Quel bel été en Europe! L'Italie m'a dévoilé ses charmes, son patrimoine, sa religiosité millénaire. Le Vatican sublime, immense, à la gloire du Fils de l'Homme. Le Vésuve impérial, toujours là pour rappeler notre finitude, notre impuissance face à la Nature qui finira bien par nous enterrer tranquillement, pendant qu'on débattra toujours de l'implantation d'éoliennes. Et puis ma quête pour trouver un maillot de bain Mussolini, triste échec! Pas de Duce sur ma douce, pleurs et rigolade. Les rires par contre s'éteignent quand je rejoins la France triste à pleurer. Paris comme un gros ghetto minable sale et impoli. La décadence tranquille en slogan. Ce pays qui crève et se laisse écraser, quelle plaie! De quoi encore me miner le moral sous une haine que ce bon vieux TERRA TENEBROSA sait purger de sa liturgie noire.

Antithèse du Vatican céleste, spectre terrestre du Démon, apocalypse musicale, démiurge du néant. Un plaisir certain à l'écoute d'une autre messe effrayante, d'un prêche de la Fin après l'avoir vue de toute façon rayonner dans cette Europe mourante. TERRA TENEBROSA a le don de créer du noir, de l'abîme. Sa liturgie est désormais maîtrisée, trop peut-être. Car ce troisième album commence à donner un sentiment de répétition trop important.

Le bizarre est toujours là pourtant, TERRA TENEBROSA fait de la dissonance un leitmotiv, la voix du Cuckoo continue d'éructer des bribes informes de désastre. On croirait sentir poindre l’avènement des ténèbres. On le croirait, s'il n'avait pas déjà commencé. "Marmorisation", comme une lente agonie ou encore "Where Shadows Have Teeth", imperméable à la lumière: TERRA TENEBROSA continue à perfectionner son Art Noir.

Et pourtant "The Reverses" est classique. Classique parce qu'il est un prolongement de "The Purging" dans son immédiateté, ses titres plus efficaces mais aussi trop limpides et trop répétitifs ("Ghost At The End Of The Rope"). Les suédois, s'ils avaient rendu leur art plus direct et donné un précédent album surprenant, ne parviennent pas à renouveler cette classe et tombent dans le piège de la redite, malgré d'évidentes qualités relatives à leur être. Certains morceaux sont par ailleurs trop fades, un comble pour TERRA TENEBROSA, comme "Fire Dances" peu imaginative, avec son chant en francais déclamé (inspiré de BLUT AUS NORD?) et son riff de fin trop lisse.

Le son pourtant est incroyable, précis, brumeux quand il le faut, avec une batterie mise en exergue, un travail sur la voix effrayant et des arrangements étranges qui renvoient au meilleur de BREACH tout en le dépassant ("Exuvia"). TERRA TENEBROSA conserve cette ambiance unique mais gagne peut-être trop en clarté, perdant cette obscurité qui me fascinait sur "The Tunnels". Un bon album donc, évidemment, mais qui manque de la folie censée habiter le Mal.