NOCTE OBDUCTA est un groupe des étoiles et de la nuit : obscur, il ne semble s'illuminer que lorsque l'on prend le temps de discerner les lueurs stellaires qui le parsèment. Et "Umbriel" est empli de ces lumières venues du cosmos. Après un "Verderbnis - Der Schnitter Kratzt An Jeder Tür" d'une noirceur si dense qu'elle en deviendrait presque palpable, cet album apporte un peu de douceur en guise de répit. Contempler les étoiles, les planètes, la Voie lactée… NOCTE OBDUCTA nous emmène dîner sur Uranus sous le regard d'Umbriel et de ses sœurs.

Beaucoup de chemin a été parcouru depuis "Lethe – Gottverreckte Finsternis", le premier album du groupe. Le Black Metal est toujours présent, mais il sait désormais faire place à une palette bien plus variée de sons et d'atmosphères. "Umbriel" est… étrange. Non pas de manière négative, mais il est composé comme un patchwork de plages musicales qui prend son sens dans son éclectisme. L'auditeur n'a pas de fil rouge à suivre pour s'orienter dans cette galaxie sonore ; se laisser perdre dans ses méandres semble être la seule façon de vraiment apprécier le voyage.

Le disque est également très lent, à la fois dans ses tempi et dans son développement : "Umbriel" est une promenade au clair de lune, pas une course effrénée dans une sombre forêt. Il faut prendre le temps de s'immerger dans son univers en suivant les nappes de synthétiseur psychédéliques, et non pas se ruer à la suite des riffs de guitare. Les tensions se construisent sur la durée ; l'intensité monte avant que finalement l'aspect Black Metal de NOCTE OBDUCTA ne se manifeste. Une grande partie des morceaux est faite de passages atmosphériques qui n'ont que peu à voir avec du Metal, mais qui finissent toujours par déboucher sur des vrombissements et autres hurlements caractéristiques de notre musique favorite. L'on oscille entre les genres, les couleurs varient : il s'agit là d'un album tout à fait intrigant.

Il faut peut-être comprendre cet album comme un rêve : fluide et surprenant, voire parfois dérangeant, il se meut librement sans suivre une logique ou une structure bien précise. Sa qualité est justement de savoir faire fi des conventions pour mieux pouvoir évoluer selon sa propre volonté. Mais il faut bien reconnaître que l'on se sent bien souvent perdu, livré à soi-même dans un monde musical plutôt hostile, et que l'on en vient à oublier le sens de ce que l'on a entendu d'une minute à l'autre. Avant-gardiste, "Umbriel" l'est indubitablement, et c'est là sa force et sa faiblesse : il est original, et même une pièce unique en son genre, mais l'on en termine l'écoute avec un grand point d'interrogation gravé au milieu du front. Que vient-on d'écouter ? Qu'y a-t-il à en tirer ? Trop long et trop décousu, ce disque aurait gagné à être plus clair dans sa construction.

NOCTE OBDUCTA est un groupe confirmé qui n'a plus grand-chose à prouver ; il peut donc se permettre de suivre sa fantaisie comme il le souhaite. Mais, en tant qu'auditeur, je dois avouer m'être senti un peu déçu par la démarche ici entreprise : le silence entre les étoiles est-il donc aussi chaotique ? Il y a de bonnes idées, d'excellentes instrumentations, mais il manque une direction générale à l'album. Une expérience intéressante tout de même, à recommander à ceux que l'expérimentation ne rebute pas.