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2016 A Year With No Summer

OBSIDIAN KINGDOM - A Year With No Summer (2016)
Par PERE FRANSOUA le 24 Août 2016          Consultée 1263 fois

C’est vrai que cette année l’été a été pourri. C’est vrai aussi que le nouvel album très attendu de OBSIDIAN KINGDOM est ma déception de cette première partie d’année.
Nos chers Catalans ont en effet craqué leur slip sur ce nouveau disque. La faute sans doute à un énième changement de line-up... Mais pas uniquement.
"Mantis", leur premier album (dont je vous promets une chronique très bientôt), était un coup d'éclat et un coup de génie inattendu de la part d'un groupe inconnu, une fresque avant-gardiste noire et versatile où s'entremêlait sans peur ni tabou l'Electro, le Trip-Hop et le Metal Extrême.
Ont-ils déjà pris la grosse tête après toutes les louanges reçues? Ont-ils cru que leur talent d'expérimentateurs et leur goût pour l'aventure suffiraient? Ont-ils déjà cédé aux mirages de la soi-disante maturité qui veut qu'on se débarrasse du Metal comme le serpent d'une vieille peau après sa mue pour atteindre de nouvelles sphères créatrices et croire qu'ils font enfin de la musique d'adulte ?

L'attente était grande pourtant, l'arrivée dans l'écurie Season Of Mist un heureux présage, et l'annonce de la participation de Kristoffer Rygg de ULVER et d'Attila Csihar de MAYHEM donna la bave aux lèvres.
Coup marketing raté ou simple participation trop alternative pour qu'on en comprenne l'intérêt, le featuring de ces deux pointures n'est pas l'adoubement attendu au panthéon du cool. Leurs participations totalement anecdotiques (quelques phrases vaguement déclamées pour Rygg sur "10th April", et quelques légers grognements pour Attila au début de "The Kandinsky Group", de toutes façons à peine inaudibles) ne servent à rien sinon à dire que deux génies sont passés par là faire beau. Pourquoi annoncer en grande pompe leur présence et ne pas mieux les utiliser ?
C'est un point de détail évidemment mais qui est assez symptomatique du problème de cet album : un gros potentiel non abouti présenté d’office comme une réussite avant-gardiste.
On nous dit qu’il y a un concept, une thématique dépeignant un univers catastrophiste et paranoïaque. On s’installe avec le livret pour lire les paroles. Elles sont imprimées à l’envers, il vous faut un miroir pour les lire ou aller les chercher sur le net. Merci bien les gars de rendre votre travail aussi inutilement ésotérique. Une fois lues, on se dit qu’il n’y avait pas grand intérêt à les cacher. Les textes évoquent plus qu’ils ne racontent et ce sera à vous de vous inventer une histoire.

C’est la musique qui est importante alors rentrons dans le vif du sujet si vous le voulez bien.

Ce second album propose des titres Rock qui naviguent entre l'Alternatif et le Progressif, le tout relevé avec de l'Electro, et quelques lambeaux de Metal moderne. Deux morceaux totalement Electro servent d'interludes bienvenue, "10th Of April" et "The Polyarnik", plutôt sympa dans leur veine ULVEResque.

Décrire en détail la musique du groupe était déjà délicat par le passé, c'est maintenant un exercice perdu d'avance. On peut multiplier les références, on se retrouvera confronté indéfiniment à ses propres lacunes culturelles. Le groupe cite DEFTONES, PINK FLOYD, NINE INCH NAILS ou PORCUPINE TREE comme influences. D'autres parlent de CULT OF LUNA. Moi j'y vois du ARCHIVE, pour ce Trip-hop vaguement rockeux un peu répétitif, pourquoi pas un peu de PEARL JAM, pour le coté Rock alternatif parfois à la lisière du Metal, et puis surtout à GODFLESH. Oui, GODFLESH. Cette dernière référence parait surprenante mais elle finit par s'imposer à force de se demander à quoi nous fait penser ces riffs répétés de guitares Rock saturées au-dessus de percussions martelées sur un rythme saccadé et garnis d'une voix claire qui s'époumone dans le fond (c'est particulièrement notable sur le presque énervé "Away/Absent" qui conclu le disque). Un GODFLESH, certes mais bien propret, façon hipster, et qui serait évidemment débarrassé de son ambiance industrielle et de sa rage toute Punk.

Les Barcelonais tentent de toute leur force d'inventer de vrais chansons cohérentes et d'une certaine manière ils y parviennent, mais seulement au prix d'un acharnement à décliner le même motif. La musique en soi n'est mal du tout, seule sa répétition stérile et à peine progressive la rend agaçante. "Mantis" savait être bref et incisif (au risque de nous laisser sur notre faim) mais ce second opus propose des morceaux qui s'étirent avec comme seuls changements des variations (d'intensité et de quantités de couches sonores) autour d'un même thème et d'un même rythme, répété encore et encore (nous gavant jusqu'à ce qu'on les aime.). L'étrangement lumineux "Darkness" par exemple ruine ses bons ingrédients (basse vrombissante, bidouillages électro bien vus) notamment à cause de la répétition ad nauseam d'une ligne de chant criant "One Day The Sky Will Dye White" en boucle et dont le charme intrinsèque s'en retrouve désamorcé. Le groupe revendique en interview de composer leur musique par jeu complexe et accumulation de couches sonores autour de structures de chansons simples et accrocheuses. Mais par je ne sais quelle magie ce parti pris fonctionne encore assez bien sur le titre d'ouverture éponyme, avec sa ligne de chant Pop et son break Electro-Metal que Trent Reznor n'aurait pas renié.
L'autre point noir sont les incursions de guitares Metal (refrain instrumental sur "Darkness", riffs accompagnant le blast incongru sur "Away/Absent"), pourtant fort attendues, mais qui en plus d'être simplistes souffrent d'un son fade et peu naturel (le son des guitares constituait déjà un des défauts majeurs de l'opus précédent, mais à l'époque il s'agissait d'un excès de compression typique des productions modernes).

Malgré toutes ces critiques le charme opère tout de même, plus ou moins intensément, en particulier sur l'inquiétant "The Kandinsky Group", moins frontalement répétitif et plus ingénieux dans sa monté émotionnelle. On tolérera même ses longues dernières minutes de chaos à base de distos de guitares (façon fin de concert de rock on va péter notre matos) en justifiant qu'il fallait bien que le titre exprime musicalement toutes ces sentiments extrêmes (on se rappellera alors que le groupe a pondu du remix Ambiant/Noise de son premier album de même qu'il a donné des set de Drone en live, et l'on comprendra tout).
Les airs de chant finissent également par vous rentrer dans la tête. Le chant de Rider G Omega (seul membre originel encore présent aujourd’hui et qu’on imagine être le leader du groupe), bien que poussif dans son expression et répétitif dans ses motifs, n'est pas déplaisant, avec son timbre entre la New Wave et le Rock Indé ("A Year With No Summer"), ses petits effets à la PETER GABRIEL, et qui n'hésite pas à pousser un peu sa colère toute Grunge ("The Kandinsky Group"). Il faut dire que le chanteur sait growler et possède une voix Black Metal pas dégueu, même s'il ne les utilise évidement pas ici.

A travers les styles et les collages, les Catalans se cherchent une identité artistique bien à eux. A l'instar des velléités indépendantistes de leur province, les musiciens réclament bruyamment de s'affranchir de tout carcan créatif. Pourtant ils restent prisonniers des références multiples auxquelles leur musique fait immanquablement penser. Le Frankenstein sonore fonctionnait plutôt bien étalé sur la durée d'un premier concept album aux mille visages et donnait paradoxalement l'impression d'avoir plus de personnalité. Ils tentent sur ce second opus de faire converger les différentes facettes au sein de vrais morceaux. Le pari risqué est à moitié réussi, l'écriture des titres en souffre, les trouvailles surprenantes sont limités et les opposés apparaissent plus irréconciliables que jamais, en particulier les éléments de Pop-Rock léger avec les expérimentations Electro et les restes de Metal à gros son. En débarrassant leur melting-pot des parties de Metal Extrême ils ont surtout nivelé les contrastes et ont perdu en dinguerie.

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   PERE FRANSOUA

 
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- Rider G Omega (voix, guitare rythmique)
- Ojete Mordaza Ii (batterie)
- Zer0 Æmeour Íggdrasil (claviers, voix)
- Om Rex Orale (basse)
- Seerborn Ape Tot (guitare solo)


1. A Year With No Summer
2. 10th April
3. Darkness
4. The Kandinsky Group
5. The Polyarnik
6. Black Swan
7. Away/absent



             



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