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2014 La France A Peur
2016 Fuir La Lumière
 

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SORDIDE - Fuir La Lumière (2016)
Par PERE FRANSOUA le 31 Janvier 2017          Consultée 2658 fois

[La présente chronique a été conçue et rédigée en même temps que celle du première album "La France A Peur". Vous pouvez commencer par lire indistinctement l'une ou l'autre.]

SORDIDE a tout pour me plaire: un son de guitare vintage et mordant, une production organique (grâce à un enregistrement analogique en condition Live), une économie de moyens pour un maximum d'impact et des textes en français à la noirceur réaliste, plutôt bien écrits.

La puissance de la musique permet au groupe de dépasser, et la théâtralité macabre en vigueur depuis les débuts et son antithèse anti-spectaculaire type MGLA. Synthèse en forme de retour à la base, en jean et t-shirt, ils se contentent de (très bien) jouer leur musique, tel un simple groupe de Rock, genre indé, genre français, genre années 90, genre... NOIR DÉSIR.
Pas de surprise pour ceux qui ont lu ma chronique de "La France A Peur" leur premier album, le nom du quatuor bordelais ayant souvent été cité pour décrire le Black Metal si particulier de SORDIDE.

Le changement de bassiste n'a pas affecté les capacités du power trio à délivrer une musique enragée parfaitement exécutée. SORDIDE est avant tout un groupe vivant qui sait jouer ses morceaux en vrai, contrairement à bien des groupes de ce style qui peuvent être des enregistreurs frénétiques mais qui peinent à monter un line-up solide et dont les restitutions scéniques ne tiennent pas toujours leurs promesses.

Enregistré en condition "live" - on l'a dit - ce nouvel album ne nous cache rien et donne à entendre exactement ce que le combo peut délivrer. Et pour enfoncer le clou on peut se mater leur prestation parfaite en prise direct au studio Whitehouse (*). En jean-basket entre quatre murs blanc, le trio nous prouve qu'on peut être intense et sombre avec ses seuls instruments.

Tout en gardant cette vibration Rock/Punk sale, à mille lieux des productions insipides et gonflées, le son s'est considérablement amélioré depuis le premier disque au son brut de démo. On pense toujours au son des diaboliques français de DARVULIA, référence absolue en matière de Black organique à la production vintage. On entend toujours crépiter les amplis à lampe mais maintenant chaque instrument est parfaitement audible, la basse qui claque ou qui ronfle et la batterie merveilleusement naturelle qui jamais ne sont étouffés par cette guitare reine dont les trémolos grinçants et les accords poisseux nous ravissent.

Ils nous scotchent dès l'ouverture avec "L'Incendiaire", Black Metal âpre à mille à l'heure qu'un TAAKE serait bien content de pouvoir encore pondre, mais c'est pour mieux nous surprendre, d'abord avec "Révolte", brûlot endiablé dont l'urgence quasi Punk ferait penser à un NOIR DÉSIR de squat anar, puis avec "L'Ombre", un mid-tempo écrasant alternant entre puissantes rythmiques bondissantes (type GOJIRA de garage) et lourdeur étouffante traversée par des guitares bruitistes.

Dès lors on comprend que le trio sait habilement jouer de toutes les cordes de son arc. Son Black véloce cohabite avec des pesanteurs hypnotiques hantées par des notes dissonantes et des triturations électriques qui font immanquablement penser au jeu unique de Serge Teyssot-Gay, guitariste écorché de NOIR DÉSIR, dans une version sinistre qui ne jurerait pas sur un méfait de DARVULIA.

Cette alliance des extrêmes s'épanouira sur "Sali Par La Haine", titre écartelé entre trémolos assassins et dissonances neurasthéniques, et surtout sur "Fuir La Lumière". S'extirpant d'un larsen le titre éponyme commence par un blast qui s'échoue sur une longue complainte dissonante et hypnotique, compagnon idéal de la dépression. On fuit la lumière et on s'enfonce dans des ténèbres Sludge délayés par deux notes saturées lancinantes qui continuent de nous bercer même quand la batterie repart à toute allure (j'adore ce passage), nous ramenant au tremolo sadique du début en guise de conclusion.

Le duo de hurleurs, guitariste et batteur (parfois renforcés par le bassiste), crachent rage et désespoir à plein poumon avec un feeling encore plus humain que sur le premier album. Et s'ils cadrent bien avec l'ambiance j'aurais aimé qu'ils fussent plus intelligibles. Articuler ou crier, il faut choisir. Puisqu'il faut bien trouver à redire, je dirais donc qu'à titre tout à fait personnel je regrette que les vocaux, en français et de qualité, ne soient pas plus compréhensibles. En somme l'équilibre était meilleur sur le premier opus, en particulier sur les passages lents et lourds ("Blâme") où l'on pouvait suivre les textes sans avoir les paroles sous les yeux.
Même peu audibles les textes n'en sont pas moins intéressants. On retrouve cette noirceur réaliste et cet esprit à la fois rageur et délicieusement désabusé qui nous séduisait déjà sur le premier opus. "Le passé m’a trompé/Le présent me tourmente/L’avenir m’épouvante" clament-il avec désespoir sans issue sur "L'incendie". Même la sainte révolte semble vaine tout en restant la seule attitude possible: "En espérant qu’on pourra encore y croire..." ("Révolte") car "Il est trop tard pour continuer à y croire/Pour se lever le poing fermé/Pour hurler sur les barricades [...] Il est trop tard pour l’espoir" ("Trop Tard"). Il devient alors trop dur de continuer la mascarade et à vivre normalement, "Rictus figé pour échanger/pour décorer, pour se cacher/Les lèvres serrées pour ne pas cracher/il faut pourtant sourire/il faut pourtant parler/Les poings fermés, tendus, crispés/il faut pourtant saluer, il ne faut pas cogner", il ne reste plus qu'à "Fuir la lumière pour garder les yeux ouverts/Et chanter d’une voix pétée/L’éloge de l’ombre" ("Fuir La Lumière").

Je peux maintenant affirmer que le trio venu de Rouen a délivré un formidable album de musique noire et extrême dont il devient difficile de se passer. "Fuir La Lumière" enfonce le clou après le déjà très réussi "La France A Peur". Comme je l'ai dit dans la précédente chronique, les deux disques font merveille et place ce groupe direct dans le top des formations Black hexagonales.

(*) https://youtu.be/o_B4-CUGqBE

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   PERE FRANSOUA

 
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- Nemri (batterie, chant)
- Nehluj (guitare, chant)
- Nebhen (basse)


1. L'incendiaire
2. Révolte
3. L'ombre
4. Trop Tard
5. Salis Par La Haine
6. Fuir La Lumière
7. Sans Regrets



             



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