Une fois n'est pas coutume : merci ISAACRUDER (décidément, je constate que nos avis convergent la plupart du temps) d'avoir comblé le manque immense que constituait l'absence de FALL OF EFRAFA sur NIME. Tes talents d'écriture font hommage à ce chef-d'oeuvre : tant dans cette démarche "engagée" que dans cette capacité à poser sur le papier certaines des émotions que l'on ne peut que ressentir à l'écoute de l'album (bien qu'il soit impossible de le faire de manière totalement exhaustive, tant "Owsla" est riche et complexe).
Passés les remerciements, place à l'oeuvre (le tiers d'un chef-d'oeuvre en réalité) : concernant la musique, d'aucuns diront qu'elle est intense. Et ils auront à moitié raison : la musique alterne en réalité les passages purement crust et les moments de pure poésie, plus planants, limite lancinants. A cet égard, "The Fall Of Efrafa" est on ne peut plus représentatif : début calme, mélodique (je rajouterais magnifique mais ça n'engage que moi) et néanmoins rythmé qui évolue, petit à petit, pour s'assombrir et devenir un brasier.
Evolution : voilà une des pattes de FALL OF EFRAFA. L'auteur parle de "progressif" et il a eu le nez fin : bien que moins développé sur le premier, cet aspect de la musique du groupe prendra à chaque sortie un peu plus de place et il faut avouer que le génie de la bande anglaise réside dans ce savant mélange des genres : cet alliage a le don de nous transmettre pléthore d'émotions et de nous faire voyager entre chacune d'elles avec une facilité déconcertante.
Voyager : dire que "Owsla" (et les suivants) est une oeuvre immersive est une doux euphémisme. On ne peut que se sentir concerné lorsque l'on écoute l'album : cette musique se vit réellement, intensément et non d'une oreille distraite. Personnellement je n'arrive jamais à faire autre chose quand il me prend l'envie d'écouter "Owsla", si ce n'est lire les paroles, des informations sur le groupe, "Watership Down" ou encore contempler les travaux d'illustration d'Alex CF (le chanteur).
Les passages "parlés" aidants grandement à ce sentiment d'immersion totale : tantôt chuchotées, tantôt saccadées, tantôt menaçantes et j'en passe. De simple phrases prennent ici une toute autre tournure et nous piègent, nous enlèvent de notre quotidien pour nous amener à vivre l'oeuvre avec le groupe.
Rarement une musique aura su aussi bien servir une oeuvre littéraire (ne me parlez pas de SUMMONING, bien qu'étant un groupe que j'apprécie énormément, le travail et les intentions des deux groupes sont totalement différentes). L'hommage est classieux à souhait, le pari plus que réussi, le succès au rendez-vous, le travail d'écriture et de composition est exemplaire et intelligent à souhait : que demande le peuple ?
Jusqu’au-boutiste dans la démarche, FALL OF EFRAFA n'est plus et c'est temps mieux : groupe se respectant, avec des valeurs, défendant nombre de causes, engagé, intègre. Les qualificatifs me manquent et il serait redondant de continuer, mais vous voyez où je veux en venir : le groupe est né pour créer ce triptyque et a été dissous lorsque le troisième volet fut achevé. Peu peuvent se targuer d'avoir été aussi honnête dans leur démarche artistique : ne voulant ni gloire ni succès, l'éphémère bande récoltera pourtant tout cela, en plus d'une notoriété légendaire dans l'underground, d'une fan base encore très présente à l'heure actuelle (regrettant amèrement ne plus pouvoir vivre l'aventure de "Watership Down" le temps d'un concert). Le nombre de "fidèle" ne cesse de croître qui plus est et des rééditions incessantes de leur chef-d'oeuvre sont nécessaires et indispensables pour contentez les amoureux du groupe et nouveaux venus. Ce n'est pas ça ce que l'on appelle "réussir sur tous les tableaux" ?
Les membres continuent néanmoins leur bonhomme de chemin dans le monde de l'underground musical : chapeau - et toute la garde-robe - messieurs.
Note : ne prenez pas cet écrit comme celui d'une simple groupie, et pardonnez mes quelques égarements, mais vous savez ce que c'est que d'être fan et admiratif d'un groupe : on en perd parfois nos mots et notre raison (et c'est tant mieux).
Ah oui, un dernier détail : jetez-vous sur l'oeuvre de Richard Georges Adams.
