Vous me connaissez surtout comme un examinateur de l'extrême, le Black et le Death me fournissant ma dose quotidienne d'énergie malsaine. Alors quand je m'aventure dans des styles plus soft, comme le Gothique, le Power ou le Thrash – le genre qui m'a fait aimer le Metal – c'est surtout pour me ressourcer, me changer les idées et tester ma capacité à apprécier autre chose. Ce qui, depuis que je suis sur NIME, n'a jamais été un problème, à ma grande surprise. Alors vous aurez compris avec cette chro portant mon nom que je me ressource dans le Thrash en ce début de printemps, car bon, j'aime son atmosphère de rébellion et la créativité que certains groupes utilisent pour sortir des sentiers… déjà thrashés des centaines de fois.

Avec le Suédois MEFISTO, j'ai trouvé chaussure à mon pied. Non seulement son Thrash est-il fort original, mais… il s'agit de son premier album depuis sa formation en 1984 !!! Putain, je crois que c'est un record. Imaginez. VAN HALEN sortait son album mythique avec l'ange qui fume des clopes sur le cover et MEFISTO naissait à Stockholm. Après deux démos et une compil', le trio a rempilé à la fin des 80's… jusqu'en 2014. Et deux ans plus tard, le bien nommé "2.0.1.6. - This Is The End Of It All… The Beginning Of Everything… " voyait le jour sur vinyle avec ses 43 minutes de Thrash speedé, ambiancé, aux accents Death et aux solos monstrueux. Tout un programme !

Sauf que… vous devez savoir que ce revival album contient trois pièces réenregistrées, soit "Act Dead", "Frost Of Inferno" et "The Puzzle". La vérité est donc que MEFISTO a créé cinq morceaux depuis son retour, motivé par on ne sait trop quoi. Enfin, le résultat est pas mal, alors ne rechignons pas. Vous entendrez des dizaines et des dizaines de groupes sur ce disque, de MEGADETH période "Rust" à PANTERA période "Vulgar" ou même du SODOM dans les rythmiques et la lourdeur des guitares. Et pour ce poids musical, on peut remercier Dan Swäno au mastering, qui a fait un très bon boulot comme d'hab'.

Le premier choc sur "Deathrace" n'est pas tant le jeu des Suédois, qui prend du mieux à partir de l'excellente et ambiancée "Void", mais le chant monstrueux de Sandro Cajander. Le bonhomme prend énormément de place et pour ne pas se faire damer le pion, le très doué guitariste Omar Ahmed doit déployer d'imaginatifs solos pour changer le vent de côté et ainsi assurer un équilibre certain à ce "2.0.1.6.", dont les trois reprises tranchent un peu avec le reste. MEFISTO a davantage réussi les cinq nouvelles pièces, moins carrées, plus risquées, groovy et variées. Et oui, le gros son est au rendez-vous.

Bon, même si elle n'est pas sur le podium, "Deathrace" a le mérite de nous échauffer les sens, alors que la mélodie sur le refrain de "Void" est aussi agréable que le refrain bizarre de la lente et pesante "Heads In The Sand". "Frost Of Inferno" est de loin la meilleure reprise – bien que "The Puzzle" ne laisse pas sa place – et ouvre le bal pour la fédératrice "Hate Consumes Me", dont l'air s'incruste dans notre cerveau malade après trois riffs. L'album s'achève sur… une ouverture ? Dans le sens « à la prochaine, on se reverra, maintenant que nous avons réussi notre retour. » Un long pavé plus heavy que les autres qui ferme la marche en créant un paradoxe avec le tremplin insalubre "Deathrace".

Retour passablement réussi donc pour MEFISTO, qui nous offre la chance d'espérer mieux la prochaine fois. On souhaite maintenant du matériel original à 100% pour aller avec cette pêche incroyable !

Note : 3,5/5.

Et pour répondre à votre question : oui, j'ai chroniqué cet album parce que le groupe se nomme MEFISTO. C'est la seule et unique raison !

Podium : (or) "Void", (argent) "Hate Consumes Me", (bronze) "2.0.1.6.".