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DEATH METAL  |  COMPILATION

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- Style : Agressor, Loudblast, No Return
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MERCYLESS - Unholy Chapters - The Merciless Years (2017)
Par T-RAY le 2 Avril 2018          Consultée 2655 fois

Je vous propose aujourd'hui de prendre avec moi – et le label XenoKorp – la machine à remonter le temps. Je vous laisse le choix, notre parc est assez large : l’engin du roman d'H.G. Wells, la cabine TARDIS du Docteur Who, la DMC DeLorean de l’autre Doc, Emmett Brown, l’appareil de Trunks… Vous êtes prêts ? On embarque ! Notre destination ? Une époque où la France bouillonnait d’une effervescence créatrice liée à l’apparition d’un nouveau genre de Metal : le Death. Vous savez, ce dernier tiers des années 1980 et le tout début des 90s, époque où des formations devenues de grands noms depuis se tiraient la bourre pour donner à cette musique ses premiers quartiers de noblesse dans notre pays. Les LOUDBLAST, MASSACRA, AGRESSOR, et autres MERCYLESS n’avaient en effet pas tardé à emboîter le pas aux Américains et aux Britanniques dans l’agression sonore ultime que constituait alors le Death Metal.

MERCYLESS, tiens, ce sont justement les Alsaciens d’origine qui nous intéressent et auxquels nous allons rendre visite à l'occasion de ce voyage temporel. Un voyage permis, comme je vous le citais d’emblée, par XenoKorp qui, en signant le combo et en obtenant le droit d’exploiter une partie du back catalogue de MERCYLESS, nous a permis en 2017 de redécouvrir le contenu de la compilation "In The Memory Of Agrazabeth", sortie initialement en 2011. Celle-ci renfermait à la fois l'intégralité des trois premières Démos du quartette qui se faisait encore appeler MERCILESS, sur un premier disque, et un Live de 1994, sur une deuxième galette. Avec un sens du collector et une attention particulière pour le fan, XenoKorp a eu l’idée de rééditer les deux CD séparément, et c’est donc le cours de ce premier disque, paru fin 2017 sous le titre de "Unholy Chapters", que nous allons remonter pour découvrir les origines du groupe mulhousien.

Sous-titrée "The Merciless Years", cette ancienne nouvelle compil’ nous ramène aux jours où le nom du groupe s’épelait encore avec un i plutôt qu’avec un y. En bon anglais dans le texte, donc. Une époque où il n'était pas assez connu ni reconnu pour susciter par son seul nom les remontrances du groupe suédois homonyme, qui a fini par pousser MERCILESS à devenir MERCYLESS en 1991. Effectivement, chers passagers, nous allons remonter ensemble jusqu’en 1990 pour notre première escale, c’est-à-dire l'année de la sortie de la troisième et dernière Démo des Alsaciens avant leur premier album. Commencer par la dernière Démo ? L'idée peut surprendre, même si elle n'est pas nouvelle, nombre d’autres compilations optant pour cette solution. Et en effet, le procédé permet de remonter vers la source MERCILESS sans être trop déboussolés par un son trop brut ou une musique trop peu polie.

Néanmoins, le Death Metal que l’on entend sur la première des trois Démos ici compilées, la plus récente, intitulée "Vomiting Nausea", a de quoi surprendre lorsque l’on connaît les premiers albums du groupe. Alors que ceux-ci contiennent essentiellement des morceaux courts et intenses, l’on découvre ici un MERCILESS (oui, je persiste) aimant délayer sa sauce. Chers passagers, pour une première escale, vous ne serez donc pas déçus ! Trois des quatre premiers titres sur ce disque dépassent les six minutes, et présentent un groupe appréciant proposer différentes ambiances à chaque différent riff. Ce Death Old School encore très imprégné de Thrash ("Vomiting Nausea", le morceau, a du SLAYER dans les veines, du DEATH aussi) vous invite lui-même au voyage. Sur un "Another Desolation" aux alternances de tempi rapides et moyens, l’on a le sentiment d’assister aux pérégrinations d’un être égaré dans un paysage de désolation, justement, et d'être spectateur de son questionnement quant au devenir de l'environnement qu’il traverse.

Je sais, je conjecture et romance la chose, mais n’est-ce pas le propre du guide touristique, même temporel, d'enjoliver un brin la réalité pour ses clients ? Quoi qu'il en soit, avec son Death aux multiples parties, qui s'enchaînent relativement sans heurts, MERCILESS a le don de nous transporter (l'assez mystique "No Theory", l'énigmatique "Pits Of Silence"), et les soli de guitare n’y sont pas pour rien. Riches en réverb, ils révèlent déjà le talent du groupe en ce domaine. Celui de "No Theory", très expressif, long et aux multiples ressorts, en est peut-être le meilleur exemple. Cette dernière Démo dans la carrière de MERCILESS permet déjà d’entendre le travail de composition du quartette avec un son de qualité, merci au remastering. Et son travail d’interprétation, en particulier celui de Boris Mandavis, dont la basse se fait entendre tout du long et apporte une rondeur et une assise certaine à ce Death Metal. Seule peut-être la voix de Max Otero laisse un poil à désirer, non pas par son manque de puissance mais d'expressivité et de personnalité. Je vous rappelle, chers passagers, que nous sommes encore en 1990 !

Notre voyage étant à rebours, rembarquons vers 1989, notre deuxième escale, chers passagers. Mais vous remarquerez à peine le rajeunissement des membres du groupe et de leur musique. "Visions From The Past" est à peine moins bien produite que "Vomiting Nausea" d’ailleurs. Le style du combo alsacien est grosso modo resté le même entre ces deux supports, avec des compos longues et riches en parties diverses s'imbriquant assez efficacement les unes dans les autres, laissant apparaître déjà une maturité certaine de la part du quartette. Ici, l’influence Thrash se fait toutefois davantage sentir, et le son plus brut, renforce l’agressivité de morceaux certes longs mais plus rentre-dedans (l'éponyme "Visions From The Past", ce rouleau-compresseur qu'est par moments l’excellent "Perfect Mind" ou le fréquemment speed "Paralysis" qui dément totalement son intitulé). À cette époque, MERCILESS semble avoir parfaitement compris le sens du mot épique et une composition telle que "Unholy Chapters", du haut de ses huit minutes et forte de multiples ambiances et de breaks bien sentis, arrive à nous entraîner dans une mini-épopée riffesque haletante, par moments.

Mesdames, Messieurs, laissons là 1989 et repartons vers 1988 où MERCILESS risque de vous surprendre. Car, après cette visite au gré de paysages sonores fort Death Metal, vient le moment d'explorer l'âge le plus Thrash Metal de la formation tricolore. Dotée d’un son extrêmement rugueux cachant un peu trop le sens mélodique des deux guitaristes, malgré le remastering, la Démo "Immortal Harmonies" vous permet de contempler auditivement un MERCILESS dont l’influence principale semble être davantage POSSESSED que DEATH. La vélocité et la promptitude de titres comme "Sudden Death" et "Intent To Kill", où la voix de Max Otero se montre hargneuse et grimpe parfois dans des aigus mal maîtrisés mais expressifs tout de même, inscrit totalement la musique du quartette dans cette mouvance. La personnalité musicale du futur MERCYLESS est encore très peu affirmée, mais le goût pour les compositions longues et plus complexes que vous avez observé à l’occasion de nos précédentes escales est déjà là. L’ambiancé "Hades", qui laisse entrevoir de loin le domaine du Dieu des Enfers (écoutez ce solo déchiré !), et "The Last Days Of Christianity" le démontrent, en effet.

Nous n’allions pas nous quitter, chers passagers, sans explorer l’une des périodes les plus obscures de l’histoire de MERCILESS, celle où le groupe ne faisait que répéter, sans faire de ses enregistrements des Démos en bonne et due forme. Venue ainsi des tréfonds de l’histoire métallique mulhousienne, voici pour vous ce que le MERCYLESS d’aujourd'hui vous autorise à entendre de son passé le plus lointain : une version de "Sudden Death" captée lors d’une répétition. Naturellement, le son est sale et les instruments étouffés, mais vous pouvez déjà vous rendre compte que le groupe avait les armes pour faire carrière. Je sais, je conjecture et enjolive encore, mais l’aspect “raw” de cet enregistrement lui offre un petit goût d’interdit appréciable, sans que l’on ait affaire à un chef d'œuvre pour autant.

De retour dans notre présent après ce périple temporel, vous savez désormais à quel point MERCYLESS a pu évoluer en trois décennies. Mais vous avez pu constater aussi que le groupe avait déjà du talent à revendre. Vous pouvez ainsi remercier XenoKorp de vous avoir offert l’opportunité d’un voyage aussi enrichissant : le cadre embelli dans lequel nous vous avons ainsi transporté élève cette croisière au standing 4 étoiles. Et vous pouvez aussi remercier votre guide d’avoir tenté de vous éclairer au mieux à cette occasion. Il aurait été dommage de ne pas profiter de cet effort de réédition de la part de MERCYLESS et de son label pour vous donner une vision du passé d’un groupe majeur dans l’histoire du Death Metal français. Trente ans après sa fondation, MERCYLESS, encore actif, prouve que le temps lui appartient toujours.

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   T-RAY

 
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- Max Otero (guitare, vocaux - 1988-90)
- Stéphane Viard (guitare, vocaux additionnels - 1988-90)
- Boris Mandavis (basse, vocaux additionnels - 1988-90)
- Gérald Guenzi (batterie, vocaux additionnels - 1988-90)


- vomiting Nausea (démo 1990)
1. Another Desolation
2. No Theory
3. Pits Of Silence
4. Vomiting Nausea
- visions From The Past (démo 1989)
5. Visions From The Past
6. Perfect Mind
7. Unholy Chapters
8. Paralysis
- immortal Harmonies (démo 1988)
9. Sudden Death
10. Hades
11. Intent To Kill
12. The Last Days Of Christianity
- rehearsal (1988)
13. Sudden Death



             



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