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2023 Resurrection Of The Flesh
 

- Style + Membre : Celtic Frost, Triptykon, Hellhammer

TRIUMPH OF DEATH - Resurrection Of The Flesh (2023)
Par DARK BEAGLE le 15 Mars 2024          Consultée 1158 fois

Il ne faut pas oublier à quel point Thomas Gabriel Fischer est un rouage important de l’histoire du Metal. L’héritage qu’il laissera sera considérable, il suffira d’écouter un disque d’Extrême pour s’en rappeler. Bien qu’âgé aujourd’hui de 60 ans, la retraite ne semble pas encore avoir sonné pour ce vétéran d’une scène qu’il aura donc contribué à initier, en compagnie de quelques autres. Et s’il nous tarde de le retrouver sur un album studio avec TRIPTYKON, la scène semble aujourd’hui prendre une importance particulière pour lui. En effet, son Requiem n’a pas encore fini de résonner, pièce nécessaire pour saluer la mémoire de Martin Eric Ain et surtout parachever l’œuvre de CELTIC FROST qu’il refoule les planches pour exhumer des morceaux de HELLHAMMER.

Mais cela aurait été trop simple de le faire sous ce nom. L’idée avait germé lors de discussions avec l’ancien complice Martin Eric Ain et revenir sans lui n’aurait pas eu la même saveur. Aussi choisit-il de monter un groupe inédit qu’il va nommer TRIUMPH OF DEATH, comme cette chanson phare du mini album "Apocalyptic Raids". Le but n’est pas de revenir en tant que HELLHAMMER, mais de donner la chance à des morceaux qui n’ont pas souvent été joués sur scène. Tom G. Warrior s’entoure alors de André Mathieu à la guitare (NEOLITHOIC REGRESSION, PUNISH), de Jamie Lee Cussigh (SACRIFIZER) à la basse et de Tim Wey à la batterie et la formation va tourner un peu partout. "Resurrection Of The Flesh", fruit de cette série de concerts va d’ailleurs représenter trois soirées qui auront été mémorables pour bon nombre de personnes qui ne pensaient pas vivre cela un jour.

Sur scène, la musique prend une nouvelle densité. Les morceaux ne sont pas joués tels qu’ils étaient initialement conçus. Fischer a fait murir sa musique, il lui donne de nouveaux atours sans pour autant nuire à sa virulence ou à son intensité. Le rendu se veut très Heavy, la basse de Cussigh claque comme ce n’est pas permis, elle forme un véritable mur de son avec une batterie qui prend plus de place, plus dense que sur les originaux. Les vestiges Punk se sont un peu effacés pour laisser place à une violence nouvelle et étrangement actuelle. Les musiciens qui accompagnent Tom G. Warrior ne se contentent pas de servir de backing band justement, ils ont assimilé ce qu’ils jouent et, sous l’impulsion de leur leader, donnent un second souffle à des œuvres de jeunesse qui demeurent encore aujourd’hui pertinentes.

En écoutant ce live, nous comprenons un peu ce que la scène extrême doit à CELTIC FROST et même à HELLHAMMER, dont les démos et l’unique EP étaient cultes et recherchés par de nombreux musiciens en quête de sensations fortes et de nouveautés au début des années 80 (quand bien même le public plus lambda s’en tamponnait gentiment l’oignon). Beaucoup d’éléments sont déjà présents, à commencer par ces ambiances oppressantes et noires, l’intensité qui se dégage de l’ensemble – bien que dopée ici. Mais retournez écouter "Demon Entrails" pour vous prendre une sacrée fange sur le coin de la tronche – ou tout simplement derrière la voix rugueuse de Warrior qui continue à être bien morbide malgré le poids des années. De ce groupe séminal est né un arbre aux ramifications multiples, un arbre d’une laideur repoussante, mais qui exerce une fascination indéfectible.

Face à un public qui ne cache pas son plaisir, le groupe déverse ces reliques qui prennent une sacrée ampleur, certainement trop heureuses d’être libérées et de pouvoir ramper sur le monde. Et là, c’est peut-être la fibre nostalgique qui parle, alors que je suis trop jeune (toutes proportions gardées) pour avoir connu le HELLHAMMER des origines, bien que j’ai dégusté les rééditions de cette formation par la suite. Nous savons instinctivement qu’il s’agit de trésors qui jusque là semblaient jalousement gardés aussi nous les dégustons comme des fruits murs à point, nous délectant de leur saveur, nous saoulant avec leurs jus fermentés.

Et pourtant, qu’est-ce que c’est primitif ! C’est simple, ça ne tergiverse pas longtemps, ça se veut radical et c’est ça qui est plaisant avec la musique de HELLHAMMER. Pas de chichi, pas de recherche du riff interminable répété jusqu’à la nausée, des soli concis et une section rythmique qui tabasse sévèrement sur scène (écoutez donc "Decapitator" et surtout ce "Blood Insanity" qui vous malaxe façon Mike Tyson sous amphétamines). Certains morceaux sont assez courts et délivrent une intensité folle, d’autres prennent un peu plus de temps mais ne déméritent pas, ils posent des ambiances un peu différentes, mais toujours nimbées de cette noirceur morbide.

Et donc, il y a Tom G. Warrior. Et il est tout simplement impressionnant. Il est le véritable maître de cérémonie et sa voix plus grave que sur les versions d’origine, toujours identifiable (en même temps, un type qui fait « huh » comme ça, ça ne court pas les rues), mais qui va rajouter différents petits ingrédients qui vont faire la différence, à commencer par une puissance née de la maîtrise de son organe. Et pourtant, il ne trahit pas les versions d’origine, il se les réapproprie pour les faire cohabiter au mieux avec celui qu’il est devenu. Sa prestation sur "Messiah" ou sur "Reaper" est excellente. Puis, il y a ce "Triumph Of Death", morceau de bravoure qui se rapprocherait de "Monotheist" avec ses forts relents Doom, où Fischer se fait plus sentencieux, nous écrasant littéralement de sa présence et de sa prestance.

HELLHAMMER était déjà culte, ce live va le rendre iconique. Ici, le line-up présent, sous la houlette d’un Tom G. Warrior se présentant comme l’unique rescapé de la formation d’origine et propulsé de facto figure tutélaire d’un avant-gardisme qui fait toujours mouche, ne va pas forcément réinventer l’aura de HELLHAMMER, mais il va le sublimer, lui donner ses lettres de noblesse en quelque sorte sans pour autant fissurer son statut particulier. Il n’y a plus de raison pour « oublier » qu’avant CELTIC FROST il y avait HELLHAMMER et qu’à travers lui se trouvent les racines de tous les mots. Le live de 2023 pour ma part.

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- Tom G. Warrior (chant, guitare)
- André Mathieu (guitare, chant)
- Jamie Lee Cussigh (basse)
- Tim Wey (batterie)


1. The Third Of The Storms (evoçked Damnation)
2. Massacra
3. Maniac
4. Blood Insanity
5. Decapitator
6. Crucifixion
7. Reaper
8. Horus/agressor
9. Revelations Of Doom
10. Messiah
11. Visions Of Mortality
12. Triumph Of Death



             



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