On a bien failli les croire perdus pour de bon dans la Vallée de la Mort ! Morts pour le Stoner. Que nenni ! Les membres de FIREBALL MINISTRY n’avaient en aucun cas le désir de disparaître, malgré sept longues années de silence. Depuis 2010, le quartette n’avait plus rien sorti de nouveau du studio, alors qu'il était jusque-là l'un des artistes les plus réguliers de cette scène enfumée et plombée par le soleil de midi. Sans entrer dans les détails des raisons de ce break inopiné, il faut d’emblée affirmer une évidence à l’ouï de leur nouvelle offrande : les Californiens ont bénéficié à plein de cette interruption de carrière. Car ils nous reviennent avec un disque très solide… Et avec un petit nouveau à la basse !

Un “newbie” du nom de… Scott Reeder ! Eh oui, l'ancien quatre-cordiste de KYUSS, entre autres, reprend donc le chemin du bon vieux Stoner qu’il connaît si bien. L’on ne saurait déterminer l'influence exacte du gaillard dans l’inspiration manifeste de "Remember The Story", cinquième album studio de FIREBALL MINISTRY, mais son instrument est omniprésent à l’oreille de l'auditeur, avec en exergue un "The Answer" du tonnerre où le garçon se fend même d’un solo certes bref mais non-négligeable. Toujours est-il que son arrivée coïncide avec le regain de forme artistique du groupe. Parler de bonne surprise à l'écoute de ce disque est finalement un euphémisme, car l’efficacité dont il fait preuve était inespérée voici encore quelques mois.

Non contente de nous offrir son plus bel artwork à date, la formation nous dévoile également des morceaux qui ont à peu près tout ce que l’on recherche sur un album mi-Hard, mi-Stoner, mélange dont FIREBALL MINISTRY s’est depuis longtemps fait la spécialité. Le combo s’est de tous temps éloigné des rythmiques archi plombées de ses camarades de la scène Stoner, pour leur préférer une ambiance un peu plus aérienne… Et détendue. C'est plus que jamais le cas en 2017. FIREBALL MINISTRY affiche une attitude laid-back qui fait que sa musique coule toute seule sur ce nouveau L.P. On écoute "End Of Our Truth" et on est cool. Tranquilou, Emily Burton et le Révérend James A. Rota II déroulent leurs riffs peinards, ensoleillés comme un samedi de farniente en Californie du Sud, autour desquels se love la basse de Scott Reeder.

Oh, mais attendez, c’est qu’ils s’emballent d’un coup ensuite ! La Chevrolet Chevelle a passé la cinquième et commence à foncer sur l’Interstate 15. Effectivement, FIREBALL MINISTRY nous gratifie de plus d’une accélération bien sentie sur ce disque. Des morceaux comme "Back On Earth" et "The Answer" sont des boules d'énergie et de bonne humeur. Leur Hard Rock racé à forte teneur en Stoner offre en sus des refrains réussis et communicatifs qui parviennent à rester dans les crânes plusieurs heures après l'écoute. Belle perf ! Bien sûr, le groupe n’en oublie pas sa fidélité aux tempi modérés, voire lents, du Stoner… Mais lorsqu'il s’y adonne, c'est toujours avec légèreté et la voix de tête de Rota n’est pas pour rien dans cette sensation. Même si le frontman manque toujours singulièrement de coffre…

Il nous permet toutefois de passer de très bons moments en compagnie de morceaux tels que "Everything You Wanted", l’un des hits de l’album, "Dying To Win", "Weaver’s Dawn" ou "All For Naught", tous interprétés avec cœur et enthousiasme, et qu’on se surprend à fredonner longtemps. L’enthousiasme, voilà un sentiment qu’on n'associe pas forcément au Stoner mais c'est pourtant ce que l'on ressent sur l’ensemble de "Remember The Story", y compris sur le très SABBATHien morceau-titre. FIREBALL MINISTRY est heureux d'être de retour et il nous le fait savoir. L’on ne peut toutefois s’empêcher de se dire, de temps à autre, que les Californiens n’optimisent pas totalement le matériel qu’ils proposent ici. Les riffs sont solides, simples mais accrocheurs, les refrains et les mélodies vocales sont d’excellente facture, mais un peu plus d’habillage leur aurait fait du bien…

Un voile d’harmonies vocales ou de chœurs, par exemple, que la formation nous prouve pourtant maîtriser à plusieurs reprises, comme "Weaver's Dawn" et "All For Naught" (au solo de guitare hypnotique) peuvent en rendre compte. Mais nulle part les Californiens ne le démontrent mieux que sur la superbe ballade électro-acoustique qu’est "I Don’t Believe A Word", reprise de MOTÖRHEAD encore meilleure que l'originale ! Ici, FIREBALL MINISTRY conjugue tout son savoir-faire : suite d’accords efficace, solo embrumé et poignant, mélodie vocale tout sauf facile et chœurs d’une grande justesse, qu'ils soient masculins ou féminins. FIREBALL MINISTRY sonne la fin des réjouissances sur un mets de choix. La somme des qualités de ce cinquième album studio lui permet de décrocher trois grosses étoiles bien scintillantes, qui auraient pu être quatre si les excellentes décisions auxquelles le groupe a procédé de-ci, de-là, s'étaient étendues à l’ensemble du disque. Mais des retours de cette qualité, on aimerait en entendre plus souvent !