les instants les plus Doomy, comme sur le final de "Return To Nevermore" et surtout "The Anger Of Despair When Coping With Her Death", ou les plus Melodeath, comme sur "Upon The Sound Of Her Wings" et "Suicidium, The Seductress Of Death", NATTRAVNEN fournit son lot de rebondissements musicaux, tous au service de la narration.

Et si le multi-instrumentiste Jonny Pettersson sait nous maintenir sous son influence sans jamais ennuyer, Kam Lee, en tant que conteur et vocaliste, n'est évidemment pas en reste. Je fais partie de ceux qui aiment depuis toujours son timbre et sa façon de growler, mais même sans être fan du bonhomme, il faut reconnaître que la variété de son registre, majoritairement guttural mais pas que, et articulé comme il se doit sur une telle œuvre, est essentielle à l'implication pleine et entière de l'auditeur dans la légende romancée de la Nattravnen. On trouve dans ses vocaux toute une palette d'intonations qui, sans en faire le meilleur grogneur de la scène Death mondiale, lui permet d'exprimer la variété de sentiments sombres qui animent les personnages de son histoire. Une histoire que l'on ne se lasse pas de réécouter une fois qu'on s'est laissé emporter une première fois.

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- Kam Lee (textes, vocaux)
- Jonny Pettersson (tous les instruments)


1. The Night Of The Raven
2. Suicidium, The Seductress Of Death
3. Corvus Corax Crown
4. Upon The Sound Of Her Wings
5. Return To Nevermore
6. From The Haunted Sea
7. The Anger Of Despair When Coping With Your Death
8. Kingdom Of The Nattravnen
9. Kult Av Ravnen



             



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