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POST-HARDCORE / CRUST  |  STUDIO

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2006 Owsla
2007 Elil
 

- Membre : Morrow, Light Bearer

FALL OF EFRAFA - Elil (2007)
Par ISAACRUDER le 12 Mars 2016          Consultée 1455 fois

Dans la langue des lapins de la fable " Watership Down ", " Elil " signifie " Ennemi ". Cet Ennemi, ce Démon, est celui qui nous met à l'épreuve chaque jour de notre existence. Il me vient à l'esprit une lettre que m'a envoyée une amie. Accidentée récemment, cloisonnée dans une vieille maison qu'elle ne parvient pas à vendre elle se sent piéger. Pire, la fusion qu'elle avait avec la Présence , elle ne la ressent plus. Les Ténèbres l'enveloppent, le ressentiment fait son chemin. Elle me parle de ses questionnements sur Dieu qui mettrait à l'épreuve, sur la Vie elle-même chemin jalonné d'obstacles, l'être humain tenant un flambeau, courant jusqu'à la fin, esquivant les pièges, gardant la flamme intacte. Je lui dis que Dieu ne met pas à l'épreuve selon moi, mais que c'est la Vie qui est un parcours initiatique. Elle me dit qu'elle en veut à Dieu de permettre autant de souffrances alors qu'il est Tout-Puissant. Je lui dis que si Dieu agissait, quid de notre libre arbitre ? Nous sommes des créatures conscientes, qui pensent et se pensent, et surtout nous faisons des choix qui nous construisent et façonnent le monde à petite ou grande échelle. A la lumière du mythe de Job, croyant mis à l'épreuve par le Diable et Dieu, notre vie est un parcours où nous nous rapprochons de Sa Lumière ou nous éloignons selon nos décisions. Dans ce monde que Camus dirait dénué de sens, Son silence pèse, il est assourdissant, mais comme le disait Balzac "Le malheur fait dans certaines âmes un vaste désert où retentit la voix de Dieu".

"Elil" est sombre, froid, lourd. Il est le passage de FALL OF EFRAFA du Crust au Post-Hardcore le plus monolithique. Il l'est car il parle de l'Ennemi, celui dont Baudelaire disait que sa plus grande malice était de faire croire qu'il n'existait pas. Mais pour FALL OF EFRAFA, groupe anti-fasciste, anarchiste et athée, il s'agit de l'homme religieux, sans ses excès et son appétit de soumettre toute chose à sa volonté. Aussi "Elil" est-il dramatique, plus encore que "Owsla". Il porte la colère du groupe, sa conviction qu'un monde religieux est un monde violent, que l'Homme est le Mal de l'Homme lorsqu'il cherche à imposer sa vision à l'autre.

Le son de FALL OF EFRAFA a donc énormément changé, preuve en est de la construction d'"Elil", avec trois morceaux très longs et progressifs, plus habités par un Post-Hardcore massif que par le Crust furieux d'"Owsla". Il conserve ce souffle épique mais le tragique est plus présent, grâce à des riffs monstrueusement beaux, notamment celui qui ouvre "Dominion Theology", tellement chargé de splendeur. Ces riffs massifs, bourrés d'émotion, se mêlent à des passages Crust qui rappellent "Owsla", comme dans le malheureusement trop paresseux "Beyond The Veil". De fait, si "Elil" possède indéniablement ses moments épiques, il se morfond bien souvent dans le mid-tempo, piégé dans la volonté de créer une atmosphère pesante. Car en cédant sa verve Crust, sa bestialité Punk, FALL OF EFRAFA s'est enfoncé dans un Post-Hardcore lent et parfois, il faut le dire, monotone. "Elil", s'il est beau, s'avère linéaire, bloqué dans une structure trop établie. Riff monolithique, variante Crust, arpège, final épique et chant bien trop limité. La formule a beau fonctionner, elle ne rend pas justice au propos du groupe, qui était bien plus pénétrant sur "Owsla".

Néanmoins "Elil" a quelque chose de magique, de majestueux. Les riffs ont une voix, aussi simples soient-ils. Certains arpèges sont évocateurs, et le caractère épique est véritablement inscrit dans l'ADN de l'album, plus narratif encore qu'"Owsla". Il est difficile de rester de marbre face au riff incroyable de "Dominion Theology", et "For El Ahraihrah To Cry" est d'une beauté rare. Imposante, grandiloquente, elle concentre ce qui fait de FALL OF EFRAFA un groupe singulier en remontrant toute l'énergie de leur Crust Épique sauvage et incandescent alliée à des parties Post-Hardcore pathétiques à crever. Le final seul de ce dernier titre est à pleurer avec sa mélodie en forme de fin du monde.

Deuxième partie du triptyque de FALL OF EFRAFA, "Elil" est l’œuvre partagée entre l'agressivité de son aîné et la contemplation triste de son futur frère. C'est un bel album, lourd, puissant, intense, qui possède une aura épique et un cœur narratif incroyables. Mais il souffre de monotonie, de moments forcés, d'un manque de violence qui habitait "Owsla" et apportait de la vigueur à une musique qui a tant à raconter. Un très bon album, qui s'écoute encore avec passion des années plus tard, et qui conserve, à l'instar de son artwork, son mystère et son culte.

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- Alex (chant)
- Neil Kingsbury (guitare)
- Steven Mccusker (guitare)
- Michael Douglas (basse)
- George Miles (batterie)


1. Beyond The Veil
2. Dominion Theology
3. For El-ahraihrah To Cry



             



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