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CRUST EPIQUE  |  STUDIO

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2006 Owsla
2007 Elil
 

- Membre : Morrow, Light Bearer

FALL OF EFRAFA - Owsla (2006)
Par ISAACRUDER le 1er Mars 2016          Consultée 1963 fois

Des décennies après les grandes œuvres d'anticipation politique notre monde a réalisé ces visions immondes décrites par les prophètes du XXème siècle. La surveillance est généralisée, les entreprises ne pourront bientôt plus protéger le peu de choses qu'elles pouvaient se targuer de défendre (voir le scandale actuel entre Apple et le gouvernement), la répression est assurée pour ceux qui affrontent la doxa, assumée physiquement, ou plus subtilement via des médias qui ont oublié de soutenir un peuple qui est parfois à l'origine de leur existence. La valeur marchande est seule mesure de notre vie, l'amour lui-même devient monétaire, la naissance détachée de sa beauté originelle et lâchée dans la cage des scientifiques pour satisfaire le besoin d'une population décadente, bien décidée à sucer la moindre goutte du corps décharné de la Vie. Dans cet ensemble d'auteurs ayant synthétisé la dégénérescence de notre monde, Richard Adams est celui qui a su raconter une aventure et métaphoriser le combat de chacun pour accéder au bonheur. Si Orwell, Huxley ou Lang sont connus, Adams est moins cité, certainement parce que son œuvre "Watership Down" est une fable bien plus conséquente encore que "La Ferme des Animaux", dont la construction semblable à "L'Odyssée" a pu rebuter une partie des lecteurs auxquels ce type de récit se destine. Le projet de FALL OF EFRAFA était alors de bâtir une trilogie illustrant cette œuvre géniale, en faisant concorder chaque album avec une partie essentielle du récit.

Une œuvre ambitieuse, qui débute avec "Owsla", épopée Crust rageuse, frontale et intense.

"Watership Down" raconte le parcours – quasi initiatique – de lapins chassés de leur territoire par les humains. Emmenés par Noisette, fort et courageux, ces derniers endureront un long voyage pour entrevoir une nouvelle terre, promise par le jeune Cinquain, hanté par des visions que personne ne croit. Odyssée tragique, conte moralisateur, récit dénonçant l'obscurantisme, le fascisme et les extrêmes religieux, l'œuvre de Richard Adams est riche et difficile à aborder. FALL OF EFRAFA se lance dans un projet ambitieux, mais au final intéressant et propice à des paroles on ne peut plus profondes. "Owsla" est le premier album et le dernier des Anglais à être aussi teinté de Crust. Un Crust non seulement violent et viscéral mais aussi relevé de subtilités qui démarquent vite FALL OF EFRAFA de la scène, qui est en 2006 déjà bien trop exploitée aux États-Unis par des formations comme THE HOLY MOUNTAIN ou WARCRY. On a donc dès le départ à faire avec un groupe qui ne veut pas rester enchaîné à une étiquette déjà utilisée par les noms prestigieux de nombre de combos devanciers. "Intro" met directement en condition, le violoncelle se fait lamentation, dominé par une voix plutôt étrange, quasi enterrée dans l'abîme avant que "Pity The Weak" ne vienne démarrer le récit avec une puissance folle, son riff Crust excellent annonçant un album sculpté dans le combat.

Les morceaux, s'ils dégagent cette férocité underground et proche du garage propre au Crust et au Punk, sont souvent entrecoupés de violons et autre violoncelles rappelant très vite certains efforts de NEUROSIS. La démarche est audacieuse, les parties Crust épiques étant vite étouffées par des pleurs de cordes sublimes et mélancoliques. "Last But Not Least", merveille de l'album, succédant à "Lament", interlude au piano sombre, témoigne d'une volonté de ne pas se conformer à la seule violence, révélant des arpèges fiévreux et torturés magnifiques. Plus mid-tempo, le morceau joue la carte de la lourdeur et de la mélodie, les couplets étant suppléés par ces vieux instruments toujours aussi tragiques. Le potentiel émotionnel de FALL OF EFRAFA se dégage, les guitares sèches étouffées aident l'arpège à prendre de l'ampleur dans l'interlude central, avant une fin des plus épiques, au riff destructeur, vite éradiquée par l'arrivée de l'instrument fétiche, seul, aux intonations proches de la tristesse et du désespoir. FALL OF EFRAFA joue pour émouvoir et pour véhiculer sa rage.

Attaquant sur tous les fronts, le groupe assume son côté engagé. Véritable réquisitoire contre l'humain, "Owsla" est une multitude de flèches acérées très vite privées de l'éclat de leur pointe par la chair qu'elles pénètrent sans retenue. Défense de l'animal et de la réalité de son âme face à la religion humaine qui le prive de conscience ("A Soul To Bear"), le combat intérieur est souvent le plus difficile à mener et le sacrifice est une vertu qui se perd ("Last But Not Least", si triste et dévorante). Face à l'adversité, à la peur paralysante, on se relève pour défendre ceux qu'on aime, car à la toute fin il ne reste plus que la liberté, thème magnifiquement transmis dans "The Fall Of Efrafa", qui conclue "Owsla" de la plus belle des manières, charpenté de ce violoncelle lacrymal et de guitares monolithiques et intenses. "Retribution, the warren is emty!", phrase finale scandée par un chant plein de hargne et révolte. "The Fall Of Efrafa", dans l'histoire du conte, raconte le passage où les lapins exilés découvrent un territoire appelé Efrafa, terre encadrée par l'armée et la police, aux mains du général Woundwort, tyran sans pitié. Décidée à parler avec les habitants, la bande emmenée par Noisette et Cinquain décide une poignée d'habitants à rejoindre leur communauté pour atteindre la terre promise, Watership Down. Mais le général Woundwort envoie l'armée pour attaquer ce paradis terrestre. Bataille finale, sanglante, dernier espoir des exilés et d'un peuple tyrannisé, "The Fall Of Efrafa" est le morceau progressif de l'album, le plus révélateur de la capacité de FALL OF EFRAFA à mener le jeu sur deux terrains: l'épique et le mélodique. Un caractère progressif que le groupe exploitera davantage sur les deux prochaines parties de la trilogie. La tristesse s'installe, les pleurs arrivent à l'écoute du corps boisé larmoyant, jusqu'à ce cri victorieux scandé maints et maints fois : "Retribution, the warren is empty".

Peu de groupes ont su construire une narration à partir du Crust et FALL OF EFRAFA en fait partie. Plus ou moins récemment, BACCHUS témoignait de la même capacité à marier Epos et Pathos dans la même bataille. Mais les anglais de FALL OF EFRAFA, avec "Owsla", ont démarré un triptyque qui deviendra mythique dans la scène underground, car riche dans sa musicalité et profond dans les thématiques abordées. De la musique qui pense dirait Hugo, qui porte un étendard fatigué par les batailles, rouge du sang des porcs qui habitent ce monde, noir de la rage de ceux qui le brandissent, blanc des promesses d'un monde destiné à être meilleur. Et pourtant, le Royaume n'est pas de ce monde dirait le Christ, pour citer une figure certainement honnie par FALL OF EFRAFA. Et de fait, si "Owsla" est sombre, "Elil" puis "Inlé" viendront apporter davantage de souffrance par la suite. Suite au prochain chapitre.

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- Michael Douglas (basse)
- George Miles (batterie)
- Neil Kingsbury (guitare)
- Alex (chant)
- Steven Mccusker (guitare)


1. Pity The Weak
2. A Soul To Bear
3. Lament
4. Last But Not Least
5. The Fall Of Efrafa



             



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