En 2011, après onze ans de disparition, OCTOBER TIDE nous revenait avec un nouvel album, "A Thin Shell", son troisième, qui marquait un changement relativement marqué dans le style pratiqué jusqu'alors par le groupe : d'un Doom/Death calqué sur le KATATONIA des années 1990, l'on est passé à un son bien plus moderne, propre et mélodique, évoquant désormais plus volontiers SWALLOW THE SUN que MY DYING BRIDE et autres classiques du genre. Malgré de nombreux changements de line-up – Fredrik "North" Norrman est le seul membre d'origine encore à bord, et même le seul à ne pas avoir rejoint le groupe après 2012 –, les Suédois frappent à nouveau en l'an 2016 avec une cinquième offrande, sombre et mélodique comme jamais.

Alors, vous qui avez apprécié "Tunnel Of No Light", soyez heureux : "Winged Waltz" en est le digne successeur. Stylistiquement identique, il ne cherche pas à changer une recette qui avait plutôt bien marché. Malgré ce manque d'évolution, il faut bien reconnaître que le groupe a beaucoup gagné en efficacité depuis ses débuts. Si l'on préfère le Doom/Death des années 1990, l'on trouvera certainement ce disque en deçà de "Rain Without End" ; par contre, si l'on se trouve avoir un faible pour les productions puissantes et bien polies de ces dernières années, il y a ici largement de quoi se sustenter.

La première chose à saluer est la performance vocale d'Alexander Högbom. Sa voix est franchement agréable, rauque sans trop être caverneuse ; elle oscille entre le Death traditionnel à la UNLEASHED et le mélodique à la AT THE GATES – je schématise, mais vous comprenez l'idée. C'était déjà un plaisir de l'écouter sur "Tunnel Of No Light", et ce l'est à nouveau présentement ; sa voix rappelle déjà plus les débuts du groupe que celle de Tobias Netzell (IN MOURNING), qui chantait sur l'album "A Thin Shell".

Au-delà du chant, l'instrumentation est propre et maîtrisée, rien à redire là-dessus : des guitares mélodiques mais puissantes, une batterie… Doom – c'est rarement l'instrument le plus intéressant dans ce style de Metal, il faut bien l'avouer – et une basse classique en soutien : très traditionnel, mais le groupe lui-même est très traditionnel dans son approche musicale. Et c'est là sa force et son défaut, comme pour bien de ces groupes qui ont atteint une forme d'équilibre de long terme en matière de créativité : il n'y a rien de bien nouveau à découvrir.

Il faut bien reconnaître qu'OCTOBER TIDE n'a jamais été révolutionnaire de par le passé, même sur "Rain Without End", qui reste souvent le préféré des fans, de par ce qu'il n'a jamais eu l'air de vouloir développer son son avec originalité. Il était volontiers accusé d'être un clone de KATATONIA dans les années 1990 ; aujourd'hui, l'on pourrait le traiter d'ersatz de SWALLOW THE SUN période "The Morning Never Came", si l'on avait l'envie de le critiquer.

Même si le disque est globalement bon, l'on émettra quelques réserves vis-à-vis du fait que tous les titres se ressemblent assez, voire même un peu trop. En fait, les ambiances ne changent pas de toute la durée du disque, et c'est là où le bât blesse ; l'on aurait apprécié plus de variété, que ce soit dans les tempi, dans les structures, ou encore dans le choix de la composition des riffs. Seuls "Coffins Of November" et "Sleepless Sun" se détachent du lot en proposant quelque chose d'un peu différent, tandis que le reste des chansons se contente de faire son boulot, certes de manière correcte, mais sans rien de plus.

Au final, OCTOBER TIDE ne fait que confirmer ce que l'on savait déjà : il ne compte pas révolutionner le genre, mais simplement y contribuer avec une production certes qualitativement appréciable, mais qui ne fait pas preuve d'une grande imagination. Le groupe est resté fidèle à ses origines, malgré la modernisation de sa musique du point de vue de sa qualité sonore, et en cela stagne quelque peu au niveau de sa créativité. Mais il y a quand même largement de quoi faire avec "Winged Waltz", alors n'hésitez pas à y jeter une oreille, vous pourriez bien être charmés !