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PAGAN ALTAR - The Room Of Shadows (2017)
Par DARK SCHNEIDER le 16 Février 2018          Consultée 2371 fois

De la douleur naît souvent des œuvres inspirées. Préparé durant de longues années, cet ultime album avec Terry Jones fut achevé une première fois en 2014. Cependant, non satisfait du résultat, il ne devait pas être publié du vivant de son frontman. En effet, après avoir lutté de long mois contre ce fichu crabe, ce chanteur unique, à la voix si nasillarde mais tellement charismatique, déposa définitivement les armes en mai 2015, à l'âge de 70 ans. Quelle tristesse ! Je pensais alors que l'on ne pourrait avoir un nouvel album digne de ce nom, plutôt une sorte de compil', c'était sans compter sur l'abnégation d'Alan, fils de Terry Jones, qui devait mener à son terme ce projet, les vocaux étant finalement déjà mis en boîte. La tâche fut rude et pris encore plus de temps que prévu pour s'achever. Alan Jones prenant la décision de réengistrer toute la section rythmique avec de nouveaux musiciens. Ce "The Room Of Shadows" est donc l'œuvre d'un long combat, d'une volonté d'aller à l'encontre du destin. Une ultime création avant la venue de la grande faucheuse. Et tout simplement un superbe hommage au regretté Terry Jones. On pourra évidemment hurler à l'injustice, tant le groupe est demeuré inconnu jusqu'à la fin, ne se produisant que devant un public souvent restreint, n'étant reconnu que par ces étranges amateurs de l'Epic Doom Metal, et devant encore lutter pour pouvoir sortir cet album plus de deux ans après le décès de son chanteur fondateur. C'est ainsi. On ne réécrira pas l'histoire, mais heureusement les enregistrements restent. À nous désormais de faire savoir à quel point PAGAN ALTAR était un groupe fantastique.

Tous ses obstacles posés sur son chemin expliquent certainement pourquoi "The Room Of Shadows" paraît moins rempli que ses prédécesseurs. Plus de dix ans de conception après le fort bien nommé "Mythical And Magical", un renouvellement total de la section rythmique qui était pourtant déjà là au début des années 80, ce qui n'est pas rien quand même : la charge fut extrêmement lourde pour Alan Jones. Et ce fichu décès qui nous prive sans doute d'un contenu plus roboratif : seulement six véritables nouveaux morceaux (le dernier faisant office de court épilogue), mais tout de même 47 minutes de musique au total, ce n'est pas de l'Epic Doom pour rien. S'ajoute à cela que pour les fans qui suivaient de près la carrière du groupe seul quatre titres relèvent vraiment de la nouveauté puisque "The Portrait Of Dorian Gray" figurait déjà sur un split datant de 2007 et "Dance Of Vampires" avait fuité sur YouTube, dans une version plus roots, depuis au moins 2011 (sans que cela ne dérange le groupe). Au bout du compte, il s'agit du moins bon album de leur discographie à ce jour.

Le moins bon de leur discographie, oui, vous avez bien lu. Pour un groupe qui jusque là méritait 5 étoiles pour tous ses LP il devra cette foi-ci en céder une. Car évidemment la musique de PAGAN ALTAR demeure à un niveau très élevé. Le fait que le groupe ait dû s’atteler à écrire de nouveaux morceaux (auparavant il ne s'appuyait que sur son vieux matériel du début des 80s), plus les conditions difficiles de réalisation déjà relatées plus haut expliquent aisément cette légère baisse qualitative. Enfin, tout est relatif, car au niveau des textes c'est leur travail le plus abouti. Le thème de la mort est d'ailleurs omniprésent, et quand on sait que Terry Jones était déjà bien malade lorsqu'il a enregistré ses vocaux, on peut vraiment se demander quel était alors son état d'esprit. Il faut savoir que ses textes qui content la mort n'étaient en fait pas influencés par sa maladie : il les avait écrit en 2004. Mais tout de même, cela ne fait que donner encore plus d'écho à ces récits cauchemardesques, qui nous plongent en plein dans l'atmosphère d'une Angleterre brumeuse et mystérieuse de l'époque victorienne. Edgar Alan Poe, et autres auteurs romantico-gothiques, ne se seraient pas sentis dépaysés.

Dans cet univers où le macabre prédomine, PAGAN ALTAR mêle toujours avec brio ses riffs aux effluves de PENTAGRAM, BLACK SABBATH ou BUDGIE, mais toujours avec cette tonalité épique bien plus présente. L'alchimie texte/musique est absolue, quand Terry Jones chante une "Danse Macabre", la musique est cadencée à l'avenant, idem lorsque les vampires entament leur bal. Le title track, lui, nous entraîne dans des cauchemars d'enfants : la peur de l'inconnu d'une pièce plongée dans la pénombre, la torpeur qu'elle engendre. La progression de "Rising Of The Dead" nous emmène lentement mais sûrement vers une apocalypse zombiesque inéluctable. "The Ripper", qui culmine avec ses 10 min 36, nous immerge dans le cloaque londonien de la fin du XIXème : le narrateur est en quête de réponses, qui est donc ce fameux éventreur ? N'y aurait-il pas encore de nos jours des individus tout aussi sinistres parmi nos élites, avançant masqués pour mieux s'en prendre au petit peuple ? Et oui, il y'a aussi quelques fois un double-sens dans ces textes tellement inspirés.

Cette excellence lyrique est portée par une musique toujours à l'avenant, où le Heavy puise son inspiration de la Folk et des mélodies Baroque ou Renaissance, les touches sont discrètes mais bel et bien là. Les solos d'Alan Jones se mêlent parfois aux riffs d'ouverture de "The Portrait Of Dorian Gray" ou encore "Dance Of The Vampires", ce qui dynamise grandement la musique. Le guitariste n'hésite pas non plus à rendre un hommage à KANSAS en reprenant un riff de "Carry On Wayward Son" sur "Danse Macabre", comme il l'avait fait vis-à-vis d'URIAH HEEP sur "The Aftermath". Et oui, si PAGAN ALTAR a su créer son propre univers, il sait aussi à qui il le doit.

Il y aurait encore beaucoup à dire, mais à quoi bon ? Vous aurez déjà compris que même s'il ne décroche pas le Graal de la cinquième étoile, cet ultime album mérite plus que jamais l'écoute.

Je suis loin d'être un poète, et je ne pense donc pas être capable de trouver les derniers mots pour terminer cette chronique. Laissons-les à Terry Jones lui-même :

Cascading leaves of gold and russet brown
Like my life's descending spiral floating down
The sylvan setting mirror in my soul
Passion only for the silver and gold

It seems like a thousand years
Since I let you go
In a world so full of greed I didn't know
But now I'm on death's door we'll e together
And I'll be with you then and after forever


PAGAN ALTAR - "After Forever".

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- Terry Jones (chant)
- Alan Jones (guitare)
- Diccon Harper (basse)
- Andy Green (batterie)


1. Rising Of The Dead
2. The Portrait Of Dorian Gray
3. Danse Macabre
4. Dance Of The Vampires
5. The Room Of Shadows
6. The Ripper
7. After Forever



             



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